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Les autorités intensifient la pression sur les "chemises rouges"

La crise s'accentue en Thaïlande. Le gouvernement a annulé les élections législatives anticipées qui devaient se tenir en novembre. À Bangkok, des blindés ont été envoyés en renfort des forces de l'ordre contre les "chemises rouges".

Les autorités thaïlandaises ont décidé, ce jeudi, de passer à la vitesse supérieure. Après avoir annulé les élections législatives anticipées qui devaient se tenir en novembre, le gouvernement s’apprête à asphyxier le mouvement des "chemises rouges" en délogeant coûte que coûte les milliers de manifestants du quartier commercial de Rajprasong, à Bangkok, où ils campent depuis huit semaines.

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Avec Khattiya Sawasdipol, alias Seh Deng , le chef militaire des "chemises rouges"
Les autorités intensifient la pression sur les "chemises rouges"

"Le chef de l'armée royale thaïlandaise, le général Anupong Paojinda, qui a toujours traîné des pieds pour lancer un assaut sanglant, vient de donner son aval à cette opération", explique Cyril Payen, le correspondant de FRANCE 24 sur place.

À 18h heure locale, l’opération, qui a reçu pour nom de code le nom du quartier, "Rajprasong", a débuté, confirme le journaliste, qui ajoute que120 blindés arrivent sur la zone.

Très rapidement, des explosions et des tirs ont été entendus dans le centre de la capitale. Selon des sources médicales, plusieurs personnes ont été hospitalisées 30 minutes plus tard. Un militaire thaïlandais qui a choisi le camp des "chemises rouges", Khattiya Sawasdipol alias "Seh Daeng", a par ailleurs été touché par une balle à la poitrine, selon une infirmière de l'établissement Hua Chiew, où il a été hospitalisé.

Même si les manifestants se disent pacifistes, "cette crise, la plus grave que le pays ait connu depuis deux décennies, a déjà été sanglante. Tout peut déraper en quelques heures", analyse Cyril Payen.

Selon lui, l’armée, qui a envoyé 32 000 soldats supplémentaires sur place, devrait bientôt déployer des snipers aux alentours. L’armée se chargera également d'empêcher tout ravitaillement des insurgés en eau ou en nourriture. Le gouvernement prévoit en effet de couper l’électricité, les vivres et les moyens de communication téléphoniques dans le quartier afin d'isoler davantage encore les partisans de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra.

"L’inculpation de Thaugsuban suffirait à nous faire partir"

Ces mesures ne semblent pourtant pas inquiéter les manifestants. "Nous utilisons notre propre électricité, donc nous ne sommes pas dépendants des sources d'énergie publiques. Pour ce qui est de l'eau (…), si le gouvernement décide de la couper, cela affectera la moitié de la ville" dont des hôpitaux, des écoles et des ambassades, expliquait mercredi soir Jatuporn Prompan, l’un des leaders des "chemises rouges". 

Décidés à aller au bout de leur combat, les insurgés ont réaffirmé que l'inculpation du numéro deux du gouvernement n'était pas négociable et qu’elle suffirait à leur départ.

En début de semaine, les "chemises rouges" ont bloqué le processus de sortie de crise, engagé il y a dix jours, et ont exigé l'inculpation de Suthep Thaugsuban, qu'ils jugent responsable de la répression du 10 avril qui avait causé la mort de 25 personnes. Huit cents personnes avaient également été blessées dans ces affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants.