
Des soldats chinois présents à l'aéroport de Tianjin, le 31 août 2025, pour accueillir le président russe Vladimir Poutine. © Vladimir Smirnov, AFP
Le président russe Vladimir Poutine est arrivé en Chine, dimanche 31 août dans la matinée, pour un sommet régional censé opposer à l'Occident un autre modèle de gouvernance qui rallierait une grande partie de la planète.
Vladimir Poutine, ses homologues iranien et turc Massoud Pezeshkian et Recep Tayyip Erdoğan, ainsi que le Premier ministre indien Narendra Modi, font partie d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement eurasiatiques attendus, avec des responsables de plusieurs organisations internationales ou régionales, au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) programmé autour du président chinois Xi Jinping dimanche et lundi dans la mégapole portuaire de Tianjin.
Certains participants, dont Vladimir Poutine et Massoud Pezeshkian, sont invités à prolonger leur séjour jusqu'à mercredi. Ils assisteront à la démonstration par leur hôte de ses capacités militaires, à la faveur d'un grandiose défilé célébrant à Pékin les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale et la victoire contre le Japon.
Le leader nord-coréen Kim Jong-un effectuera pour l'occasion une rare sortie hors de son pays reclus, pour se tenir chez le voisin et allié chinois au côté de Xi Jinping.
La Corée du Nord est devenue l'un des principaux alliés de la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine. Les services secrets de la Corée du Sud et de pays occidentaux ont affirmé que la Corée du Nord avait envoyé des milliers de soldats combattre avec les Russes.
La possibilité d'entretiens entre les leaders russe et nord-coréen, au-delà de leur présence simultanée à la parade militaire, reste à confirmer.
Un "ordre mondial multipolaire plus juste"
Un peu plus de deux semaines après avoir été reçu en grande pompe par Donald Trump en Alaska, Vladimir Poutine aura des discussions avec son hôte et grand allié chinois, prévues mardi à Pékin. Il doit parler lundi à Tianjin du conflit en Ukraine avec son collègue turc et du dossier nucléaire avec son collègue iranien. Une rencontre est également à l'agenda ce jour-là avec le Premier ministre indien.
De nombreux alliés de Kiev soupçonnent Pékin de soutenir Moscou contre l'Ukraine. La Chine invoque la neutralité et accuse les pays occidentaux de prolonger les hostilités en armant l'Ukraine.
Le président chinois a décrit mardi les relations avec la Russie comme "les plus stratégiquement importantes existant entre grands pays", dans un monde "troublé et changeant".
Le sommet va "consolider la solidarité à travers l'espace commun eurasiatique" face aux menaces, a déclaré le président russe à l'agence officielle Chine nouvelle. Il a fait écho au discours chinois en appelant lui aussi de ses vœux un "ordre mondial multipolaire plus juste".
Volodymyr Zelensky et le Premier ministre indien se sont parlé par téléphone. Le président ukrainien a dit sur les réseaux sociaux espérer que la nécessité d'un cessez-le-feu, soutenue selon lui par Narendra Modi, serait abordée en Chine.
Compétition régionale
L'abondante communication officielle chinoise en amont du sommet a exalté le multilatéralisme dont l'Organisation de coopération de Shanghai serait le modèle, loin des "mentalités de la Guerre froide et des notions dépassées de confrontation géopolitique", selon les mots de Chine nouvelle. Le sous-entendu visant les Américains et leurs alliés occidentaux ne fait aucun doute.
L'OCS associe 10 États membres et 16 pays observateurs ou partenaires et représente presque la moitié de la population mondiale et 23,5 % du PIB de la planète. Elle est volontiers présentée comme faisant contrepoids à l'Otan.
Elle tient ce qui est décrit comme son plus grand sommet depuis sa création en 2001 dans un contexte de crises multiples touchant directement ses membres : confrontation commerciale des États-Unis avec la Chine et l'Inde, guerre en Ukraine, querelle nucléaire iranienne..
L'OCS elle-même n'est pas préservée par les discordes. La Chine et l'Inde, qui se livrent une farouche compétition régionale, s'emploient à resserrer leurs liens après les hostilités qui les ont opposées en 2020 sur leur frontière, a fortiori avec les droits de douanes américains qui les frappent.
Le Premier ministre indien est arrivé samedi à Tianjin pour sa première visite en Chine depuis 2018. Il ne figure pas parmi les dirigeants annoncés au défilé de mercredi.
Avec AFP