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Réessayer"Le Département de la Sécurité intérieure lance l'opération Midway Blitz en hommage à Katie Abraham, tuée dans l'Illinois par un étranger en situation irrégulière qui n'aurait jamais dû se trouver dans notre pays".
C'est par ces mots que Tricia McLaughlin, la secrétaire adjointe du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS) a annoncé, lundi 8 septembre, le déclenchement de l'opération de la police fédérale de l'immigration (ICE) à Chicago contre "les pires des pires immigrés illégaux criminels", au moment où le président américain menace d'y déployer la Garde nationale.
Les autorités américaines n’ont pas donné d’explications concernant le choix de ce nom. "Midway blitz" (l'attaque éclair de Midway en français). Le premier terme peut faire référence à l'aéroport de Midway, situé dans un quartier ciblé par l’opération ou à la bataille de Midway dans le Pacifique au cours de la Seconde Guerre mondiale, tandis que le second se traduit par une attaque militaire intensive ou soudaine – en référence aux bombardements menés par l’aviation allemande contre le Royaume Uni de 1940 à 1941.
Cette opération va "cibler les immigrés illégaux criminels qui terrorisent les Américains" dans l'Illinois, Etat de la troisième plus grande ville du pays, justifie le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) dans un communiqué. "Pendant des années, le gouverneur Pritzker et ses collègues du sanctuaire ont libéré des membres du gang Tren de Aragua, des violeurs, des kidnappeurs et des trafiquants de drogue dans les rues de Chicago, mettant ainsi en danger des vies américaines et faisant de Chicago un pôle d'attraction pour les criminels", a également affirmé Tricia McLaughlin. Elle vise directement le gouverneur démocrate de l'Illinois, JB Pritzker et le statut de "ville sanctuaire" pour les immigrés de Chicago.
Un délit de fuite
Cette opération a ainsi été lancée en l'honneur de Katie Abraham. Le 19 janvier dernier, cette jeune femme de 20 ans, originaire de Glenview, dans la banlieue de Chicago, a été tuée à Urbana dans un accident de la route qui a également coûté la vie à son amie, Chloe Polzin, 21 ans, comme le rappelle la chaîne de Chicago WGN9. L'auteur de l'accident a pris la fuite.
Les deux jeunes femmes rendaient visite à des amis à l'Université de l'Illinois et se sont arrêtés à un feu rouge lorsqu'elles ont été percutées par l'arrière par un véhicule roulant à près de 130 kilomètres heure. Selon le Chicago Sun Times, le conducteur incriminé, ivre au moment des faits, a été arrêté au Texas alors qu'il prenait un bus en direction du Mexique. "Un premier mandat d'arrêt identifiait l'homme comme étant Juan Jahaziel Saenz-Suarez, un Mexicain de 27 ans résidant à Urbana", précise le quotidien américain. "Mais la police a appris par la suite que l'homme utilisait un pseudonyme et avait falsifié des documents mexicains. De nouvelles accusations ont été portées contre Julio Cucul-Bol, un citoyen guatémaltèque de 29 ans, pour fuite des lieux d'un accident mortel, conduite sous influence aggravée et homicide involontaire".
L'homme a été accusé en mai par le gouvernement fédéral d'avoir falsifié des documents, notamment son passeport et sa carte de sécurité sociale. Comme le précise le Chicago Sun Times, Julio Cucul-Bol avait été expulsé en 2016 des Etats-Unis, avant de revenir dans le pays à une date inconnue.
Après la mort de Katie Abraham, ses parents ont pointé du doigt les démocrates de l’Illinois, affirmant que le pays avait besoin de contrôles plus stricts. "Vous ne pouvez pas ouvrir à nouveau votre État à tout le monde", avait affirmé Joe Abraham. "Vous allez attirer des gens ; vous êtes désormais un pôle d'attraction pour l'immigration clandestine".
"Les parents anges"
La famille de la jeune femme s'est également montré en phase avec les positions du pouvoir actuel. Le président Donald Trump et des dirigeants républicains n'ont d'ailleurs pas hésité à les qualifier de "parents anges". "Les mamans et les papas anges sont des parents dont les enfants ont été tués par des immigrants illégaux, et c'est un titre que Trump a popularisé pour les parents en deuil sous sa première administration", résume Fox News.
En juin, Joe et Michelle Abraham ont été accueillis à la Maison Blanche, alors que Donald Trump faisait la promotion de son "One Big Beautiful Bill Act", qui augmente le financement de la sécurité des frontières. "Lorsque le président Trump a appelé Joe spécifiquement pour lui serrer la main et lui montrer la photo [de Katie Abraham], cela m'a semblé incroyablement sincère et très touchant", avait alors commenté Michelle Abraham auprès de WCIA, un média de l'Illinois.
Début août, le Département de la Sécurité intérieure a également publié une vidéo où les parents de Katie Abraham s'exprimaient : "Il est important pour nous de continuer à raconter l’histoire de Katie. Nous voulons que le changement se produise afin que d’autres familles n’aient pas à faire face à cela". Cette vidéo a été republiée lors de l'annonce du lancement de l'opération "Midway Blitz".
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Accepter Gérer mes choixQuand la sécurité intérieure a appelé Joe Abraham, dimanche, pour avoir son accord afin de nommer l'opération en l'honneur de sa fille, il n'a pas hésité. "Je me suis dit : 'Ok, eh bien, je suis content d'entendre que quelqu'un reconnaît et salue Katie parce qu'elle mérite d'être reconnue et honorée"", a-t-il raconté au Washington Post. "S'il s'agit d'une opération visant à traquer les criminels sans papiers, je ne suis pas sûr qu'il y ait de controverse à ce sujet", a-t-il ajouté. "Si un autre parent n'a pas à subir ce que je vis… je suis tout à fait pour".
Une opération prétexte
Comme le souligne le Washington Post, les défenseurs des droits des immigrés et les démocrates de Chicago et de l'Illinois estiment pour leur part que cette opération est un prétexte. Selon eux, Donald Trump utilise la lutte contre la criminalité violente pour cibler les migrants sans papiers dans le cadre de sa campagne d'expulsions massives.
"Alors que le président Trump continue de se focaliser à tort sur le déploiement de l'armée à Chicago, son administration intensifie désormais sa campagne visant à arrêter les immigrants qui travaillent dur et qui n'ont pas de condamnation pénale", a ainsi déclaré le sénateur de l'Illinois Dick Durbin dans un communiqué. "Des études ont montré que les migrants entrant aux États-Unis, légalement ou sans autorisation, ne commettent pas d'autres crimes à un taux plus élevé que les citoyens américains", précise le quotidien américain.
Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixLe Washington Post a par ailleurs constaté, que même si l'ICE, l'administration chargée de contrôler l'immigration aux États-Unis, dit concentrer ses opérations de répression sur les immigrants auteurs de crimes violents, une analyse des données montre le contraire. "Ces individus ont toujours représenté un faible pourcentage des arrestations totales de sans-papiers, l'administration cherchant à atteindre les objectifs d'expulsions massives du président", démontre le journal avant de résumer que "l'administration cible de plus en plus les migrants sans papiers sans casier judiciaire".