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Levée de boucliers contre la loi sur l'immigration promulguée en Arizona

Pour nombre d'associations et de responsables politiques, la loi sur l'immigration promulguée vendredi en Arizona légalise le délit de faciès. Dimanche, des milliers de personnes ont défilé à Phoenix pour demander le retrait du texte.

AFP - Des milliers de personnes ont défilé pacifiquement dimanche à Phoenix, la capitale de l'Arizona (sud-ouest des Etats-Unis), pour dénoncer la loi très controversée sur l'immigration, promulguée vendredi par la gouverneur de l'Etat frontalier du Mexique.

Des images des chaînes de télévision montraient le défilé de manifestants, hispaniques pour beaucoup, convergeant vers la place du Capitole de la ville, où plusieurs orateurs ont pris la parole pour dénoncer la loi très répressive signée vendredi par la gouverneur républicaine Jan Brewer.

Cette loi autorise la police à arrêter des suspects, en cas de "doute raisonnable", pour le seul motif qu'ils sont soupçonnés d'être entrés illégalement aux Etats-Unis, même en l'absence d'un autre délit présumé. Pour beaucoup d'opposants, elle légalise de fait le délit de faciès.

"Nous sommes des êtres humains", "Stop à l'injustice, stop au délit de faciès", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, dont certains martelaient "Jan Brewer, écoute-nous, nous entrons dans la lutte".

Sur l'antenne locale de la chaîne américaine d'expression espagnole Univision, le parlementaire démocrate de l'Illinois Luis Gutiérrez, l'un des orateurs de la manifestation, a rappelé que "la loi n'entrera pas en vigueur avant 90 jours. Pendant ces 90 jours, moi et d'autres, nous allons multiplier les actes de solidarité. C'est pour cela que nous sommes ici aujourd'hui".

Le parlementaire démocrate de l'Arizona Raul Grijalva, grand pourfendeur de la loi, ainsi que le maire de Phoenix Phil Gordon, également opposé au texte, faisaient aussi partie des manifestants.

Sur la chaîne CNN, l'un des manifestants, Jose Acosta, faisait part de ses craintes quant au flou de la loi. "Qu'est-ce qu'un +doute raisonnable+ ? Est-ce qu'on sera arrêté parce qu'on a un phare cassé, ou à cause de la couleur de notre peau ?", a-t-il demandé.

Pendant le week-end, plusieurs personnalités politiques, tel le maire de New York Michael Bloomberg ou le militant des droits civiques Al Sharpton, sont venus grossir les rangs des opposants au texte, jugé "irresponsable" vendredi par le président Barack Obama.

Dimanche, Al Sharpton a déclaré à New York: "Nous avons l'obligation morale de nous dresser contre le délit de faciès en Arizona. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas un combat de minorités, c'est un combat pour la justice pour tous".

Il a annoncé qu'il organiserait des marches dans l'Arizona. "Nous ferons venir des gens de tout le pays, des manifestants de la liberté. Nous marcherons dans les rues sans papiers d'identité et on se laissera arrêter", a-t-il dit.

"Quelle différence y a-t-il entre nous, un Mexicain, un Asiatique ou quiconque d'autre ?", a-t-il lancé.

Le Mexique a condamné la loi samedi, assurant qu'elle constituait "un obstacle pour résoudre les problèmes communs (au Mexique et aux Etats-Unis) dans la région frontalière mais aussi dans tout l'Amérique du Nord".

Les gouvernements de trois pays d'Amérique centrale, le Salvador, le Honduras et le Guatemala, qui compteraient au total cinq millions de ressortissants aux Etats-Unis, ont également critiqué le texte, qui selon eux "persécute" les immigrés.

On estime à 460.000 le nombre d'immigrés sans papiers vivant en Arizona.