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L'Allemagne va autoriser la police à abattre des drones après des survols suspects
Face à la multiplication des survols suspects de sites sensibles en Europe, le gouvernement allemand va permettre à la police fédérale d’abattre des drones, a annoncé mercredi le ministre de l'Intérieur, alors qu'un flou juridique l'en empêchait jusqu'ici. Berlin soupçonne des opérations d’intimidation et d’espionnage orchestrées par la Russie.
Un panneau interdisant l'utilisation de drones affiché à l'extérieur de l'aéroport de Munich, en Allemagne, le 6 octobre 2025. © Angelika Warmuth, Reuters

Le gouvernement allemand a annoncé, mercredi 8 octobre, qu'il allait accorder à la police fédérale le pouvoir d’abattre les drones suspects, après le survol de sites sensibles à travers l'Europe, notamment en Allemagne, que certains dirigeants européens attribuent à une guerre hybride menée par la Russie.

Le ministre de l'Intérieur, Alexander Dobrindt, a présenté des amendements législatifs visant à renforcer les moyens de la police fédérale qui pourra "agir avec des technologies de pointe face aux menaces constituées par les drones".

"Abattre les drones sera désormais réglementé et possible pour la police fédérale", a-t-il précisé, à l'issue du conseil des ministres où le texte, en attente d’approbation parlementaire, a été présenté.

En outre, un "centre de défense antidrones sera mis en place", afin de coordonner l'action des polices fédérales et des Länder, les États régionaux allemands.

Le ministre a également annoncé être en "échange intensif" avec des pays ayant une plus grande expérience en la matière, Israël d'une part, mais aussi l'Ukraine, cible quotidienne d'attaques russes contre ses villes et sur le front.

Il a évoqué un budget d'un montant se comptant "en millions d'euros à trois chiffres" c'est-à-dire 100 millions d'euros minimum, sans pour autant préciser le calendrier, soulignant que l'équipement dépendra aussi des capacités de production des industriels concernés.

Friedrich Merz pointe la Russie du doigt

Des survols de drones non identifiés la semaine dernière au-dessus de l'aéroport de Munich ont entraîné l'annulation et le détournement de dizaines de vols, affectant ainsi près de 10 000 passagers et conduisant les autorités à ouvrir une enquête.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a déclaré qu'il supposait que la Russie était derrière bon nombre de vols de drones à travers l’Allemagne le week-end dernier, mais qu’aucun n’était armé, se limitant à des vols de reconnaissance.

Le mois dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à la mise en place d’un "mur de drones", un réseau de capteurs et d’armes destiné à détecter, suivre et neutraliser les drones suspects pour protéger le flanc oriental de l’Europe.

L'Allemagne va autoriser la police à abattre des drones après des survols suspects
Des voyageurs s'apprêtent à dormir à l'aéroport international de Munich, après que des rapports d'observations de drones ont de nouveau forcé l'aéroport à fermer, le 4 octobre 2025 dans le sud de l'Allemagne. © Michaela Stache, AFP

Mais certains estiment que les drones impliqués dans les récents incidents pourraient aussi avoir été lancés depuis l’intérieur de l’UE.

Avec cette loi, l’Allemagne rejoint d’autres pays européens qui ont récemment donné aux forces de sécurité le pouvoir d’abattre les drones violant leur espace aérien, notamment la Grande-Bretagne, la France, la Lituanie et la Roumanie.

Le texte précise que, pour écarter les dangers posés par les drones sur terre, dans les airs ou sur l’eau, la police "peut employer les moyens techniques appropriés contre le système, son unité de commande ou son lien de contrôle, si écarter le danger par d’autres mesures s’avérait vain ou considérablement entravé".

L’Allemagne a enregistré 172 perturbations du trafic aérien liées aux drones entre janvier et fin septembre 2025, contre 129 sur la même période l’an dernier et 121 en 2023, selon les données de la Deutsche Flugsicherung (DFS).

Cependant, abattre des drones pourrait s'avérer dangereux dans les zones urbaines densément peuplées, et les aéroports ne disposent pas nécessairement de systèmes de détection capables de signaler immédiatement leur présence.

Avec AFP et Reuters