Dans un documentaire consacré à la vie de Roman Polanski, la réalisatrice Marina Zenovich revient sur l’affaire de mœurs qui a obligé le cinéaste polonais à fuir les États-Unis en 1977. Sortie en France à la réouverture du procès.
Trente ans après sa fuite des Etats-Unis, où il risque la prison pour avoir eu des relations sexuelles avec une adolescente, le cinéaste polonais Roman Polanski a demandé à la justice californienne d’abandonner les poursuites. Pour ses avocats, il existe aujourd’hui des nouveaux éléments qui permettraient le classement définitif de la plainte pour viol. Une requête enregistrée en décembre dernier cite abondamment les témoignages recueillis par la réalisatrice américaine Marina Zenovich, dont le documentaire "Roman Polanski: Wanted and Desired" a été diffusé aux Etats-Unis en juillet.
Une heure et trente huit minutes de témoignages, d’images d’archive inédites et d’entretien exclusifs : la réalisatrice propose au public une relecture complète de l’affaire. Parmi ses interviews exclusives, celle de la victime, Samantha Geimer, aujourd’hui âgée de 45 ans, qui a présenté publiquement ses excuses en 2002, lors de la nomination aux Oscars du film de Polanski "Le Pianiste".
On trouve aussi celle de l’ancien procureur générale Roger Gunson et celle de Douglas Dalton, l’avocat du réalisateur polonais. Autant d’entretiens qui permettent de mieux comprendre la machinerie judiciaire qui l’a conduit à la condamnation et à l’exil. L'actrice Mia Farrow, que Polanski avait dirigée dans "Rosemary's Baby" (1968), revient sur les faits.
Pour clarifier certains événements, la réalisatrice est également allée à la rencontre de la journaliste à scandale Marilyn Beck, qui avait couvert l'affaire à l’époque des faits. Le film s’attarde, en outre, sur le comportement étonnant du juge Laurence Rittenband, qui dissimulait mal son affection pour les procès médiatiques.
Extrait du film "Roma Polanski: Wanted and Desired" de Marina Zenovich
"Roman Polanski: Wanted and Desired" pénètre une nouvelle fois dans les arcanes d’une histoire complexe, et présente sous un jour nouveau la décision de Polanski de quitter les Etats-Unis.
Retour sur les épisodes noirs de la vie du cinéaste
Durant la Seconde Guerre mondiale, Roman Polanski a passé son enfance dans le ghetto de Cracovie, en Pologne, d’où il réchappe à l’âge de 10 ans. Sa mère, elle, est assassinée par les nazis.
Vingt ans plus tard, la censure stalinienne l’incitera à quitter son pays natal. En 1969, alors qu’il est installé à Los Angeles, sa femme Sharon Tate, alors enceinte de 8 mois, est assassinée par les séides du gourou psychopathe Charles Manson. Huit ans plus tard, Polanski, alors âgé de 47 ans, est accusé d’avoir abusé d’un modèle de 13 ans qu’il aurait droguée, lors d’une séance photo pour le magazine Vogue Hommes.
Accusé de viol par la mère de la jeune fille, il est déclaré coupable de détournement de mineur. Après un an de procédure, il s’envole pour Londres avant de s’installer en France.
Depuis son premier long métrage "Le Couteau dans l’eau" (1962), Polanski n’a cessé de s’intéresser aux maux de l’âme, tout en tissant une mystérieuse correspondance entre sa vie et son œuvre.
30 ans après, Polanski rouvre le procès
Les défenseurs de Roman Polanski ont affirmé avoir mis au jour de nouvelles preuves montrant que le réalisateur, aujourd'hui âgé de 75 ans, n'avait pas bénéficié à l'époque d'une procédure pénale équitable à Los Angeles.
Les avocats, Chad Hummel et Bart Dalton, ont expliqué à l'AFP que le documentaire de Zenovich avait mis en évidence "un ensemble de mauvais comportements et de communications entre la Cour et le bureau du procureur, en violation de l’égalité devant la loi, et sans que l'accusé ni ses avocats en aient eu connaissance".
Selon eux, cette affaire constitue "un exemple classique de la façon dont le système judiciaire américain peut être utilisé à mauvais escient (et) les droits du justiciable foulés aux pieds, via une mauvaise alliance entre les tribunaux et les parquets."
La première audience aura lieu le 21 janvier, sans qu’on sache si la justice américaine est vraiment prête à raviser son jugement ?