Pour le Vatican, les églises concernées par des scandales de pédophilie, notamment en Allemagne, en Autriche ou aux Pays-Bas, ont réagi avec "rapidité" et "détermination". De son côté, Berlin avait critiqué le "mur de silence de l'Église".
AFP - Le Vatican a pris mardi la défense des Eglises locales prises dans "la tourmente" des scandales pédophiles, assurant qu'elles avaient agi avec "rapidité" face aux abus commis par des prêtres et rappelant que de tels actes touchent l'ensemble de la société.
Les conférences épiscopales notamment allemande, autrichienne, néerlandaise et les hiérarchies concernées ont réagi avec "rapidité" et "détermination", a déclaré le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, sur Radio Vatican, qu'il dirige.
Depuis quelques mois, les scandales retentissants de pédophilie dans des institutions religieuses et de la part de prêtres, dans certains cas couverts par leur hiérarchie comme en Irlande, se multiplient.
L'affaire a pris de l'ampleur ces dernières semaines en Allemagne, touchant même le choeur des petits chanteurs de Ratisbonne, dirigé pendant 30 ans par Mgr Georg Ratzinger, frère du pape. Dernièrement, des cas ont été mis au jour en Autriche et aux Pays-Bas.
Mardi, la hiérarchie néerlandaise a annoncé l'ouverture prochaine d'une enquête "large, externe et indépendante" sur ces affaires alors que près de 200 dénonciations ont été enregistrées depuis le début du mois.
"On ne peut nier la gravité de la tourmente que traverse l'Eglise", a reconnu le père Lombardi, rappelant que pour l'Eglise, la pédophilie est "l'un des plus graves délits".
Mais il a insisté sur le fait que "concentrer seulement les accusations sur l'Eglise conduit à fausser la perspective". Il a cité l'exemple de "l'Autriche" où, "sur une même période", les "cas avérés" dans les institutions sous tutelle de l'Eglise "ont été de 17 alors qu'il y en a eu 510 dans d'autres lieux".
Le porte-parole du Vatican a toutefois reconnu que "les erreurs commises dans les institutions sous la responsabilité du clergé sont particulièrement répréhensibles au vu de la responsabilité éducative et morale de l'Eglise".
Mais selon lui, les Eglises "ont fait preuve d'une volonté de transparence et, dans un certain sens, ont accéléré la révélation des problèmes en invitant les victimes à parler même s'il s'agissait de cas très anciens".
Elles ont agi "comme il convenait, parce que le point de départ correct est la reconnaissance de ce qui est arrivé et la préoccupation pour les victimes", a-t-il jugé, estimant que ces Eglises avaient fait "tout le possible pour que de tels faits graves ne se répètent plus".
Le porte-parole a également répondu à la ministre allemande de la Justice, qui avait accusé la veille le Vatican d'avoir entravé les enquêtes en vertu de directives datant de 2001 enjoignant aux évêques de faire remonter ces délits au sein de leur hiérarchie.
Ces textes, édictés par le cardinal Joseph Ratzinger, devenu depuis Benoît XVI, "ont été inopportunément cités comme la cause d'une +culture de silence+", a répondu le père Lombardi. Pour lui, ils sont au contraire "un signal déterminant pour rappeler à l'épiscopat la gravité du problème".
Le père Lombardi a également rappelé l'intervention sur l'affaire irlandaise du pape Benoît XVI, qui a notamment convoqué, événement exceptionnel, l'ensemble de la hiérarchie du pays au Vatican pour deux jours d'entretiens en février.
Vendredi, le pape rencontrera le président de la conférence épiscopale allemande, Robert Zollitsch.
Enfin, le père Lombardi a indiqué que l'Eglise "était naturellement prête à participer" à une table ronde prévue le 23 avril par le ministère allemand de la Famille avec les représentants du secteur éducatif et des Eglises catholique et protestante, refusée jusqu'ici par la conférence épiscopale allemande.