
Malgré l'accord obtenu par le Brésil et la Turquie sur l'uranium iranien, les cinq membres du Conseil de sécurité de l'ONU, et l'Allemagne, se sont mis d'accord, mardi 18, sur un projet de nouvelles sanctions contre Téhéran.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a examiné mardi un nouveau projet de sanctions pénalisant l'Iran pour son programme nucléaire, fruit d'un consensus entre les grandes puissances malgré un plan turco-brésilien présenté la veille pour éviter des sanctions.
"Nous avons enregistré un accord sur un projet fort (de résolution), avec la coopération de la Russie et de la Chine", a annoncé dans la matinée la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, au Sénat à Washington.
Le nouveau texte "est la meilleure réponse que nous puissions fournir aux efforts
entrepris à Téhéran ces derniers jours", a-t-elle martelé, qualifiant l'accord conclu lundi par l'Iran, la Turquie et le Brésil de simple tentative de "faire baisser la pression".
La résolution, d'inspiration américaine, a été soumise au Conseil de sécurité de l'ONU dans l'après-midi. Elle a pour base les trois précédentes sanctions et "leur ajoutera de la poigne", a résumé Philip Crowley, porte-parole du département d'Etat.
Le texte, dont l'AFP a obtenu copie, prévoit que l'Iran ne pourra investir à l'étranger dans certaines activités sensibles comme les mines d'uranium et que ses navires pourront être inspectés en haute mer.
Le projet interdit aussi la vente à l'Iran de huit nouveaux types d'armements lourds, notamment des chars.
L'Iran est soupçonné de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce qu'il dément.
La résolution constitue un nouveau coup de théâtre dans le bras de fer diplomatique entre la communauté internationale et l'Iran, après la signature lundi, à Téhéran, d'un accord qui paraissait avoir brisé la dynamique de nouvelles sanctions.
Cet accord prévoit l'échange en Turquie de 1.200 kilos d'uranium iranien faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kilos de combustible enrichi à 20% fourni par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire à finalité médicale de Téhéran.
Trois membres permanents du Conseil de sécurité --la Chine, la Russie et la France-- avaient jugé l'accord "positif".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et même Hillary Clinton, ont aussi évoqué mardi des points positifs, signalant ainsi que la nouvelle résolution de sanctions n'était pas incompatible avec la poursuite d'un dialogue avec Téhéran.
"Nous allons voir ce que fait l'Iran ces prochains jours et quelle sera sa réponse à l'AIEA" (Agence internationale de l'énergie atomique), a dit M. Crowley.
L'Iran a annoncé qu'il confirmerait son offre en écrivant cette semaine à l'AIEA. Téhéran avait rejeté une proposition similaire en octobre, invoquant un manque de garanties. La République islamique a ensuite commencé, en février, à produire de l'uranium enrichi à 20%.
L'accord conclu à Téhéran prévoit la poursuite de cet enrichissement, ce qui, a insisté Mme Clinton, ne peut se justifier si l'uranium iranien est enrichi à l'étranger.
Dans un communiqué, le président français Nicolas Sarkozy, qui est depuis des mois le soutien le plus déterminé de Washington dans ce dossier, a lui aussi estimé que l'offre de l'Iran devait "s'accompagner logiquement d'un arrêt de l'enrichissement à 20%".
Interrogé sur les tractations qui avaient permis de trouver un consensus entre les grandes puissances ces dernières heures, Philip Crowley a souligné que la poursuite prévue de l'enrichissement avait été l'élément décisif.
A l'ONU, les ambassadeurs occidentaux du Conseil (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne) ont tous insisté après la réunion sur le fait que l'offre d'échange de combustible, faite par l'AIEA en octobre et qui se trouve relancée par l'accord irano-turco-brésilien, n'était qu'une "mesure de confiance".
Elle n'a rien à voir avec "le fond du problème", qui est que l'Iran est depuis quatre ans "en violation des résolutions de l'ONU et de ses obligations internationales", a souligné l'ambassadrice américaine, Susan Rice.
Mais sa collègue du Brésil, Maria Luiza Ribeiro Viotti, a déclaré à l'AFP que son pays "ne participerait pas au débat" sur le texte au Conseil de sécurité "à ce stade, car il existe une nouvelle situation" née de l'accord Brésil-Turquie-Iran.