Les boîtes noires de l'Airbus du vol Rio-Paris qui s'est abîmé dans l'Atlantique le 1er juin 2009 ont été repérées avec une "incertitude de 5 kilomètres". Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) n'a pas encore "validé l'information".
REUTERS - Le ministère français de la Défense a défini, par une étude en laboratoire, une zone grande comme Paris où pourraient se trouver les "boîtes noires" du vol AF 447 Rio-Paris qui s'est abîmé dans l'Atlantique le 1er juin 2009.
Le général Christian Baptiste, porte-parole, a cependant lancé une mise en garde contre tout excès d'optimisme, en soulignant la difficulté de la tâche.
"La zone qui est localisée (...) est une zone qui correspond à peu près à la superficie de Paris, dans laquelle il faudrait trouver des objets de la taille d'une boîte à chaussures avec un relief sous-marin qui correspond à la cordillère des Andes", a-t-il dit jeudi à la presse.
Cette avancée permet de recentrer les recherches mais il n'y aucune certitude d'aboutir, a-t-il dit. On peut cependant espérer retrouver des débris importants de l'épave de l'Airbus A330, estime-t-il.
On ignore toujours l'origine de cet accident, qui a fait 228 morts. Une expédition avec deux navires spécialisés équipés de plusieurs sous-marins, financée par Air France et EADS, maison mère d'Airbus, était en cours et venait d'être prolongée mardi sur une nouvelle zone, beaucoup plus vaste.
La découverte, qui permet de retenir une zone située à 60 km à l'est de celle retenue initialement, a été faite après une nouvelle analyse informatique d'enregistrements recueillis le 1er juillet 2009 par le sonar du sous-marin nucléaire Emeraude, a précisé le général Baptiste.
Cette étude réalisée avec un nouveau logiciel, avec l'aide du groupe de défense Thales, a permis d'isoler le son émis par les balises couplées aux "boîtes noires" de l'appareil, son qui a cessé aujourd'hui. Les "boîtes noires" enregistrent les conversations du cockpit et les données techniques du vol.
Prudence du gouvernement
"Il faut rester extrêmement prudent", a souligné Luc Chatel, porte-parole du gouvernement. "D'abord parce que c'est une zone de localisation. Il faut ensuite voir s'il y a possibilité de récupérer ces boîtes noires, à quelle profondeur elles sont", a-t-il dit sur France Info.
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, se montre aussi prudent et dit dans un communiqué avoir été informé "qu'aurait été identifié un écho pouvant provenir des enregistreurs de vol du Rio-Paris AF 447".
De même, une porte-parole du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), organisme administratif qui conduit les investigations, a estimé qu'il faudrait "vérifier et valider cette information", une opinion partagée par Air France, qui se réjouit toutefois.
"Ces informations, si elles se confirment bien, sont une excellente nouvelle car elles constitueront un élément déterminant dans le processus des recherches et l'établissement de la vérité", dit la compagnie dans un communiqué.
Devraient être envoyés sur cette nouvelle zone les bâtiments qui recherchent actuellement l'épave, un navire américain, le "Anne Candies", et un Norvégien, le "Seabed Worker", dirigés notamment par un "chasseur d'épaves", Paul-Henri Nargeolet, ancien officier de marine français.
Ils ont déjà exploré, sans succès, avec trois drones sous-marins, deux robots et un sonar remorqué une zone de 2.000 km2 très accidentée, située à une profondeur de 1.800 à 3.800 mètres, où l'Airbus A330 aurait sombré.
Le BEA venait d'annoncer la prolongation de l'exploration en périphérie de ce secteur. Les deux premières campagnes de recherche avaient duré du 10 juin au 10 juillet, puis entre le 27 juillet et le 17 août. Le tout a coûté 22 millions d'euros.
Seuls des débris, dont l'empennage de l'avion, ont été repêchés, ainsi qu'une cinquantaine de corps. Les débris ont été stockés dans un centre de recherche à Toulouse.
L'hypothèse d'une défaillance des sondes "Pitot" de mesure de vitesse a été émise en raison d'incidents précédents. Le BEA l'a envisagée et a émis des recommandations.
Ces sondes fabriquées par Thales, qui pouvaient geler à haute altitude, ont été changées pour d'autres produits sur toute la flotte Air France après l'accident, à la demande des syndicats de pilotes.