Pointés du doigt par les autorités européennes, les très décriés "Credit Default Swap" (CDS) n'ont, aux yeux de l'économiste britannique Geoffrey Wood, que peu de responsabilités dans la crise financière qui secoue la Grèce.
Des responsables européens travaillant auprès du commissaire européen aux Marchés financiers, le Français Michel Barnier, rencontraient, ce vendredi, à Bruxelles, des experts et des régulateurs. Une réunion durant laquelle ils ont évoqué les moyens à mettre en œuvre pour encadrer les "Credit Default Swaps" (CDS), des contrats accusés d’avoir précipité la crise grecque et entraîné une chute du cours de l’euro. Mais pour l’économiste Geoffrey Wood, professeur à la Cass Business School à Londres, Bruxelles fait fausse route… Explications.
FRANCE 24 - Que sont ces "Credit Default Swap" (CDS) que la Commission européenne souhaiterait davantage encadrer ?
Geoffrey Wood - Un "Credit Default Swap" n’est rien d’autre qu’une assurance censée protéger d’un éventuel défaut de paiement l’acheteur d’un emprunt d’Etat ou d’entreprise. En ce sens, il s’agit d’un dispositif plutôt utile.
F24 - Quel rôle ont-ils joué dans la crise grecque ?
G. W. - Certains investisseurs se sont rendu compte que le gouvernement grec faussait ses comptes. Et ont alors décidé d’assurer une partie des bons qu’ils avaient achetés à l’État en se dotant de CDS. Mais ce ne sont ni ces investisseurs, ni ceux qui leur ont vendu les CDS qui ont causé la crise en Grèce. La seule chose qu’on peut leur reprocher fut d’envoyer des signes négatifs qui ont précipité une chute de la valeur des émissions de dettes grecques. Mais pour moi, la vraie leçon de cette crise, c’est que la Grèce n’est pas un pays responsable.
F24 - L’Europe a-t-elle les moyens de les contrôler ?
G. W. - Les autorités européennes sont effrayées par ce qui leur échappe. Mais j’ai du mal à imaginer un contrôle des CDS au niveau européen. Les financiers iraient de toute façon s’installer ailleurs. Si, par exemple, la France se retrouve un jour dans la même situation que la Grèce, les investisseurs achèteraient des CDS aux Seychelles plutôt qu’en Europe. En voulant s’attaquer au marché des CDS, la Commission européenne est totalement à côté de la plaque.