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Barack Obama élargit les zones de forage pétrolier et gazier en mer

Le président américain s'est résolu à ouvrir de nouveaux forages offshore, provoquant l'ire des écologistes. En échange, il espère obtenir le soutien des républicains lors du vote d'un texte portant sur la lutte contre le réchauffement climatique.

AFP - Barack Obama a annoncé mercredi l'ouverture de nouvelles zones à l'exploration pétrolière et gazière au large des côtes, affirmant que ce choix "difficile", qui a provoqué la colère des écologistes, répondait à la nécessité d'assurer l'indépendance énergétique des Etats-Unis.

Assorti de mesures symboliques comme le doublement annoncé du nombre de véhicules "hybrides" essence-électricité et l'usage accru de biocarburants par l'armée, ce plaidoyer pour davantage de forages est intervenu bien que M. Obama ait fait du développement d'énergies "vertes" l'une des pierres angulaires de sa politique économique.

Lors d'une allocution dans la base militaire d'Andrews (Maryland, est), à 15 km au sud-est de Washington, M. Obama a assuré que tenter d'accéder à des zones pétrolifères dans les eaux territoriales américaines, comme il l'avait évoqué lors de sa campagne électorale en 2008 puis son discours sur l'état de l'Union fin janvier, devait permettre d'effectuer un passage en douceur vers de nouvelles sources d'énergie.

"A court terme, pendant que nous effectuons une transition vers des énergies plus propres, il nous faut prendre des décisions difficiles sur l'ouverture de nouvelles zones en mer pour le développement (de l'exploitation) pétrolière et gazière tout en protégeant les zones habitées et les côtes", a précisé le président.

Parmi les zones concernées figurent le large des côtes de Virginie (est) et de nouvelles parties du golfe du Mexique (sud). En revanche, d'autres régions sensibles comme la baie de Bristol en Alaska (nord-ouest) et l'ensemble de la côte Pacifique, notamment la Californie, ne seraient pas concernées.

"Etant donné nos besoins en énergie, pour soutenir la croissance économique, créer des emplois et faire en sorte que nos entreprises restent compétitives, il va nous falloir maîtriser des sources de carburant traditionnel, tout en augmentant la production d'énergies renouvelables", a insisté le président, devançant les critiques des écologistes qui n'ont pas tardé à pleuvoir.

Pour Greenpeace, cette décision renforce la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de l'essence. "Etendre la prospection en mer à des zones qui avaient été protégées depuis des décennies menace nos océans (...) de marées noires dévastatrices", a assuré le groupe.

Se disant "très déçu", le directeur du puissant Sierra Club, Michael Brune, a de son côté affirmé que "forer sur nos côtes ne va pas faire diminuer les prix de l'essence ou assurer une indépendance énergétique", tout en mettant l'environnement en danger.

L'annonce de M. Obama a aussi provoqué le malaise dans son propre camp démocrate, le sénateur du New Jersey (est) Frank Lautenberg remarquant que "forer au large de la Virginie mettrait en danger nombre de plages et la prospérité d'agglomérations côtières".

Lors de son discours, M. Obama a aussi tenté de répondre à ceux qui estimeraient que les Etats-Unis ne vont "pas assez loin". "Nous avons moins de 2% des réserves mondiales de pétrole; nous en consommons plus de 20%", et forer à tout va n'est pas la panacée, a-t-il reconnu.

Ses adversaires du "ticket" républicain lors de la présidentielle, John McCain et Sarah Palin, s'étaient signalés par leurs slogans en faveur du forage pétrolier partout où ce serait possible.

Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, qui mène depuis des mois une opposition systématique à M. Obama au Congrès, a estimé mercredi qu'ouvrir de nouvelles zones au forage constituait "un pas dans la bonne direction, mais un petit (pas) qui laisse d'énormes quantités d'énergie américaine hors de portée".