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Le Sud-Soudan : un nouveau Darfour ?

Le Sud-Soudan est au bord de l'implosion après les élections générales et avant le referendum d'autodétermination prévu en 2011. La consultation risque de mettre le feu aux poudres. Enquête de nos envoyés spéciaux, Karim Hakiki et Melissa Bell à Juba, la capitale du Sud-Soudan.

De Juba (Sud-Soudan), il faut rouler une bonne heure pour rejoindre Lokie. un petit village posé sur le bord du Nil. Ses habitants, les Mundari sont éleveurs. Ils vivent depuis des siècles de la viande et du lait de leur troupeau de vaches. Et depuis des siècles, ils sont en guerre contre la tribu voisine des Baris pour une histoire de vaches.

A l'entrée du village, un bureau de vote à ciel ouvert. Trois urnes sont posées par terre. Elles sont pleines. Les Mundari ont voté.

Ce jour-là, les observateurs de la fondation Carter ont fait le voyage depuis Juba. Un peu tard pour contrôler le déroulement des élections. Tout est fini. Après un rapide coup d'œil, la responsable de l'ONG demande si les urnes sont mises a l’abri la nuit.

Stupéfaction générale des villageois qui répondent en cœur : eh bien la nuit ,les urnes restent dehors!

Comme ailleurs au Soudan, ces premières élections démocratiques multipartites ne se déroulent pas tout à fait comme prévu... Du nord au sud, les observateurs soudanais et internationaux ont relevé des irrégularités.

Le sud du pays n'y a pas échappé. Cette province est autonome depuis 2005. Mais pour les Mundari rien n’a changé. Très loin de Khartoum et des enjeux politiques des élections, les Mundari n'espèrent qu'une chose, que la guerre cesse avec leurs ennemis ancestraux, les Bari.