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Manifestations : les syndicats peinent à mobiliser et s'agacent d'"un saupoudrage" de mesures
Les syndicats ont organisé jeudi une nouvelle journée de mobilisation en France pour tenter de peser sur les choix budgétaires du gouvernement que s'apprête à former Sébastien Lecornu et contester par avance toute continuité dans la politique économique et fiscale appliquée sous Emmanuel Macron. La CGT a annoncé "près de 600 000" manifestants partout en France. Le ministère de l'Intérieur en a compté 195 000.
Manifestation à Paris le 2 octobre 2025 © Thomas SAMSON / AFP

Une mobilisation qui s'essouffle, avant une semaine cruciale : la nouvelle journée de grèves et manifestations à l'appel de l'intersyndicale a rassemblé, jeudi 2 octobre, beaucoup moins de monde que la précédente, après des annonces budgétaires du Premier ministre qualifiées de "saupoudrage" par les syndicats et à quelques jours de son discours de politique générale.

La CGT a annoncé avoir décompté "près de 600 000 manifestants partout en France", alors qu'elle en avait recensé un million le 18 septembre.

Le ministère de l'Intérieur a, lui, compté 195 000 personnes dans les cortèges, là où il en avait vu plus de 500 000 le 18. À Paris, les chiffres de la préfecture de police dégringolent de 55 000 à 24 000, avec quatre interpellations dans l'agglomération parisienne.

Mais pour François Hommeril, président de la CFE-CGC, "on voit bien qu'on est arrivé au bout d'une séquence". "Il ne faut pas non plus épuiser les gens. Je pense qu'on a été assez exemplaires, honnêtement. On voit bien, aujourd'hui, la mobilisation n'a pas le niveau d’il y a deux semaines", a-t-il constaté.

Éducation, transports, universités... Partout, le mouvement a été moins suivi pour cette deuxième journée initiée par l'intersyndicale.

Le taux de grévistes était de 6,95 % chez les enseignants des écoles maternelles et élémentaires et de 6,13 % dans les collèges et lycées, contre 17,06 % le 18, selon le ministère. Sept lycées ont été complètement bloqués, selon la même source.

La circulation des TGV et de la quasi-totalité du réseau RATP est restée "normale", selon le ministère des Transports, avec "quelques perturbations" dans les "TER, RER et Transilien et Intercités".

Un gouvernement "arc-bouté"

Manifestations : les syndicats peinent à mobiliser et s'agacent d'"un saupoudrage" de mesures
Manifestation à Nantes le 2 octobre 2025 © Loic VENANCE / AFP

"On se mobilise à répétition et pour l'instant rien ne se passe, le gouvernement reste arc-bouté sur ses choix : faire payer le monde du travail, les retraités, les jeunes, les malades. Sans toucher aux ultra-riches", se désole à Nantes, Muriel Kerdreux, assistante sociale de 60 ans.

Pour Arnaud Bordier, postier de 49 ans dans la région rennaise et militant Sud PTT, les dates de la mobilisation sont "trop échelonnées". "Il ne faut pas s'arrêter qu'une fois tous les 15 jours. Je ne connais pas d'autre moyen pour obtenir satisfaction que ceux qui fassent tourner la société s'arrêtent".

"Anti-économique"

À Paris, les dirigeants de l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) ont épinglé les dernières annonces de Matignon.

L'entourage de Sébastien Lecornu a fait savoir jeudi à l'AFP qu'il étudiait plusieurs pistes de baisses de prélèvements en faveur des salariés, comme une baisse de l'impôt sur le revenu pour les couples payés chacun "légèrement" au-dessus du Smic ou "une défiscalisation et un allègement des charges sociales" sur les heures supplémentaires.

"C'est anti-économique : on détruit les emplois en défiscalisant les heures supplémentaires. C'est dans tous les bouquins ! Je ne sais pas, ces gens-là, d'où ils tirent leur culture économique", s'est agacé François Hommeril (CFE-CGC).

Manifestations : les syndicats peinent à mobiliser et s'agacent d'"un saupoudrage" de mesures
Rassemblement avant le départ de la manifestation à Brest, le 2 octobre 2025 © FRED TANNEAU / AFP

La veille, le Premier ministre avait assuré aux leaders syndicaux qu'il reprendrait, pour le projet de budget de la Sécurité sociale, "notamment [la mesure] relative à l'amélioration de la retraite des femmes". "Hors sujet", avaient répondu les syndicats qui réclament toujours la suspension de la réforme des retraites, voire son abrogation.

"Faire du saupoudrage de mesures pour essayer de démobiliser, ça ne marche pas", a ironisé Frédéric Souillot (FO).

"Je ne pense pas que ce soit une bonne chose d'égrener un certain nombre de mesures", a abondé Marylise Léon (CFDT). "On est à quelque jours de la déclaration de politique générale, je ne doute pas qu'on aura des réponses".

Dans un communiqué jeudi soir, la CGT affirme que l'intersyndicale se réunira "au lendemain" de ce discours "pour analyser les annonces du Premier ministre, et prendre les décisions nécessaires pour la suite".

Avec AFP