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L'Europe touchée par le conflit gazier russo-ukrainien

Alors que Moscou et Kiev semblent disposés à reprendre les négociations, les pays européens multiplient les annonces déplorant une réduction du volume de gaz russe qui leur est habituellement livré. En France, la baisse s'élève à 70%.

Retrouvez l'analyse de Caroline de Camaret : "L'Europe frappée au cœur par la guerre du gaz" en cliquant ici.

AFP - Après les pays de l'est de l'Europe, la France a été à son tour touchée par le conflit gazier russo-ukrainien mardi, subissant une chute de 70% de ses approvisionnements en gaz russe, qui ne devrait toutefois pas affecter les consommateurs pour le moment.

GDF Suez a indiqué mardi avoir constaté une baisse "très importante", de plus de 70% "de ses livraisons de gaz naturel russe transitant par l’Ukraine".

Le groupe d'énergie franco-belge a cependant écarté tout risque pour le consommateur. "Toutes les mesures nécessaires sont prises pour assurer la continuité de fourniture de gaz naturel à l’ensemble des clients de GDF Suez en France et Europe", a-t-il assuré.

"Il n'y a pas eu de conséquences pour les clients du groupe. Tous ont été alimentés", selon une porte-parole.

Le gestionnaire du réseau français de transport de gaz GRTgaz a également déclaré que l'acheminement du gaz à destination des consommateurs était "normal".

Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Economie a aussi indiqué qu'il n'y avait "pas de problème à craindre pour le consommateur".

"GDF Suez affirme pouvoir faire face à la demande de gaz et n'a pas demandé aux pouvoirs publics d'intervenir", a-t-on remarqué dans l'entourage de Christine Lagarde.

GDF Suez fournit 97% des clients français, qui représentent 86% de la consommation de gaz naturel dans l'Hexagone. Les fournisseurs alternatifs de gaz, EDF, Altergaz et Poweo, n'étaient pas joignables mardi soir.

Le gaz russe représente environ 15% des approvisionnements de GDF Suez en Europe, souligne le groupe.

GDF Suez dit en outre posséder le "portefeuille d’approvisionnement le plus diversifié d’Europe avec neuf" grands fournisseurs: outre la Russie, la Norvège, les Pays-Bas, l'Algérie, l'Egypte, le Royaume-Uni, la Libye, le Nigeria et Trinité-et-Tobago.

Le groupe rappelle aussi avoir un "accès aux stockages" et "aux marchés de court terme", sans plus de précision.

La France dispose de 6,4 mds de m3 de stocks de gaz, selon l'Agence internationale de l'Energie.

La Russie a coupé le 1er janvier l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine, faute d'un accord sur son prix pour 2009 et sur des arriérés de paiement. Or Moscou fournit aux Européens 40% de leurs importations gazières, qui transitent à 80% par l'Ukraine.

L'annonce d'une baisse des livraisons de gaz russe en France a cependant créé la surprise mardi, le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, ayant affirmé le matin même que le conflit gazier russo-ukrainien "n'avait aucun impact sur les approvisionnements" de la France.

La veille, la ministre de l'Economie Christine Lagarde avait elle aussi estimé, à l'issue d'une rencontre avec un représentant du géant gazier russe Gazprom, que les approvisionnements français n'étaient "en aucune manière menacés".

En tournée européenne, le vice-président de Gazprom Alexandre Medvedev avait en effet assuré lundi que son groupe faisait tout "pour que ses clients ne souffrent pas" du différend entre Kiev et Moscou.

"Mais cela n'est pas facile dans les circonstances actuelles", avait-il ajouté.

Les réductions "substantielles" de gaz livré à plusieurs pays d'Europe centrale, en pleine vague de froid, constituent une situation "complètement inacceptable", ont estimé la présidence tchèque de l'Union Européenne et la Commission européenne.

Les pays d'Europe centrale, les plus dépendants, sont les plus touchés.

L'Autriche a vu ses livraisons chuter de 90%. En Pologne, les livraisons ne sont plus qu'à 15% de leur niveau habituel, en Slovaquie à 30%.