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Bassa Mawem - Escalade : "Sans mon frère, j'ai moins envie d'aller aux JO 2024"
Seul grimpeur français qui était déjà de la partie à Tokyo à s’être qualifié pour Paris, Bassa Mawem terminera sa carrière à 39 ans par la compétition d’escalade de vitesse aux JO 2024. Une échéance qu’il aborde sans pression mais le cœur lourd en raison de l’absence de son frère, Mickael Mawem, non qualifié.
Bassa Mawem - Escalade : "Sans mon frère, j'ai moins envie d'aller aux JO 2024"

"Honnêtement, je ne le vis pas hyper bien. J'ai moins envie d'aller aux Jeux." À 39 ans, Bassa Mawem ne fait pas de langue de bois. Pour le grimpeur néo-calédonien, les JO 2024 ont perdu un peu de goût depuis qu'il a appris que son petit frère, Mickael, ne serait pas de la partie, ce dernier ayant échoué à se qualifier pour l'épreuve d'escalade combiné.

Le cœur lourd, le vétéran de l'équipe de France aura tout de même à cœur de bien figurer : "C'est un privilège de pouvoir vivre les deux premiers Jeux de l'histoire de l'escalade," s'enthousiasme-t-il. "Ce sera ma dernière compétition. Vivre les JO à domicile, c'est le rêve d'une vie. Pour ma famille, pour toutes les personnes qui me suivent, pour la fédération, je me dois de faire mon maximum pour tenter d'accrocher une médaille."

La belle histoire de Tokyo ne se répétera donc pas. Lors de la précédente olympiade, les frères Mawem étaient les deux représentants masculins français. Mickaël avait validé sa qualification aux championnats du monde à l'été 2019 tandis que Bassa avait entériné la sienne trois mois plus tard au Tournoi de qualification olympique.

Les frères Mawem ensemble à Tokyo

À l'époque, le Covid-19 entraîne le report des Jeux de Tokyo mais est loin de freiner la préparation de Bassa : "J'ai eu vite des autorisations pour m'entraîner. C'était même la période la plus simple parce que j'avais les installations pour moi, je n'avais aucune contrainte et aucun travail", sourit-il.

Avec Mickaël, "on a vécu ensemble, on s'est entraîné ensemble. Vu qu'on était sur la même discipline, c'était top puisqu'on pouvait faire ensemble. Arrivés aux Jeux, on s'est dit qu'on allait aller jusqu'en finale ensemble et tenter de décrocher une médaille."

À Tokyo, les frères Mawem brillent lors de la demi-finale et décroche leur ticket pour la finale. Cependant, la belle histoire se gâte. Bassa se blesse à la fin de l'épreuve, victime d'une rupture du tendon inférieur du biceps.

"Il fallait prendre une décision : soit continuer, soit arrêter. Et pour mon frère, pour lui donner la force nécessaire pour pouvoir continuer, j'ai pris la décision rapidement de continuer. Mon frère n'a pas eu la médaille mais Mickaël s'est donné à fond et a même frôlé la médaille d'or", sourit son frère.

Le vétéran de l'équipe de France

Après ces Jeux, Bassa débute un long chemin de croix. Il doit se faire opérer de son bras puis est tenu éloigné des murs d'escalade pendant de longs mois. Et, lors de la reprise, tout est à refaire :

"J'ai mis un an à retrouver mon niveau et après il fallait que je gratte des places pour retrouver un niveau international", souffle le grimpeur.

Et le retour au premier plan se confirme au Tournoi de qualification d'escalade de vitesse de Rome en septembre 2023. Il y domine les meilleurs européens pour décrocher son ticket, contrairement à son frère qui échoue à faire de même aux qualifications continentales de combiné à Laval, puis lors des séries de qualifications olympiques à Shangaï.

Du haut de ses 1 m 83 pour 80 kg, Bassa Mawem est un spécialiste de la vitesse,  le "100 m de l'escalade". Alors qu'à Tokyo, cette épreuve de rapidité faisait partie du combiné, elle donnera lieu à une médaille séparée à Paris. Même si Bassa détient le record olympique en 5 secondes 45 mais s'attend à le voir largement battu en 2024 :

"J'ai toujours été fort mais je n'ai jamais été le plus fort. C'est ma régularité qui a fait tous les bons résultats que j'ai pu faire par le passé. Cette année, le record du monde est passé à 4 secondes 79. À l'entraînement, il y a des athlètes qui arrivent à faire 4 secondes 60", analyse-t-il, sans se voiler la face, son record personnel se situant à 5 secondes 27. "Je vais essayer de faire de mon mieux et on verra le résultat à la fin."

Transmettre l'escalade

À Paris, Bassa Mawem sera le plus vieux grimpeur à concourir du haut de ses 39 ans. En équipe de France, l'écart d'âge est également majeur puisque le plus âgé après lui est Sam Avezou à… 23 ans. Mais dans ce milieu décontracté qu'est "la grimpe", la différence d'âge est loin d'être un fossé entre passionnés. Le staff de l'équipe de France l'a incité à partager son expérience olympique à six coéquipiers et coéquipières qui vont découvrir le grand bain olympique :

"J'ai offert quelques indices sur comment gérer la pression, les médias, tous les à-côtés de JO. Après chacun vivra son expérience de manière différente et accompagné différemment. Mon conseil serait cependant simple : faites comme vous le sentez", explique-t-il, décontracté.

En fin de carrière, les deux frères ont déjà commencé à préparer la suite. Ensemble, ils ont ouvert une salle d'escalade à Colmar, en Alsace,  non loin du lieu où ils ont débuté la discipline.

"On est parti d'Alsace parce qu'il n'y avait pas suffisamment de moyens humains et matériels pour envisager une carrière de haut niveau.  On est revenu pour apporter toutes les compétences, tout ce qu'on a appris", détaille-t-il. "Notre projet, c'est de permettre à des jeunes de vivre tout ce qu'on a vécu. On souhaite que nos athlètes, un jour, fassent Los Angeles 2028 ou Brisbane 2032."

Bassa Mawem - Escalade : "Sans mon frère, j'ai moins envie d'aller aux JO 2024"