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Accusé de violences sur des enfants, un évêque offre sa démission à Benoît XVI

Nouveau scandale au sein de l'Église catholique. Accusé d'avoir battu des élèves dans un orphelinat du sud de l'Allemagne, entre 1975 et 1996, Mgr Walter Mixa (photo), âgé de 68 ans, a demandé au pape à être démis de ses fonctions épiscopales.

AFP - Un des évêques catholiques allemands les plus controversés, Mgr Walter Mixa, a présenté sa démission après avoir été accusé d'avoir frappé des enfants, pour permettre à son diocèse de tourner la page.

L'évêque d'Augsbourg (sud de l'Allemagne), accusé depuis fin mars d'avoir battu d'anciens élèves d'un orphelinat catholique, a demandé à être démis des ses fonctions épiscopales, dans une lettre au pape mercredi soir, a annoncé jeudi son évêché.

Mgr Mixa, 68 ans, avait d'abord nié avoir commis tout acte de violence sur des enfants avant d'admettre avoir bien distribué quand il était prêtre "une ou deux gifles il y a 20 ou 30 ans" à une époque où "c'était complètement normal".

Privé du soutien de la direction de l'Eglise catholique allemande, il était aussi sous la pression d'une opinion publique et de responsables politiques déjà sous le choc de récentes révélations en série d'anciens abus sexuels commis par des religieux.

"Avec sa démission, il veut veiller à éviter d'autres préjudices à l'Eglise" et "permettre un renouveau", indique dans un communiqué le secrétariat de l'évêché d'Augsburg.

"J'ai et j'ai toujours eu conscience de mes propres faiblesses" en "40 ans de prêtrise et 14 années de service épiscopal", déclare l'évêque qui réitère sa demande de pardon pour "l'injustice" et la "peine" causés.

Accusé par d'anciens élèves de l'orphelinat catholique de Schrobenhausen (sud) de violences physiques de 1975 à 1996, alors qu'il était prêtre dans cette commune, Mgr Mixa, qui est aussi aumônier de l'armée allemande, avait attendu mardi dernier pour demander pardon.

Dès le lendemain, le président de la conférence épiscopale allemande, Robert Zollitsch, lui avait suggéré de faire "une pause", un cas sans précédent dans l'histoire de l'Eglise catholique du pays, à en croire la presse allemande.

Certains témoignages sur les châtiments corporels reprochés à Mgr Mixa vont plus loin que la version de la simple gifle et l'accusent de coups de bâton.

Les accusations portent aussi sur des détournements de fonds à l'orphelinat, à l'époque où Mgr Mixa était responsable de la fondation de cette institution.

"C'est un soulagement pour l'Eglise catholique en Allemagne, c'était tout de même devenu un lourd fardeau", a réagi Alois Glück, président du comité central des catholiques allemands, qui défend leurs intérêts dans la société.

M. Glück considère que la demande de démission de Mgr Mixa sera acceptée par le pape Benoît XVI: "toute autre chose serait inimaginable".

En attendant la décision du pape, Mgr Mixa a annulé tous ses rendez-vous publics mais reste officiellement évêque.

Habitué des propos incendiaires et connu pour ses positions conservatrices, Mgr Mixa avait, en février, attribué à "la soi-disant révolution sexuelle" des années 1960-70 un rôle dans le scandale de pédophilie dans l'Eglise.

Celui qui avait établi des parallèles entre l'avortement et l'Holocauste, avait suscité à nouveau la polémique en 2009 en en assénant que les crimes nazis prouvaient que "la pratique de l'athéisme" était inhumaine.

En 2007, il s'était insurgé contre l'augmentation prévue du nombre de crèches, une politique visant, selon lui, à réduire les femmes "à des machines à procréer".

La même année, il s'était attiré les foudres de l'ambassadeur d'Israël à Berlin pour avoir comparé la situation des Palestiniens dans les territoires occupés à celle des Juifs dans les ghettos de Varsovie pendant la seconde guerre mondiale.

Mgr Mixa s'est défendu d'avoir voulu minimiser l'extermination des six millions de juifs par les nazis.