Shanghaï va vivre sous les couleurs de l'Exposition universelle jusqu'au 31 octobre. Pour cette édition, qui rassemble près de 190 pavillons, 40 milliards d'euros ont été déboursés. Plus que pour les Jeux olympiques de Pékin...
Pour ainsi dire, une ville dans la ville. Le site de l’Exposition universelle de Shanghaï, qui ouvre le 1er mai pour une durée de six mois, s’étend de part et d’autre du fleuve Huangpu. Il couvre une superficie de 5,3 km², soit deux fois la principauté de Monaco. C’est justement le thème de la ville qu’ont choisi les organisateurs de l'événement. Avec cet intitulé : "Meilleur vie, meilleur ville", les pays étaient invités à une réflexion sur la civilisation urbaine à l’heure du développement durable et des technologies de pointe.
Participation : 189 pays, un record. Les organisateurs ont annoncé au dernier moment le retrait du Bhoutan, du Koweït et du Burkina Faso.
Visiteurs attendus : 70 à 100 millions, dont 5 % seulement seront étrangers. Une centaine de chefs d'Etat ou de gouvernement et têtes couronnées sont annoncés.
Budget : La municipalité de Shanghaï a dépensé 43,5 milliards d’euros, investissements indirects compris, selon les médias d'Etat.
Tickets : Vendus au prix moyen de 160 yuans (17,4 euros).
Superficie : Les deux sites de l’Expo s’étendent sur 5,3 km², soit plus de deux fois la taille de la principauté de Monaco.
Fréquence : Les Expositions universelles sont organisées tous les cinq ans. La dernière a eu lieu en 2005 à Aichi, au Japon. Entre-temps peuvent avoir lieu des "Expositions internationales" de moindre envergure, comme celle de Saragosse (Espagne) en 2008.
Quelque 189 pays ont répondu à l’appel et présentent, comme le veut la tradition, un pavillon national dont ils font la vitrine de leurs valeurs, culture et réalisations. Dès le 1er mai, les internautes pourront faire une visite virtuelle de l’Exposition. Le site officiel permettra de découvrir la plupart des bâtiments - avec des instructions dispensées en français - et de se créer un avatar pour se promener sur le site, chatter en ligne et jouer à bâtir une ville du futur. Pas inutile puisque les organisateurs tablent sur une écrasante majorité de visiteurs chinois (95 %).
La "Place de l'axe du mal"
Tandis que l’Espagne et la France ont misé sur un mélange de tradition et de modernité - avec notamment un nourrisson ibérique géant animé et sept chefs d’œuvre prêtés par le Musée d’Orsay -, le Royaume-Uni a joué la carte du contemporain. Son pavillon tout en tiges d’acrylique captant la lumière, conçu par l’architecte Thomas Heatherwick, a remporté les suffrages des visiteurs lors des journées-test, si l’on en juge par le nombre de photographes. D'autres pays plus petits, comme Israël, se sont laissé convaincre de participer à l'Expo pour la première fois malgré les difficultés financières provoquées par la crise.
L’un des lieux de l’Exposition, où se dressent côte à côte les pavillons de la Corée du Nord et de l'Iran, est déjà surnommé la "Place de l'axe du mal". Cette Exposition universelle présente en effet la particularité d'accueillir nombre d'alliés de la Chine, comme, outre l'Iran et la Corée du Nord, la Birmanie ou le Soudan. Le pavillon américain est d'ailleurs à l'opposé du site, celui de la Chine - une pyramide inversée de couleur rouge - se trouve au milieu.
{{ scope.legend }}
© {{ scope.credits }}Révélant le caractère éminemment politique de l'événement, de nombreux chefs d'Etat étrangers, comme le président français Nicolas Sarkozy, le Sud-Coréen Lee Myung-bak et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, sont attendus sur les rives du fleuve Huangpu, illuminées par des feux d'artifice, pour la cérémonie d’ouverture. Deux ans après les Jeux olympiques de Pékin, la Chine entend bien renouveler la démonstration de sa puissance économique. Et perçoit dans cette Exposition universelle le moyen d’améliorer ses relations écornées avec certains pays et d’intensifier ses échanges commerciaux.
Shanghaï métamorphosée
Pour l'occasion, Shanghaï dans son ensemble s'est métamorphosée, avec de nouvelles lignes de métro, la construction de réseaux routiers et un réaménagement du mythique Bund, une promenade de 2 km. Selon les médias locaux, la ville a dépensé 400 milliards de yuans (40 milliards d'euros) dans les infrastructures. Ce qui en fait, et de loin, l’Exposition universelle la plus chère de l’Histoire.
Certains Chinois se demandent toutefois pourquoi leur pays, en proie à un creusement des inégalités et à d’importants problèmes environnementaux, a choisi de consacrer une telle somme pour un événement qui a perdu beaucoup de lustre depuis sa création au XIXe siècle.