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Haro sur Internet à Pékin

, correspondants en Chine – Les autorités chinoises renforcent encore leur contrôle du réseau Internet. La politique, Taïwan, le Tibet et... le porno sont dans la ligne de mire de Pékin qui a une lancé une campagne pour “moraliser" le Web.

“Page indisponible”, “connexion interrompue”… Depuis quelques jours, beaucoup de sites Internet ne sont plus accessibles en Chine. Résultat d’une nouvelle campagne menée en ce début d’année par les autorités chinoises et qui vise une nouvelle fois le réseau Internet.

Officiellement, il s’agit de “moraliser” l’Internet, mais sur les forums déjà on se défoule : “On nous empêche de nous exprimer”, “Il ne faut pas confondre morale et censure”, peut-on lire dans plusieurs messages publiés sur les forums de Sohu ou Sina.

Les autorités chinoises ont annoncé qu’elles renforçaient encore leur contrôle du réseau Internet. La politique, Taïwan, le Tibet et… le porno sont dans la ligne de mire des autorités.

Ce sont les deux moteurs de recherche les plus populaires de Chine, Google et Baidu, qui sont explicitement visés par la circulaire gouvernementale.

L'année de tous les dangers pour la Chine

Pourquoi ce nouveau raidissement des autorités ? Parce que l’année 2009 est une année de tous les dangers pour la Chine. On commémore les 20 ans du massacre de Tiananmen, les 30 ans de la naissance d’un mouvement pro-démocratique dans le pays et les 50 ans de la fuite du dalaï-lama du Tibet… Bref, autant d’occasion de manifester, ou plus simplement encore de s’exprimer. Sans compter la crise économique qui fournit un terreau favorable à la contestation.

Les forums internet sont l’un des rares lieux d’expression pour la jeunesse chinoise. Internet et ses 250 millions d’utilisateurs qui font de la Chine le premier pays au monde en termes de personnes connectées.

Malgré un semblant de relâche à la veille des Jeux Olympiques, beaucoup de sites sont redevenus infréquentables aujourd’hui. Et, le mois dernier encore, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a réaffirmé que le gouvernement avait “le droit de bloquer les sites contrevenant au droit chinois”. En clair Taïwan, le Tibet et les attaques visant le Parti communiste n’auront plus droit de citer sur Internet.

Utiliser Internet pour diffuser la bonne parole du Parti

La Grande Muraille de Chine existe également sur Internet. Essayez de taper “Tibet” ou “dalaï-lama” sur un moteur de recherche et vous serez automatiquement dirigés vers les sources officielles.

Mais Pékin sait également utiliser quand il le faut ce formidable terrain d’expression que constitue le Web. Le 23 janvier 2007, le président Hu Jintao avait annoncé la couleur : appelant les responsables du Parti communiste chinois à “étudier l'art et élever le niveau de la gouvernance en ligne et à utiliser activement les nouvelles technologies pour accroître la force de la propagande positive”. En clair, utiliser Internet pour diffuser plus largement la bonne parole du Parti. Ainsi à chaque tension politique, comme récemment encore entre Paris et Pékin, les forums Internet deviennent un défouloir anti-français.

C’est un réseau Internet à deux vitesses qui est en train de naître en Chine : un réseau encadré, censuré et brouillé d’un côté. Et un policé et officiel de l’autre.

La propagande chinoise a encore de beaux jours devant elle.