Énumérer de mémoire le palmarès de Teddy Riner pourrait être une épreuve en soi : onze titres de champion du monde, cinq titres de champions du monde, quatre victoires en Masters, huit titres en Grand Chelem et désormais six médailles olympiques, dont trois titres
Teddy Riner n'est pas homme à se satisfaire de "si peu". L'ogre de 2,03 m et 140 kg a encore faim et compte bien "être et devenir encore plus", clamait-il avant les JO. Cette médaille en or apporte une nouvelle pierre à son édifice : il devient le judoka le plus médaillé de l'histoire des Jeux olympiques : six breloques conquises avant même la compétition par équipes samedi.
En finale, contre le champion du monde coréen Kim Min-jong, Teddy Riner a vaincu d'un ippon.
Il a su remettre d'un premier combat laborieux contre l'Emirati Magomedomar Magomedomarov remporté en prolongation sur pénalités pour lancer sa conquête.
Dans un combat électrique et mal engagé, il a renversé le Géorgien Guram Tushishvili, vice-champion olympique de Tokyo et bourreau au tour précédent du Sénégalais Mbagnick Ndiaye. Ca a même chauffé entre les deux hommes après le ippon, au point que l'adversaire a doublé sa décision d'une disqualification de Tushishvili, qui a été exclu des JO 2024 et ne disputera pas la compétition par équipes prévu samedi.
En demi-finale, Teddy Riner a moins souffert. Il a battu le Tadjik Temur Rakhimov par ippon après 1 min 45 de combat en demie pour s'assurer d'une médaille.
M. Olympisme à la française
Avec les Jeux olympiques, Teddy Riner a tout connu. Il n'a que 19 ans quand il goûte à ses premiers. En Chine, à Pékin, il goûte pour la première fois au podium olympique : une troisième place que juge pourtant décevante ce compétiteur dans l'âme.
Il a l'occasion de faire mieux à Londres. Dans une salle complètement acquise à sa cause, il goûte à sa première médaille d'or, battant en finale le Russe Alexander Mikhaylin, double champion du monde.
Quatre ans après, il est désormais porte-drapeau de la délégation française lors de la cérémonie d'ouverture à Rio. Pas de quoi le perturber : il écrase le le Japonais Hisayoshi Harasawa en finale. De quoi le faire intégrer un club fermé, alors uniquement composé de David Douillet et Marie-José Perec, d'athlètes sacrés en ayant été porte-drapeau. Depuis, Clarisse Agbégnénou les a rejoints.
Reste Tokyo. Teddy Riner rêvait alors d'un triplé de titre inédit dans l'histoire des lourds, qui plus est accompli dans le temple du judo, le Nippon Budokan. Mais il perd contre le Russe Tamerlan Bashaev en quart des JO en prolongation : "c'est compliqué de perdre de cette manière-là, après, les Jeux, c'est les Jeux, et heureusement qu'il y a la médaille de bronze derrière pour rebondir". Incapable de se laisser abattre, il se remobilisera aussi pour aller conquérir le lendemain l'or par équipes mixtes. De quoi afficher son côté leader de vestiaire.
Si Teddy Riner rêvait d'être porte-drapeau à Paris, le comité d'organisation lui a fait un cadeau encore plus grand. Allumer la vasque olympique au jardin des Tuileries, conjointement avec Marie-José Perec.
"Il y a beaucoup d’émotions. C’est quelque chose qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. C’était juste magique", a décrit le judoka.
"La version de moi de 2024 est bien plus forte"
Restait à se reconcentrer sur sa compétition qu'il attend depuis Tokyo. Depuis trois ans, il a enchaîné compétitions et stages à travers le monde et est Invaincu depuis ses derniers, en envoyant au tapis plusieurs champions du monde.
"La version de moi de 2024 est bien plus forte", assure-t-il: "mentalement, physiquement, sur le judo, au sol, debout, sur les mains, sur les attaques, je suis meilleur".
"Je l'ai rarement vu aussi affûté, il est plus puissant", confirme Franck Chambily, son entraîneur de toujours, qui s'inquiète pour ses adversaires: "Teddy est appelé le Boss dans le milieu.".
Hors du tatami, plus puissant, Riner l'est aussi. Proche du roi du Maroc, il vit entre Marrakech, "sa base arrière", Paris, pour quelques entraînements avec le PSG ou à l'Insep, et le reste du monde, pour des stages.
"Il nous pousse tout le temps dans nos retranchements, à repenser l'avenir du judo", témoigne à l'AFP Stéphane Nomis, président de la fédération française, qui le voit comme "l'ambassadeur n°1 du judo avec Clarisse" Agbégnénou.
Va-t-il pousser jusqu'aux JO de Los Angeles ? Le colosse l'a laissé entendre à plusieurs reprises.... Après tout, qu'est ce qui est mieux après tout six médailles ? Peut-être sept... Que ce soit samedi par équipes ou dans quatre ans aux Etats-Unis.