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Les crimes de guerre en Bosnie relevaient de la "légitime défense", selon Karadzic

Accusé d'avoir orchestré un "nettoyage ethnique" en ex-Yougoslavie, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie plaide toujours non-coupable des crimes qui lui sont reprochés. Il invoque une "légitime défense" des Serbes dans le conflit.

C’est assis sur le banc des avocats de la défense, et non dans le box des accusés, que Radovan Karadzic a pris la parole lundi pour résumer devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) son argumentaire.

Pour l’ancien homme fort de Belgrade, qui apparaissait pour la seconde fois à une audience de son procès (il en avait boycotté les trois premières journées, en octobre 2009), "il n'y a jamais eu l'intention, l'idée et encore moins le plan d'expulser les musulmans et les Croates" des territoires convoités par les Serbes. Entre 1992 et 1995, le conflit en ex-Yougoslavie a fait quelque 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés. "Le seul plan que nous avions, c'était de sauver nos têtes, sauver nos biens et conserver nos territoires", a argumenté Karadzic, photos et extraits d’interviews à l’appui.

L’ancien président de la République autoproclamée des Serbes de Bosnie a également profité de cette déclaration liminaire, qui a duré près de 5 heures, pour invoquer la "légitime défense" face aux accusations de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide dont il fait l’objet (voir ici l'acte d'accusation). "Tout ce que les Serbes ont fait relève de la légitime défense et tout cela a été traité comme un crime", a ainsi affirmé Karadzic, transformant la salle d'audience du TPIY en une tribune pour défendre "la grandeur d'une petite nation en Bosnie-Herzégovine, qui a dû souffrir pendant 500 ans", ainsi que "notre nation et sa cause, qui est juste et sacrée".

"Provocations"

Radovan Karadzic doit aussi répondre des accusations faisant de lui l'un des principaux responsables du massacre de Srebrenica, au cours duquel plus de 7 000 hommes et garçons musulmans ont été tués, en juillet 1995. Pour lui, ce massacre, le pire commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, était "une réaction" aux "provocations" des musulmans de Bosnie qui tenaient l'enclave.

Un argumentaire régulièrement développé par l’accusé, qui n’a cessé de rejeter la responsabilité de la guerre sur les Croates et sur les musulmans de Bosnie depuis le début de son procès. Selon lui, les Serbes n'auraient fait que défendre leur territoire contre la fondation d’un "État islamique" : "Les leaders des musulmans s'en tenaient à cette solution qui ne pouvait que déboucher sur la guerre : une Bosnie souveraine et indépendante."

La déclaration liminaire de Radovan Karadzic doit se poursuivre demain. L'accusation doit, dès mercredi, appeler à la barre le premier témoin à charge, dont l'identité n'a pas été révélée. Arrêté en juillet 2008 à Belgrade, soit 13 ans après son inculpation, Radovan Karadzic encourt la prison à vie.