Berlin a annoncé, cette semaine, sa contribution pour le plan de sauvetage de la zone euro à hauteur de 148 milliards d’euros. Inquiets de la chute de la monnaie unique, les Allemands se prennent à rêver d'un retour au Deutsche Mark.
Dans les grands magasins allemands, les Deutsche Marks trouvent encore preneurs. La fragilité actuelle de l’euro suscite une certaine nostalgie dans le pays. Selon un sondage, plus de 59 % des Allemands se disent favorables à un éventuel retour de leur ancienne monnaie, en cas d’affaiblissement prolongé de l’euro.
Pourtant, la chancelière allemande Angela Merkel se veut rassurante. Elle a déclaré, cette semaine, que le plan de stabilisation de la monnaie unique de 750 milliards d'euros, mis sur pied par les pays européens, allait "renforcer et protéger l'euro". Berlin devrait y contribuer à hauteur de 148 milliards d’euros, mais ceci est loin d’apaiser ses concitoyens.
"L’Allemagne croule sous les dettes. Comment peut-on aider les autres à surmonter cette crise alors que nous sommes également touchés ?", commente une Berlinoise en train de faire ses courses. "Nous avons tellement de problèmes en Allemagne, il y a de plus en plus de pauvres. Il faudrait peut-être dabord penser à eux", rétorque une autre.
"Les pigeons de l'Europe"
La presse allemande ne voit pas non plus d’un bon œil cette contribution au plan. "Nous sommes une fois de plus les pigeons de l’Europe", titre le quotidien Bild. Le spectre de l’inflation plane en tout cas sur les Allemands et ravive des souvenirs douloureux, en particulier chez les seniors.
"On ne peut qu’espérer que cette crise n’aboutisse pas à une inflation tragique comme l’Allemagne l'a connue après la première guerre mondiale", indique un retraité.
L’inflation est encore sous contrôle, mais elle pourrait augmenter de 3 à 4 % avec des conséquences sur la reprise économique et le marché du travail.
"De nombreux Allemands ont le sentiment qu’ils ont moins d’argent dans leur porte-monnaie depuis l’introduction de l’euro et la crise actuelle ne fait évidemment que renforcer la méfiance vis-à vis de l’euro", estime pour sa part Daniel Goffart, journaliste au quotidien économique Handelsblatt.