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Grosses fortunes et marins d'élite au départ de la Coupe de l'America

Depuis 1851, la Coupe de l'America oppose tous les quatre ans des milliardaires en quête de prestige. À la veille du départ de la 33e édition, retour sur les grandes dates qui ont construit la légende du plus ancien trophée sportif.

AFP - La Coupe de l'America, plus ancien trophée sportif au monde, attire depuis 1851 les meilleurs marins mais aussi les plus grosses fortunes de la planète, de Thomas Lipton à Harold Vanderbilt, dans une lutte passionnelle pour cette épreuve devenue mythique.

La 33e édition qui débute lundi à Valence n'a pas manqué à la règle, opposant devant les tribunaux et sur l'eau deux multi-milliardaires obstinés, le Suisse Ernesto Bertarelli et l'Américain Larry Ellison.

Trente ans d'une vie presque entièrement consacrée à atteindre un seul but et cinq majestueux voiliers auxquels il consacra une partie de sa fortune sans qu'aucun ne puisse jamais s'imposer: Sir Thomas Lipton illustre à lui seul tout le pouvoir qu'exerce sur les hommes la quête de la Coupe de l'America.

"Je vais à nouveau essayer": c'est sur cette promesse que se termina l'histoire d'amour entre le roi du thé et la reine des épreuves, un jour de novembre 1930, après la cinquième tentative malheureuse de celui qui était présenté comme "le perdant le plus réjouissant du monde".

Prison

De Shamrock I battu par Columbia en 1899 à Shamrock V défait par l'Enterprise d'Harold Vanderbilt en 1930, ce ne sont pas moins de cinq Shamrock ("trèfle"), emblème de l'Irlande, patrie de ce fils de famille pauvre émigré un temps aux Etats-Unis, qui s'inclinèrent face à un bateau américain, comme un symbole de la toute puissance du "Nouveau monde".

Depuis la victoire américaine à l'île de Wight en 1851, il fallut attendre 132 ans pour que cette invincibilité fût mise à mal par un incongru milliardaire: là où beaucoup avant lui avaient échoué, Alan Bond, patron d'Australia II, barré par John Bertrand, réussissait l'impensable après trois tentatives infructueuses. Le 26 septembre 1983, à Newport, Australia II KA-6 battait Liberty US-40, de Dennis Conner.

Si Thomas Lipton mourut en 1931 sans avoir atteint son Graal, Alan Bond allait lui voir le rêve se transformer en cauchemar. Après la faillite quelques années plus tard de son groupe, il fut condamné à de la prison en 1997.

Epreuve longtemps quasi-exclusivement anglo-saxonne, la Coupe intéressait peu la France, passionnée par les marins solitaires et les exploits d'Eric Tabarly. Mais le baron Marcel Bich, qui fit fortune dans les stylos, briquets et autres rasoirs jetables, participa quatre fois à l'épreuve - sans succès - et en devint son meilleur ambassadeur.

Coup de maître

Si beaucoup ont consacré une fortune à une quête improbable de la Coupe, le Suisse Ernesto Bertarelli débarque lui en 2003 à Auckland et réussit un coup de maître, avec l'aide de mercenaires "kiwis" embauchés à prix d'or (Russell Coutts, Brad Butterworth).

L'héritier d'un important groupe de bio-technologie suisse humilie chez eux les Néo-Zélandais et ramène en Europe la Coupe, qu'il défend avec succès en 2007 à Valence, toujours face aux Kiwis.

Mais il trouve alors face à lui un autre milliardaire, l'Américain Larry Ellison, un des hommes les plus riches de la planète, un "self made man" qui contrôle le fabricant de logiciels Oracle.

Ellison, qui avait dépensé vainement plus de 100 millions d'euros (comme Bertarelli) pour une campagne 2007 infructueuse, attaque systématiquement Bertarelli devant la justice US pour le forcer au duel en multicoques géants, des voiliers construits à prix d'or par les deux rivaux.

Bertarelli, 44 ans, sera à la barre lundi du catamaran Alinghi 5 et Ellison, 65 ans, peut-être parmi l'équipage du trimaran USA 17. Ils ne lâcheront rien jusqu'au dernier moment pour remporter la célèbre Aiguière d'argent.