Les deux clubs les plus titrés d'Argentine traversent une crise sans précédent. Relégués dans les bas fonds du championnat, Boca Juniors et River Plate sont les symboles d'une crise structurelle qui secoue la patrie de Diego Maradona.
Qu’arrive-t-il aux clubs de River Plate et Boca Juniors ? Les deux équipes qui dominaient le football argentin et sud-américain depuis des décennies se retrouvent à végéter dans les bas fonds de la "Liga argentina", respectvement aux 16e et 18e places.
Une situation inédite que Diego Zorrilla, rédacteur en chef du site d’information sportive espndeportes.com, cité par le "New York Times", relativise : "Les raisons sont davantage nationales et mondiales qu'internes aux clubs".
En 2009, le pays fait face, comme le reste du monde, à une crise économique sans précédent qui contraint les présidents de club de reporter le coup d’envoi du championnat. Une décision pour le moins radicale qui lève le voile sur les travers et l’endettement massif du football argentin.
A cette époque, la presse révèle que les clubs argentins doivent au total l’équivalent d'environ 128 millions d'euros à leurs joueurs, à la fédération nationale et aux impôts. Parmi les clubs de première division les plus touchés figurent l’Independiente de Avellaneda et River Plate.
La fuite des jeunes talents
Autres raisons de la faiblesse du niveau du championnat argentin actuel : les départs, de plus en plus tôt, de joueurs talentueux. "Avant, les joueurs marquaient de nombreux buts et allaient en Europe lorsqu’ils étaient plus âgés. Maintenant, ils partent quand ils sont à peine adolescents", s’inquiète Diego Zorrilla.
Des joueurs de qualité comme Carlos Tevez, Sergio Aguero ou Gonzalo Higuain, qui évoluent aujourd’hui dans les plus grands clubs européens, sont partis rejoindre le Vieux Continent alors qu’il n'avait que 19 ans. Sans parler de Lionel Messi qui, bien que son cas soit exceptionnel, est parti d’Argentine à l'âge de 12 ans. Le FC Barcelone avait accepté, à l’époque, de prendre en charge le traitement de "Leo", atteint d’une déficience hormonale, que ses parents ne pouvaient payer.
Frappés de plein fouet par cette hémorragie de jeunes talents, les clubs argentins n'ont d'autre choix que de rappeler dans leurs rangs des joueurs plus âgés, à l’image de Juan Sebastián Veron (35 ans), Martin Palermo (36 ans) ou Juan Roman Riquelme (31 ans). La moyenne d'âge des Boca Juniors, l’ancien club de Diego Maradona, est aujourd'hui... de 31 ans.
Chez leur meilleur ennemi, le problème est tout autre. Autrefois réputé pour son centre de formation, River Plate, d'où sont sortis Gabriel Batistuta, Marcelo Gallardo, Gonzalo Higuain ou encore Javier Mascherano, ne produit plus aujourd’hui, estime Diego Zorrilla.
Le seul lot de consolation pour les aficionados des deux clubs de Buenos Aires reste le derby qui les oppose depuis leur scission en 1905. Le 326e, et dernier "superclassico" en date, qui a eu lieu le 26 mars, a vu les Bocas Juniors l’emporter sur le score de 2 à 0. Une maigre consolation pour deux équipes qui font désormais de la lutte pour le maintien leur principal objectif de cette saison.