Il y a trois ans, la France avait battu le Japon chez lui dans le temple du judo, au Nippon Budokan. Lors des JO 2024, les Japonais ne sont pas parvenus à laver l'affront : les Français ont remporté la médaille d'or samedi 3 août lors de l'épreuve par équipes et restant invaincus dans cette épreuve introduite aux JO de Tokyo.
Une médaille à l'image du tournoi des Français : ils ont beaucoup brillé mais ce sont finalement reposé sur Teddy Riner pour empocher les médailles d'or. Face au Japon en finale, c'est lui qui a d'abord relancé les Français avant de leur donner la médaille dans le match décisif, à chaque fois au détriment du pauvre Tatsuru Saito
C'est Teddy Riner qui encourage ses coéquipiers, les a poussé à repartir au combat à chaque chute. Il n'a pas non plus hésiter à haranguer la foule pour faire la différence contre des Japonais. Seul médaille d'or en individuel, il a été central pour remporter le tournoi par équipes.
Avec cette nouvelle médaille d'or, il a encore un peu plus bâti sa légende olympique : il possède désormais 3 titres en individuels (2012, 2016, 2024), deux en équipes (2021, 2024) et deux médailles de bronze (2008-2021).
Une route vers la finale sans anicroches
Tête de série, la France a commencé son aventure collective par une large victoire face à la sélection israélienne (4-0). Elle a ensuite remporté son duel face à la Corée du Nord (4-1), conclu par Teddy Riner en personne avec une image cocasse : l'opposant de Riner, Joonhwan Lee, ne faisait que 83 kilos, contre 141,5 pour le Français. Et David n'a pas vaincu Goliath.
Au tour suivant, si Sarah-Léonie Cysique a apporté le point décisif contre l'Italie (4-1), Teddy Riner avait encore remporté son duel. Poussé par une Marseillaise a capella de l'Arena Champ-de-Mars, il a apporté le troisième point, face là encore à un adversaire plus léger (engagé en -100 kg habituellement) qui a systématiquement refusé le combat et a fini par être disqualifié.
Un objectif de 10 médailles qui est tenu
À la sortie des championnats du monde 2024 de Doha, Stéphane Nomis, le président de la Fédération française de judo, avait annoncé un cap clair pour le judo français : un record de 10 médailles et, si possible un maximum en or.
La première partie du pari a été tenu : Shirine Boukli (bronze en -48 kg), Luka Mkheidze (argent en -60 kg), Amandine Buchard (bronze en -52kg), Sarah-Léonie Cysique (bronze en -57 kg), Joan-Benjamin Gaba (argent en -73 kg), Clarisse Agbégnénou, (bronze en -63kg), Maxime-Gaël Ngayap Hambou (bronze en -90 kg), Romane Dicko (bronze en +78 kg) et Teddy Riner (or en +100 kg) ont rapporté neuf breloques lors des compétitions individuelles.
Ce total est impressionnant au vu des règles olympiques, étant donné qu'un seul judoka peut être sélectionné par nationalité et par catégorie de poids. La France réalise donc un époustouflant 9 sur 14 médailles possibles. Un record qui bat les 7 médailles individuelles obtenues à Tokyo.
"Déçu" des résultats chez les féminines
Malgré ce record, la Fédération française a fait savoir vendredi qu'elle n'était pas totalement satisfaite. La faute à un scénario trop vu et revu pendant la semaine : la Française, favorite de sa catégorie, survole son concours jusqu'un échec en quart ou en demi-finale. Elle se remobilise ensuite pour arracher une médaille de bronze.
"On ne peut pas rater autant. J'ai la meilleure équipe de tous les temps chez les féminines. J'ai raté cinq finales. Ce n'est pas possible. C'est qu'on a fait des erreurs. Il faut le reconnaître", a réagi Stéphane Nomis. "Oui, on fait des médailles dans l'équipe féminine, mais on n'a pas d'or et il nous manque des finales, donc forcément je suis très déçu.
Les figures de proue que sont Clarisse Agbégnénou, Romane Dicko et Madeleine Malonga n'ont pas été au niveau attendu :"Romane, sa place, ce n'est pas de faire troisième. Romane, elle est née pour être championne olympique", a-t-il estimé au sujet de la championne du monde 2022 . "On a notre part de responsabilité, le staff. Il y a un truc qu'on a raté", a-t-il ajouté.
Les résultats des championnats du monde de Doha en 2023 montrent que le ver était dans le fruit : la fédération s'était alors déjà plainte du manque d'or de son équipe de rêve.
Des hommes moins attendus et donc plus libérés
Du côté des hommes, la fédération avait moins d'attentes, se reposant surtout sur Luka Mkheidze, déjà médaillé à Tokyo, et l'inoxydable Teddy Riner. Le premier a parfaitement lancé les JO du judo français d'une médaille d'argent tandis que le second a offert la seule médaille d'or de la France en individuel.
Paradoxalement, le peu d'attente a ainsi libérer le reste de l'équipe. Dans l'ambiance incandescente de l'Arena Champ-de-Mars, on a ainsi vu Joan-Benjamin Gaba, simple médaillé de bronze à un championnat d'Europe, s'offrir une épopée vers la médaille d'argent au cours de laquelle il a battu d'anciens médaillés et champions du monde, avant de seulement s'incliner en finale.
Lors du tournoi par équipe, il est le seul avec Teddy Riner à être resté invaincu : 3 victoires en autant de matches, dont cet étouffant duel de plus de 10 minutes contre le champion olympique Hifumi Abe.
Mais c'est aussi l'extraordinaire force de l'équipe de France : quand un de ses membres faillli, d'autres sont là pour les relever.