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L'Unesco rend hommage aux pleins et déliés du calligraphe Ghani Alani

Le prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe a été décerné au calligraphe irakien Ghani Alani, l'un des grands maîtres de cet art majeur dans le monde arabo-musulman. Portrait.

Il est l’un des plus grands maîtres de la calligraphie arabe contemporaine et le lauréat de l’édition 2010 du prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe. Et il peut s'enorgueuillir d'être le premier calligraphe à recevoir ce prix. Irakien, Ghani Alani quitte en 1967 sa ville natale de Bagdad pour Paris. Il se destine alors à une carrière juridique, sa formation initiale, et poursuit dans une université parisienne une thèse de doctorat en droit, qu’il obtient. Mais il retourne rapidement à ses premières amours, la calligraphie. L’art qu’il ne pratiquait que dans ses moments de loisirs finit par devenir son métier.

"L'amour de l'écrit"

"Je ne peux véritablement situer dans le temps le moment où j’ai commencé la calligraphie, explique-t-il. C’est un plaisir qui est né avec moi. Au début, il y avait l’amour de l’écrit, de tout ce qui était écrit et puis je l’ai développé. L’écriture est devenue calligraphie et la calligraphie, un art."

Oeuvres de Ghani Alani
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Sa voix est empreinte d’émotion et d’admiration quand il évoque celui qui lui a transmis cet art. "Mon professeur était un très grand maître de calligraphie de l’école de Bagdad, Hachem Mohamad, plus connu sous le nom d'al-Baghdadi." Il explique que son maître est ainsi surnommé tant il symbolise l'art de l'école de Bagdad. "Il avait lui-même appris la calligraphie d’un autre des grands maîtres de l’école de Bagdad", poursuit Ghani Alani.

Lui aussi héritier de l’école de Bagdad, Ghani Alani prend désormais part lui-même à cet "arbre généalogique", comme il appelle la transmission de la calligraphie, puisqu’il enseigne à travers le monde, notamment à la faculté d’Aix-en Provence et aux Langues Orientales à Paris. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il est distingué par l’Unesco. Doté de 30 000 dollars pour chaque lauréat, le prix Sharjah récompense Ghani Alani notamment pour avoir fait découvrir au public occidental l’art de la calligraphie arabo-musulmane.

"Un art à part entière "

Alors que d’aucuns expliquent le fleurissement de la calligraphie dans la civilisation arabo-musulmane par le fait que les représentations figuratives y étaient interdites, Ghani Alani avance une autre hypothèse. Pour lui, "les Arabes sont un peuple qui admire le verbe, alors que l’Occident admire l’image". Il estime que "chez les Arabes, le verbe a été poussé jusqu’à devenir image à travers la poésie".

Pour le calligraphe, outre la joie d’être récompensé pour le travail de toute une vie, ce prix est un véritable symbole, à double titre. En premier lieu, cette distinction "est la reconnaissance de la calligraphie en tant qu’art à part entière", se réjouit-il. Pour lui, "la calligraphie touche à d’autres formes d’art, l’architecture, la poésie, et même la musique". Et, à titre plus personnel, Ghani Alani se dit "heureux de ce prix, car il montre un autre visage de mon pays d’origine, l’Irak. Parmi tout ces explosions et cette violence, pour une fois une nouvelle culturelle !"
 

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