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Alors que l'Union européenne appelle à la continuité de l'acheminement de gaz vers l'Europe, le géant russe Gazprom a affirmé chercher des voies alternatives pour ne plus dépendre de l'Ukraine, pays dont il a coupé la fourniture de gaz.

AFP - Une première baisse de l'arrivée de gaz en Union européenne en provenance de Russie via l'Ukraine a été constatée vendredi, alors que le géant russe Gazprom a annoncé chercher des itinéraires alternatifs d'acheminement de l'or bleu vers l'ouest.

La Hongrie a vu ses livraisons réduites de 10 millions de mètres cube, par rapport aux 42 millions prévus dans son contrat, a indiqué la Commission européenne dans un communiqué.

La Pologne a de son côté signalé une baisse de 6% des livraisons reçues par rapport aux volumes contractuels, un chiffre confirmé par la Commission.

Néanmoins cette baisse est compensée par des livraisons via le Bélarus et n'est pas ressentie par les consommateurs, selon l'opérateur des gazoducs polonais Gaz-Systema.

La Russie a coupé jeudi l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine faute d'un accord sur le prix des livraisons pour 2009 et sur des arriérés de paiement, faisant craindre une répétition du scénario de 2006.

Un différend russo-ukrainien avait à l'époque perturbé l'approvisionnement de plusieurs pays de l'UE et Moscou avait accusé les Ukrainiens de prélever pour leur usage du gaz destiné à l'Europe.

Le géant russe Gazprom a indiqué qu'il cherchait d'autres voies de transit pour ne plus dépendre de l'Ukraine.

"Nous pensons qu'il est nécessaire de développer, dès que possible, des itinéraires alternatifs et nous espérons que l'Europe prendra toutes les mesures nécessaires pour soutenir la réalisation de ce projet", a déclaré vendredi à la BBC le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev.

M. Medvedev doit entamer une tournée des capitales européennes pour exposer son point de vue sur la crise gazière russo-ukrainienne.

Il se rendra samedi à Prague, parmi d'autres étapes envisagées figurent Londres, Paris, Vienne, Bruxelles et Berlin, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la compagnie.

But du voyage: "rencontrer la presse et les autorités", a-t-il expliqué.

Une délégation ukrainienne pilotée par le ministre de l'Energie Iouri Prodan a aussi entrepris vendredi une tournée européenne pour donner son point de vue sur le différend.

"L'objectif principal de la tournée est d'apporter les explications nécessaires aux pays membres de l'UE sur la situation du transport du gaz russe vers l'Ukraine et les pays de l'UE, de donner des garanties sur le transit par le territoire ukrainien", a indiqué un communiqué de la présidence ukrainienne.

A Prague vendredi, les émissaires ukrainiens ont rencontré le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek avant de partir pour Bratislava, où ils ont demandé l'appui de l'UE dans les négociations avec la Russie, selon le ministère slovaque de l'Economie.

Ils ont ensuite gagné Berlin où ils ont discuté dans la soirée avec de hauts responsables allemands, a-t-on appris de source proche des entretiens.

De son côté, la présidence tchèque de l'UE a appelé dans un communiqué "à une solution urgente à la dispute commerciale entre la Fédération de Russie et l'Ukraine, et une reprise immédiate des livraisons complètes de gaz aux pays membres de l'UE".

Gazprom a accusé vendredi l'Ukraine de prélever du gaz russe transitant vers l'Europe, une allégation démentie par la compagnie d'Etat ukrainienne Naftogaz qui a à son tour accusé la Russie de ne pas avoir livré le volume nécessaire devant transiter par le territoire ukrainien vers l'UE.

Gazprom a déjà durci sa position vis-à-vis de Kiev après lui avoir coupé le gaz jeudi à 07H00 GMT faute de signature d'un nouveau contrat pour l'approvisionnement de l'Ukraine avant la date limite du 31 décembre.

La société russe réclame désormais le "prix européen" de 418 dollars pour 1.000 m3 de gaz pour livrer cet hydrocarbure à l'Ukraine, cette dernière ayant rejeté la proposition russe d'un tarif réduit de 250 dollars.

Naftogaz s'est dit prêt à payer 235 dollars et réclamait une hausse de 1,7 à 1,8 dollar du prix du transit de 1.000 m3 de gaz sur 100 km à travers l'Ukraine.

Gazprom réclamait le paiement de plus de deux milliards de dollars de dettes ukrainiennes, et la société des hydrocarbures Naftogaz n'a remboursé qu'environ 1,5 milliard de dollars.

Les entreprises Gazprom et Naftogaz ont assuré être prêtes à reprendre les négociations, tout en s'accusant mutuellement d'en empêcher la reprise.