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"La Vida loca" et l'enquête sur la mort de Christian Poveda sortent en DVD

"La Vida loca", le documentaire de Christian Poveda, assassiné le 2 septembre 2009 par des membres du gang qu'il a filmé pendant 16 mois, est sorti en DVD, ce mardi, accompagné d'une enquête sur le meurtre du réalisateur franco-espagnol.

"La Vida loca", le documentaire du Franco-Espagnol Christian Poveda sur les gangs du Salvador, est sorti ce mardi en DVD, cinq mois exactement après l’assassinat du réalisateur, tué le 2 septembre 2009 de plusieurs balles dans la tête.

Christian Poveda est décédé alors qu’il filmait depuis 16 mois le quotidien d’une cinquantaine de jeunes de la Mara 18, en guerre permanente contre un gang ennemi, la Mara Salvatrucha. Surnommé l’"ami" par les membres de la Mara 18, il a filmé leur quotidien, cherchant à comprendre l’origine de cette violence. Il y a perdu la vie.

En bonus du documentaire, le DVD propose une enquête de Frédéric Faux et Steeve Baumann sur le meurtre de Poveda intitulée "Le carnet de route : Christian Poveda, le chemin de la vérité", diffusée en octobre dernier sur France 2.

Réglement de comptes ? Contrat mafieux ? 

Les deux journalistes français se sont envolés pour le Salvador au lendemain de l’assassinat du réalisateur pour tenter de comprendre ce qui l’a conduit à finir dans un fossé avec quatre balles dans la tête, à quelques mètres de sa voiture, à la frontière entre les territoires des deux gangs. S’agissait-il d’un règlement de comptes entre bandes rivales ? D’un contrat mafieux placé sur la tête d’un reporter qui n’avait pas peur des vérités dérangeantes ?

Auteur d’une enquête intitulée "Les Maras, gangs d’enfants. Violences urbaines en Amérique centrale" (2006, Autrement), spécialiste de l’Amérique latine, Frédéric Faux  est allé, en compagnie de Baumann, à la rencontre des membres du gang de "La Vida loca", des autorités locales et de la police française qui commençait son enquête sur place.

"La police salvadorienne veut vraiment nous montrer qu’elle travaille à fond sur ce dossier. Elle nous montre tous ses indices, déballe des listes de suspects et toute une série d’indices qui contiennent des traces d’ADN", explique Frédéric Faux dans une interview à Capa TV.

Parmi les suspects, un chef de gang de la Mara 18, Nelson Lazo Rivera, dit "La Puma", arrêté le lendemain du meurtre. Selon les enquêteurs, il aurait donné l’ordre de tuer Christian Poveda depuis sa prison : un policier lui avait fait croire que le reporter était un indicateur des forces de l'ordre.

"Il ne ressemble pas à grand-chose. Mais c’est le chef de la clique qui contrôle le pan [secteur] où Poveda a été tué. Alors, ce n’est peut-être pas lui, mais il ne pouvait ignorer qui l’avait fait", continue Faux.

La police salvadorienne remonte cette piste. Une semaine après le meurtre, les deux journalistes sont embarqués dans une traque policière. Huit hommes sont recherchés. À la fin de la nuit, cinq sont arrêtés, dont l'agent qui a fait croire que Poveda était de mèche avec la police. 

"Ça a été un moment très fort pendant le tournage. On a pu passer la nuit avec eux [les policiers salvadoriens, ndlr] et au petit matin, ils avaient arrêté cinq suspects qui sont toujours en prison. Il y a probablement parmi eux les hommes qui ont tué Christian", conclut Frédéric Faux.

32 suspects arrêtés

Depuis cette première vague d’arrestations, en septembre 2009, de nouveaux "pandilleros" ont été interpellés. Quatre le 26 février. Au total, 32 suspects ont été arrêtés. Tous, à l'exception du policier, sont des membres présumés de la Mara 18.

Dans ce pays d'Amérique centrale, les gangs qui se livrent au trafic de drogue et à des extorsions de fonds sont tenus responsables de 60 % des homicides. La Mara 18 et la Mara Salvatrucha ont, elles, annoncé une trêve en février dernier, faisant naître l’espoir d’une accalmie dans le pays, où une dizaine d’homicides sont commis chaque jour.

Tags: Salvador, Cinéma,