Les Japonais raffolent de ce poisson menacé d’extinction. Malgré la pression internationale, le Japon a réussi à repousser l’interdiction de la pêche du thon rouge. Des marchés de Tokyo aux ports de pêche traditionnelle, FRANCE 24 a enquêté sur un pays tiraillé entre impératifs écologique et goûts de ses consommateurs.
Fin Mars, après une intense campagne de lobbying, le Japon a obtenu que le commerce du thon rouge de Méditerranée et de l’Atlantique Est ne soit pas suspendu. Les enjeux étaient décisifs pour ce pays qui consomme 80% du thon rouge pêché dans le monde.
Or c’est avant tout la grande distribution qui profite du maintien de cette pêche. En achetant d’énormes quantités de thon rouge - dont une partie est stockée dans de gigantesques congélateurs en attendant d’être commercialisée -, elle parvient à assurer un approvisionnement constant et des prix bas. C’est ainsi que le thon rouge est passé au Japon du statut de mets de fête à celui de poisson de consommation courante.
Pourtant, cette démocratisation du thon rouge est loin de ravir tout le monde sur l’archipel. Afin de réduire les coûts, la grande distribution ou les grandes entreprises de pêche s’approvisionnent de plus en plus fréquemment auprès des pêcheurs. Une partie croissante du commerce de thon rouge ne transite donc plus par les grands marchés au poisson et les négociants voient leurs chiffres d’affaires baisser.
Du côté des pêcheurs aussi, les inquiétudes se font de plus en plus fortes. Notamment auprès des pêcheurs qui utilisent des méthodes traditionnelles, telle la pêche à la palangre. La pêche industrielle au filet dépeuple les mers et ils rencontrent de plus en plus de difficultés à capturer des thons rouges. A cela s’ajoute la baise du prix d’achat du poisson qui menace, là aussi, leurs revenus.
Mais les autorités japonaises cherchent aussi des solutions. Inquiètes du faible taux d’autosuffisance alimentaire du pays, elles investissent depuis des années dans la recherche. C’est ainsi qu’une université japonaise a été la première à parvenir à élever des thons rouges en cycle complet, depuis l’œuf jusqu’à l’âge adulte. Une solution qui pourrait permettre de réduire la pêche industrielle qui participe à la raréfaction de l’espèce.
Pour l’heure, cependant, les capacités du centre d’alevinage restent bien inférieures à l’appétit de l’archipel en thon rouge.