
Une femme brandit une pancarte sur laquelle on peut lire "Grève" alors qu'elle participe à une manifestation à Lille, le 18 septembre 2025. © Sameer al-Doumy, AFP
Combien seront-ils cette fois ? L'intersyndicale, qui espère faire aussi bien que le 18 septembre, appelle à une nouvelle journée de manifestations jeudi 2 octobre pour maintenir la pression sur Sébastien Lecornu, qui a refusé de suspendre la réforme des retraites mais s'est dit "ouvert" sur la justice fiscale.
Le nouveau Premier ministre, qui n'a toujours pas de gouvernement et cherche un compromis pour faire adopter son budget, a assuré à ses alliés lundi qu'il ferait des "propositions" de baisse d'impôts "notamment en faveur du travail".
Il a également demandé à ses soutiens d'être "ouverts au débat sur la justice fiscale" et à un "juste partage de l'effort de redressement des finances publiques" mais "dans la limite de ne pas abîmer croissance et emploi".
Vendredi soir, il s'était dit contre la suspension de la réforme des retraites d'Elisabeth Borne adoptée sans vote en 2023, a écarté tout retour de l'impôt sur la fortune et avoué ne pas croire que la taxe Zucman soit "la bonne réponse" pour redresser les finances publiques.
Un revers pour l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires), qui réclamait l'abandon de plusieurs mesures : le "doublement des franchises médicales, l'année blanche (...), la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires et la réforme de l'assurance chômage", ainsi que le "recul de l'âge légal de départ" à 64 ans.
"Pour la CFDT, le compte n'y est pas", a assuré vendredi soir à l'AFP le secrétaire général adjoint du syndicat, Yvan Ricordeau.
"Ce gouvernement s'apprête à baisser les dépenses sociales et donc les droits sociaux, peut-être refaire une réforme d'assurance chômage" voire une "année blanche" - soit le gel des pensions de retraites et aides sociale -, a estimé Denis Gravouil, cadre de la CGT.
"Je ne suis pas sûre que Sébastien Lecornu se soit émancipé d'Emmanuel Macron et ait la capacité de revenir sur la réforme des retraites ou encore sur l'année blanche", jugeait ce week-end la leader de la CGT, Sophie Binet, dans la Tribune dimanche.
"Cela confirme la nécessité de la mobilisation du 2 octobre", selon la syndicaliste.
Plus de 160 rassemblements
Après deux premières mobilisations - celle du 10 septembre née sur les réseaux sociaux, soutenue par la CGT, FSU et Solidaires, et celle de l'intersyndicale du 18 septembre -, les syndicats appellent ainsi les Français à battre le pavé dans toute la France, jeudi, pour tenter d'infléchir les premières mesures budgétaires.
Plus de 160 rassemblements sont déjà prévus (contre 260 le 18 septembre, qui avait rassemblé de 500 000 à plus d'un million de personnes, selon la police ou la CGT), selon un recensement provisoire de la centrale de Montreuil.
Pourront-ils faire aussi bien ? Compliqué, selon des responsables interrogés par l'AFP.
"Beaucoup sont dans l'attente de voir comment sera le nouveau gouvernement", croit un cadre syndical sous couvert d'anonymat.
"Et puis, ce sera la troisième journée de grèves pour certains", soit une nouvelle journée sans salaire, et "même si la colère est toujours là, les fins de mois sont difficiles", poursuit-il.
"Pour l'instant, les remontées ne sont pas bonnes", abondait un autre.
L'intersyndicale avait annoncé cette nouvelle journée de mobilisations dans la foulée de sa rencontre infructueuse avec Sébastien Lecornu mercredi dernier.
"Le monde du travail ne se laissera pas faire s'il a le sentiment que les efforts sont totalement déséquilibrés", a martelé le soir même la patronne de la CFDT, Marylise Léon, sur France 2.
La syndicaliste en est convaincue : "Un chemin est possible pour construire un budget s'il y a un partage des efforts".
Soucieux en apparence d'embarquer les partenaires sociaux avec lui, Sébastien Lecornu avait souhaité dès mercredi soir revoir les leaders syndicaux "dans les prochains jours". Mais lundi, aucun d'entre eux n'avait encore reçu d'invitation.
Avec AFP