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Sommet Europe-Afrique en Angola : commerce et minerais au menu, l'Ukraine en toile de fond
Un sommet a rassemblé lundi les dirigeants africains et européens en Angola, pour discuter relations commerciales, migrations et minerais. En marge du sommet, se sont poursuivies les discussions européennes sur le plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine.
Les dirigeans européens se sont rencontrés en marge du sommet UA-UE en Angola pour discuter du plan américain pour mettre fin à la guerre en Ukraine, le 24 novembre 2025 à Luanda. © Michael Kappeler, AFP

Dirigeants africains et européens sont réunis lundi 24 novembre en Angola pour approfondir leurs relations commerciales, discuter migrations et minerais stratégiques, lors d'un sommet où le plan américain pour l'Ukraine fait l'objet de nouvelles concertations entre Européens.

Le Français Emmanuel Macron, l'Allemand Friedrich Merz, le Kenyan William Ruto ou le président sud-africain Cyril Ramaphosa comptent au nombre des participants de cette rencontre de l'Union européenne (UE) et de l'Union africaine (UA), à l'heure où le continent africain s'affirme comme un nouvel espace de compétition entre Américains, Chinois et Russes.

En marge du sommet, les dirigeants européens ont poursuivi leurs concertations sur le plan américain pour mettre fin à la guerre en Ukraine.

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Le sommet de Luanda, septième rencontre du genre, marque les 25 ans des relations entre l'UA et l'UE. Un jour après la clôture du sommet du G20 à Johannesburg boycotté par les États-Unis, le président angolais et hôte, Joao Lourenço, a appelé à "restaurer d'urgence le multilatéralisme".

"L'axe entre l'Europe et l'Afrique doit prendre le pas comme principal axe dans la communauté internationale", a estimé le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

L'UE demeure le principal partenaire commercial de l'Afrique : les échanges de biens et de services ont atteint 467 milliards d'euros en 2023, selon Bruxelles.

"Notre prospérité est plus que jamais liée", a lancé Ursula von der Leyen dans son discours d'ouverture appelant à se "débarrasser des dépendances dangereuses".

"Les arguments en faveur d'une coopération entre l'Afrique et l'Europe sont incontestables, a-t-elle affirmé. Trouvons de nouvelles façons d'y parvenir."

Les Européens ont subi des revers, parfois alimentés par le ressentiment envers le passé sanglant des anciennes puissances coloniales et par la concurrence de la Chine, dont les grands projets d'infrastructure sont bienvenus sur le continent. La Russie, elle, a profité de la perte d'influence de la France dans son ancien pré carré pour devenir le partenaire sécuritaire de plusieurs pays

"Crédibilité"

Les États du Golfe et la Turquie ont également élargi leur présence, offrant aux nations africaines davantage d'opportunités commerciales et, par ricochet, un plus grand pouvoir de négociation vis-à-vis de l'UE, explique Geert Laporte de l'ECDPM, un groupe de réflexion européen.

L'Europe n'étant plus le seul partenaire, les capitales de l'UE doivent désormais proposer une "offre suffisamment attrayante pour battre" la concurrence.

Cela nécessite des investissements dans les infrastructures, l'énergie et les projets industriels qui génèrent de l'emploi en Afrique, loin de la perception parfois négative laissée sur le continent par les précédents sommets : de belles intentions mais peu d'actes concrets.

"L'Afrique ne cherche pas de nouvelles déclarations, mais des engagements crédibles et réalisables", résume le porte-parole de l'UA, Nuur Mohamud Sheekh.

Les chefs d'État et de gouvernement doivent discuter des moyens de juguler l'immigration illégale vers l'Europe, un thème qui a nourri ces dernières années le discours et les gains électoraux de nombreux partis d'extrême droite sur le Vieux Continent.

Les questions de sécurité et une initiative diplomatique pour accorder à l'Afrique une voix plus forte dans les instances de gouvernance mondiale telles que le Conseil de sécurité de l'ONU et la Banque mondiale sont également à l'ordre du jour.

Le renforcement des échanges commerciaux aussi, dans un contexte de droits de douane américains imposés aux membres des deux blocs.

L'UE devrait offrir son expertise pour aider à développer le commerce intracontinental africain, qui ne représente actuellement qu'un maigre 15 % du total du commerce continental, selon des diplomates interrogés par l'AFP.

Elle cherche également à sécuriser des minerais stratégiques nécessaires à sa transition écologique et à réduire sa dépendance à la Chine pour les terres rares essentielles aux technologies et aux produits électroniques.

Certains projets seront inclus dans la Global Gateway, un vaste plan d'infrastructure censé contrer l'influence croissante de la Chine à l'échelle mondiale.

"La crédibilité de l'Europe" dépend de la "réalisation de projets qui créent de la valeur en Afrique, et pas seulement de la visibilité pour Bruxelles", analyse Ikemesit Effiong, du cabinet de conseil SBM Intelligence au Nigeria.

Le sommet doit se poursuivre mardi mais certains dirigeants dont le Français Emmanuel Macron, l'Italienne Giorgia Meloni et Friedrich Merz devaient quitter l'Angola lundi soir.

Avec AFP