logo

Flambée de violence, l'état d'urgence décrété

Selon l'opposition, près de 100 personnes sont mortes lors d'une manifestation anti-Bakiev. Le ministre de l'Intérieur aurait été tué. Les opposants ont pris le contrôle du Parlement, situé tout près de la présidence.

{{ scope.counterText }}
{{ scope.legend }}
{{ scope.counterText }}
i

{{ scope.legend }}

© {{ scope.credits }}

C’est à un pouvoir à la dérive que les manifestants tentent de mettre fin ce mercredi au Kirghizstan, où le Parlement a été pris d’assaut, l’état d’urgence décrété et où des rumeurs circulent sur la mort du ministre de l’Intérieur, Moldomoussa Kongantiev. Il aurait été tué lors des heurts entre la police et des opposants qui ont déjà fait une cinquantaine de morts selon un membre des services de secours ayant requis l'anonymat.

L’opposition avait appelé ses militants à manifester dans tout le pays mercredi. Elle

Le sort du ministre de l'Intérieur incertain (AFP)

"Le ministre de l'Intérieur Moldomoussa Kongantiev est mort de ses blessures" à Talas (nord-ouest), a affirmé une source au sein du ministère de l'Intérieur sous couvert d'anonymat. Plusieurs médias indépendants du pays et des ONG ont aussi annoncé sa mort. Toutefois, un porte-parole du ministère de l'Intérieur, Rakhmatoullo Akhmedov, a démenti ces informations, ajoutant que le ministère tentait de déterminer si le ministre était aux mains des opposants.

Plus tôt, des médias locaux avaient indiqué que le ministre et le premier vice-Premier ministre du Kirghizstan, Akylbek Japarov, étaient retenus en otage à Talas. M. Kongantiev aurait été passé à tabac, selon ces sources.

réclame le départ du président Kourmanbek Bakiev, porté au pouvoir par une révolution en mars 2005, mais qui a vite renoué avec les anciens usages népotiques, attribuant avantages économiques et postes à responsabilités aux membres de sa famille. Il a été réélu en 2009 à la faveur d’une présidentielle entachée d’irrégularités selon les observateurs européens.

Des premiers incidents se sont produits dans la matinée à Bichkek, la capitale, lorsque la police a tenté de disperser des manifestants rassemblés près du siège de l'opposition. Les forces de l'ordre ont dû alors battre en retraite.

Tirs à balles rélles sur les manifestants

Les violences ont réellement éclaté en début d’après-midi, alors que les manifestants - entre 3 000 et 5 000 personnes - étaient en marche vers la présidence. Des policiers ont répliqué en tirant sur la foule avec des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes, alors que des tireurs d'élite étaient postés sur le toit de la présidence. Les forces de l'ordre ont aussi ouvert le feu sur des manifestants qui s'étaient rassemblés autour du siège des services spéciaux, le GSNB (ex-KGB). Tandis que ces heurts avaient lieu, le Premier ministre Daniyar Oussenov décrétait l'état d'urgence dans tout le pays.

Difficile pour l'instant d'établir un bilan. Un membre des services de secours cité par Reuters évoque une cinquantaine de morts alors que l'opposition affirme que les heurts dans la capitale ont causé la mort de 100 manifestants. Le ministère de la Santé avance les chiffres de 40 morts et 400 blessés. La plupart des victimes ont été tuées par balles, a précisé à l'AFP une responsable du ministère de la Santé, Larissa Katchibekova.

Dans la soirée, les manifestants ont pris le contrôle du Parlement, situé à quelques dizaines de mètres de la présidence. Par ailleurs, l’AFP a constaté que le rez-de-chaussée du siège du bureau du procureur était en feu.

Des milliers de manifestants, dont un grand nombre armés de bâtons et de pierres, étaient toujours en fin de journée aux abords de la présidence et sur la place centrale de la ville à quelques mètres de là.

L'incertitude règne sur le sort du ministre de l'Intérieur, Moldomoussa Kongantiev. Une source au ministère, des médias indépendants et des ONG assurent qu'il a été tué à Talas (nord-ouest) lors de heurts, mais un porte-parole du ministère a démenti.

Appels au calme

Un dirigeant de l'opposition, Temir Sariev, a, de son côté, déclaré mercredi à la radio indépendante Azattyk avoir participé à des pourparlers avec le Premier ministre, assurant qu'un "accord est intervenu entre les parties : que les autorités cessent de tirer sur les citoyens, et que soient libérés les chefs de l'opposition arrêtés". Il a annoncé un peu plus tard à Reuters se rendre au siège du gouvernement pour s’entretenir cette fois avec le président. Aucune information n’est encore sortie de cet entretien.

La Russie et les Etats-Unis, qui disposent chacun d'une base militaire dans l'ex-république soviétique, ont appelé au calme.

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a par ailleurs appelé le gouvernement et l'opposition à chercher le dialogue pour mettre fin aux affrontements. La chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, a, elle, appelé "toutes les parties à faire preuve de retenue et à reprendre immédiatement le dialogue".

Tags: Kirghizstan,