La guerre entre Israël et le Hamas, en cours depuis l'attaque du 7 octobre, provoque une "dévastation" économique d'une "ampleur stupéfiante" à Gaza et par ricochet en Cisjordanie, pointe jeudi 12 septembre un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).
À Gaza, "les processus de production ont été interrompus ou détruits, les sources de revenus ont disparu, la pauvreté s'est intensifiée et étendue, des quartiers ont été éradiqués et des communautés et des villes ont été ruinées", souligne le rapport.
L'opération militaire "a provoqué des crises humanitaire, environnementale et sociale sans précédent et a transformé la région, qui est passée d'une situation de sous-développement à une situation de dévastation".
La guerre a éclaté après l'attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre en Israël, suivie d'une opération de représailles militaires intense et ininterrompue depuis octobre 2023. L'attaque du Hamas en Israël a entraîné la mort de 1 205 personnes, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens, qui incluent les otages tués en captivité.
L'opération militaire israélienne a tué plus de 41 000 personnes à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas. Le bureau des droits humains de l'ONU indique que la plupart des morts sont des femmes et des enfants.
Bilan économique catastrophique
Outre le bilan humain dévastateur, le bilan économique est catastrophique. Les auteurs du rapport estiment que le produit intérieur brut (PIB) de Gaza "a chuté de 81 % au cours du dernier trimestre 2023, entraînant une contraction de 22 % sur l'ensemble de l'année".
"À la mi-2024, l'économie de Gaza est tombée à moins d'un sixième de son niveau de 2022", souligne le rapport de la Cnuced, qui a basé ses calculs sur les chiffres trimestriels du bureau central palestinien de statistiques.
Au début de l'année 2024, entre 80 et 96 % des biens agricoles de Gaza - y compris les systèmes d'irrigation, les fermes d'élevage, les vergers, les machines et les installations de stockage - "ont été décimés", souligne la Cnuced, ce qui a aggravé "les niveaux déjà élevés d'insécurité alimentaire".
"Les destructions ont également touché de plein fouet le secteur privé, 82 % des entreprises, moteur essentiel de l'économie de Gaza, ayant été endommagées ou détruites", ajoute le rapport.
La Cisjordanie aussi touchée
L'attaque du Hamas et les représailles israéliennes ont aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie voisine et provoqué un déclin économique "aussi rapide qu'alarmant".
Depuis le 7 octobre, les forces israéliennes et les colons israéliens ont tué au moins 662 Palestiniens sur ce territoire, selon le ministère palestinien de la Santé. Au moins 23 Israéliens, dont des membres des forces de sécurité, ont été tués dans des attaques palestiniennes au cours de la même période, selon des responsables israéliens.
Si la Cisjordanie affichait une croissance de 4 % sur les neuf premiers mois de l'année dernière, l'optimisme a été "brusquement anéanti par une contraction sans précédent de 19 % au quatrième trimestre", entraînant "une baisse substantielle du niveau de vie et des revenus des ménages".
L'expansion des colonies illégales, la confiscation des terres, la démolition des structures palestiniennes, l'augmentation de la violence des colons et un nombre croissant de points de contrôle ont eu un effet délétère sur les activités économiques.
Même Jérusalem-Est est durement touchée. "80 % des entreprises de la vieille ville" ont cessé partiellement ou complètement leurs activités, précise le rapport.
Sur tout le territoire, la quasi-totalité des entreprises font état d'une baisse d'activité et 42,1 % d'une réduction de leurs effectifs.
Le taux de chômage a bondi de 12,9 % avant le conflit à 32 %, "érodant gravement la résistance économique des ménages palestiniens et exacerbant les difficultés sociales".
À Gaza, ce sont deux tiers des emplois d'avant-guerre qui ont disparu. Même avant la guerre, la pauvreté était déjà généralisée, mais aujourd'hui elle "touche presque toute la population de Gaza et augmente rapidement en Cisjordanie", selon la Cnuced.
Avec AFP