Après la musique et le cinéma, le secteur du livre se met au Web participatif. Sur editionsdupublic.com, les internautes misent sur un manuscrit proposé par d'autres. Les manuscrits affluent, reste à trouver des lecteurs et des investisseurs...
Le Salon du livre de Paris, fin mars, a connu une baisse de fréquentation cette année, mais n’a pas fait que des malheureux. La grand-messe des éditeurs de livre a permis à un nouveau-né du marché du livre, les "éditionsdupublic.com", de faire son nid. En démarchant les lecteurs et auteurs potentiels qui déambulent au Salon, porte de Versailles, l’équipe du site a trouvé pas moins de 30 écrivains en devenir qui ont déposé leurs manuscrits dans l’espoir d’être publié par editionsdupublic.com.
Cette toute nouvelle maison d’édition en ligne reprend l’idée déjà rodée par les accros de musique (via mymajorcompany.com) ou les aspirants cinéastes (voir peopleforcinema.com): faire financer son projet par une communauté d’internautes. Cette fois, il s’agit de miser 11 euros dans un manuscrit, qui, s’il recueille 2 000 investisseurs, sera publié. C’est le principe du "crowdfunding".
Les éditions Alphée ont lancé une collection Editeurs et auteurs associés, où les mises sont plus élevées que chez les éditionsdupublic.com (24 euros) mais où le nombre d’internautes-investisseurs à atteindre est plus bas (1 000, au lieu de 2 000 pour les éditionsdupublic.com).
Le site belge Sandawe propose d’éditer des bandes dessinées depuis le mois de janvier.
Il faut également citer, pour la littérature anglophone, le site d'édition participative Authonomy (adossé à Harper Collins).
Aux nombreux manuscrits qui sont tombés sous le couperet des maisons d’édition traditionnelles et qui sont tentés par le Web, le comité de lecture de la toute nouvelle maison ouvre grand ses portes. "Nous refusons tous les textes qui sont excessifs – concernant la religion, la xénophobie ou la pédophilie par exemple, précise Philippe Chauveau, PDG des éditionsdupublic.com. Nous jugeons aussi du style. Mais l’idée est de permettre à tous ceux qui veulent écrire, de trouver un lectorat." Le site espère également attirer de jeunes auteurs, qui ont déjà signé chez un éditeur et qui souhaiteraient découvrir une autre façon d’être lus…
La différence par rapport à une publication à compte d’auteur ? "Tout le monde ne peut pas se permettre de financer son livre de la sorte. Et ici, vous avez le succès d’estime des lecteurs."
Pas de diffusion en librairies
Une fois la barre des 2 000 internautes-coéditeurs franchie, les editionsdupublic.com ne promettent pas une diffusion en librairie. Ils s’engagent seulement à envoyer un exemplaire du livre aux 2 000 internautes qui auront soutenu financièrement le manuscrit et à toutes les librairies qui passeraient des commandes fermes. Pas question de reprendre les invendus, comme c’est l’usage pour les circuits traditionnels de l’édition. À défaut de proposer un véritable réseau de distribution, le site valorise le concept de "véritable communauté", où les lecteurs peuvent "entretenir un rapport privilégié avec l’auteur".
Au-delà des grands principes vertueux du Web 2.0, Philippe Chauveau mène sa barque en connaissance de causes. Il dirige par ailleurs une maison d’édition et de presse déjà bien établie, les éditions PC. Et il espère, avec cette nouvelle fenêtre sur l’édition, se faire connaître sous un jour nouveau sur le marché du livre. En lançant un prix du livre plébiscité sur le Web par exemple. Philippe Chauveau envisage de remettre cette récompense littéraire une semaine avant le prochain Salon du livre, au printemps 2011, et de nouveau, attirer les auteurs avides de reconnaissance littéraire…