
Des gens passent devant les décombres d'un mur après le passage de l'ouragan Melissa à Santiago, Cuba, le 29 octobre 2025. © Alexandre Meneghini, Reuters
L'ouragan Melissa se trouve, jeudi 30 octobre, au large des côtes est de Cuba et prend la direction des Bahamas où une dangereuse tempête est attendue, selon le centre national des ouragans (NHC). Il se dirigera ensuite vers les Bermudes, qu'il devrait atteindre jeudi soir, avec un léger renforcement possible.
Aux Bahamas, "les résidents doivent se mettre à l'abri", alerte le NHC, et aux Bermudes "les préparatifs doivent être terminés avant la première occurrence prévue de vents de tempête tropicale".
À Cuba, l'ouragan a laissé les rues inondées et jonchées de débris mercredi. À Santiago de Cuba, la deuxième ville du pays, certains pans de maisons se sont effondrés, des toits de tôles tordus par les vents violents sont à terre, et la ville est sans électricité, de nombreux poteaux gisant au sol. Des rivières alentours sont sorties de leur lit et par endroits l'eau atteint la taille. Là, des moutons noyés gisaient sur l'asphalte.
Le président cubain, Miguel Diaz-Canel, a déclaré que l'ouragan avait causé des "dégâts considérables" mais n'a pour l'heure déploré aucun bilan humain.
Au moins 30 morts
L'ouragan Melissa était le plus puissant à toucher terre en 90 ans quand il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, soit le plus élevé sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents soutenus d'environ 300 km/h.
"Il y a eu une destruction immense, sans précédent des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston par vidéo Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes, dont la Jamaïque.
"Des gens sont dans des abris à travers le pays et pour le moment, nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant", a-t-il ajouté, évoquant une première estimation d'un million de personnes touchées. "Restez forts. Nous reconstruirons, nous nous relèverons", a écrit sur X le Premier ministre de Jamaïque, Andrew Holness.
À Haïti, pas directement frappé par le centre de l'ouragan mais sévèrement touché par de fortes pluies, au moins vingt personnes, dont dix enfants, sont mortes et dix sont portées disparues, selon le directeur général de la Protection civile, Emmanuel Pierre. Trois personnes sont mortes au Panama, trois en Jamaïque et une en République dominicaine.
Un effet du réchauffement climatique
Le réchauffement climatique, causé principalement par la combustion de combustibles fossiles, a augmenté à la fois la probabilité et l'intensité de cet ouragan, selon l'étude menée par des scientifiques de l'Imperial College de Londres.
"Le changement climatique causé par l'homme a clairement rendu l'ouragan Melissa plus puissant et plus destructeur", a affirmé Ralf Toumi, qui a dirigé l'étude. "Ces tempêtes vont faire encore plus de dégâts à l'avenir si nous continuons à réchauffer la planète en brûlant des combustibles fossiles", a poursuivi le professeur, à la tête du Grantham Institute, spécialisé dans le changement climatique, au sein de l'Imperial College.
En cartographiant des millions de trajectoires théoriques de tempêtes dans différentes conditions climatiques, son équipe a découvert que dans un monde moins réchauffé, un ouragan comme Melissa toucherait terre en Jamaïque environ tous les 8 100 ans. Dans les conditions actuelles, ce chiffre est désormais tombé à 1 700 années. Et même si une tempête aussi féroce que Melissa se produisait dans un monde sans changement climatique, elle serait de moindre intensité, selon l'étude : le réchauffement augmente la vitesse des vents de 19 kilomètres par heure.
"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a réagi le chef de l'ONU Climat Simon Stiell, lui-même originaire de l'île de Carriacou (Grenade), frappée l'an dernier par un ouragan.
Avec AFP
