
Environ 2000 partisans de l'opposition ukrainienne pro-occidentale ont manifesté ce mardi, à Kiev, contre le rapprochement avec la Russie initié par le nouveau président, Viktor Ianoukovitch.
AFP - Environ 2.000 partisans de l'opposition pro-occidentale ukrainienne ont manifesté mardi au centre de Kiev contre le rapprochement avec la Russie entamé par le nouveau président Viktor Ianoukovitch, qui met à mal selon eux l'indépendance nationale.
Ce rassemblement à l'appel de l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko et de plusieurs autres partis d'opposition nationaliste et pro-occidentale près du Parlement fut moins important que ne l'espéraient les organisateurs.
"Ukraine!" ont-ils scandé à plusieurs reprises, brandissant des drapeaux bleu et jaune -- aux couleurs du pays -- et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "Ianoukovitch, on ne vend pas les parents et la patrie!" et "Ianoukovitch, arrête de vendre l'Ukraine!"
"Ils vendent tout: notre territoire, notre indépendance, notre identité", a lancé devant les manifestants Mme Timochenko. "Nous allons renverser ce pouvoir", a-t-elle promis.
A ses côtés, le leader du parti nationaliste Svoboda (Liberté), Oleg Tiagnybok, a accusé le chef de l'Etat de "renouveler l'Union soviétique" et de "se mettre à plat ventre devant Moscou".
"L'Ukraine est en danger. Ils ont donné une partie de notre souveraineté", a pour sa part accusé l'ex-chef de la diplomatie ukrainienne, Boris Tarassiouk.
"Je vous appelle tous à la résistance! Protégeons l'Ukraine, protégeons l'indépendance", s'est-il exclamé devant les manifestants.
Sous une pluie fine, des centaines de policiers antiémeute ont pris position autour du Parlement pour empêcher les opposants de s'y approcher et les séparer de plusieurs centaines de partisans du président réunis à proximité. Des barrières métalliques hautes de plus d'un mètre ont également été déployées.
Très calme, voire apathiques, les manifestants pro-Ianoukovitch exhibaient des banderoles sur lesquelles il était écrit: "Stabilité à l'Ukraine! Non aux provocations politiques de Timochenko!" et "Non aux révolutions!"
M. Ianoukovitch a succédé en février au fervent pro-occidental Viktor Iouchtchenko, dont les relations avec Moscou étaient au plus bas.
Cette manifestation intervient trois semaines après la signature surprise par M. Ianoukovitch d'un accord sur le prolongement de 25 ans du bail de la base navale russe en Crimée (sud de l'Ukraine), en échange d'une réduction de 30% du prix des livraisons de gaz russe.
La ratification de ce document au Parlement ukrainien avait été marquée par des tirs de fumigènes, volées d'oeufs, coups de poing et morsures entre les députés pro-présidentiels et ceux de l'opposition, qui ont dénoncé une haute trahison et tentaient sans succès d'empêcher le vote.
Quelques jours plus tard, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a jeté un pavé dans la mare en proposant de fusionner Gazprom, premier producteur mondial de gaz, et son homologue ukrainien Naftogaz, en difficulté. L'opposition ukrainienne a condamné cette initiative comme une menace pour la souveraineté du pays.
La conclusion de nouveaux importants accords de coopération entre Kiev et Moscou est attendue le 17 mai, à l'occasion d'une visite en Ukraine du président russe, Dmitri Medvedev.
Mardi, Mme Timochenko a promis que l'accord sur la flotte serait "dénoncé" lorsque l'opposition arrivera au pouvoir, affirmant que les nouveaux "documents anti-ukrainiens" devant être signés en mai donneront aux Russes le contrôle du nucléaire civil et de l'énergie électrique en Ukraine.
"Une fois que tout cela sera signé, nous n'aurons plus rien", a-t-elle lancé.