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La vente de quatre navires Mistral français à la Russie se précise

À l'occasion de la visite en France du président russe, Dmitri Medvedev et Nicolas Sarkozy ont annoncé l'ouverture de négociations exclusives entre les deux pays portant sur la vente de 4 navires de guerre français à Moscou.

AFP - Les présidents russe Dmitri Medvedev et français Nicolas Sarkozy ont scellé lundi le partenariat stratégique entre les deux pays avec l'annonce de négociations pour l'achat par la Russie de navires de guerre français et l'accord de Moscou à de nouvelles sanctions contre l'Iran.

Tout au long de leur conférence de presse commune lundi soir, M. Sarkozy et M. Medvedev, en visite d'Etat à Paris jusqu'à mercredi, ont insisté la "confiance" qui les lie.

Preuve en est, la France et la Russie ont débuté des "négociations exclusives pour quatre BPC (bâtiments de projection et de commandement) Mistral", a affirmé le président français, précisant qu'ils seraient vendus "sans équipement militaire".

Le Mistral est un puissant navire de guerre qui peut transporter des hélicoptères, emmener des troupes et des blindés vers un théâtre d'opération, abriter un état-major ou un hôpital.

Le projet de contrat suscite de grandes inquiétudes au sein de l'OTAN, et parmi les voisins de la Russie, en particulier en Géorgie, après la brève guerre qui a opposé Tbilissi à Moscou pendant l'été 2008.

M. Sarkozy, qui a souhaité ce rapprochement entre Paris et Moscou en dépit des critiques répétées des défenseurs des droits de l'Homme qui jugent la situation toujours inacceptable en Russie, a d'avance répondu aux critiques.

"Comment peut-on dire aux dirigeants russes: on a besoin de vous pour faire la paix, pour résoudre un certain nombre de crises dans le monde, notamment la crise iranienne (...) mais on ne vous fait pas confiance, on ne travaille pas avec vous sur le Mistral", a-t-il demandé.

De fait, le président russe, selon qui ce projet constitue un "symbole de confiance", a pour sa part marqué son accord pour de nouvelles sanctions contre l'Iran, à condition qu'elles soient bien "ciblées" et "ne visent pas la population" iranienne.

C'est la première fois que la Russie dit aussi clairement son soutien à de nouvelles sanctions contre l'Iran soupçonné par les Occidentaux de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme civil, ce que dément Téhéran.

La Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité, a toujours déclaré préférer la voie de la négociation avec Téhéran. Mais Moscou a montré des signes d'impatience envers l'Iran ces dernières semaines, à la suite de sa décision de commencer à enrichir son uranium jusqu'à 20%.

"Si on ne débouche sur rien (...) la Russie est prête à examiner avec ses partenaires l'introduction de sanctions", a expliqué M. Medvedev précisant qu'il serait "souhaitable" de les éviter.

Signifiant que leur partenariat était multifacettes, les deux présidents aussi ont donné leur feu-vert à la signature de deux accords économiques.

Les groupes GDF Suez et Gazprom ont signé un protocole d'accord sur l'entrée à hauteur de 9% du français dans le capital du projet de gazoduc North Stream, qui acheminera du gaz russe vers l'Europe via la mer Baltique.

Le 27 novembre dernier, EDF, le concurrent français de GDF Suez, avait déjà annoncé son entrée à hauteur de 10% dans South Stream, pendant de North Stream dans le sud de l'Europe.

Les deux parties ont également confirmé un partenariat entre le groupe industriel Alstom et le constructeur de trains russe Transmashholding (TMH).

La visite de Dmitri Medvedev, destinée à célébrer les années culturelles croisées de la Russie en France et de la France en Russie, a également une forte dimension symbolique. Il inaugurera mardi au musée du Louvre l'exposition "la Sainte Russie".

Il aura aussi des rendez-vous avec des hommes d'affaires français et avec plusieurs personnalités politiques qui estiment en général que Dmitri Medvedev représente une nouvelle génération en Russie. "La génération Medvedev, c'est autre chose que Vladimir Poutine", assurait récemment le chef de la diplomatie Bernard Kouchner.