La candidate désignée par la gauche pour Matignon, Lucie Castets, a demandé au président de la République de "prendre ses responsabilités" et de la nommer Première ministre, tout en affirmant qu'une coalition entre la gauche et le camp présidentiel était "impossible".
Déplorant sur France Inter "l'inconséquence" et le "déni de démocratie" du président qui a balayé d'un revers de main mardi soir, lors d'une interview sur France 2, sa candidature, la haute fonctionnaire de 37 ans a demandé à Emmanuel Macron de prendre "ses responsabilités" et de la "nommer" Première ministre.
"Le moment est grave et on ne peut pas ajourner ce type de décision", a-t-elle insisté, alors que le chef de l'État a indiqué qu'il ne nommerait pas de nouveau gouvernement avant la fin des Jeux olympiques, c'est-à-dire "mi-août".
Lucie Castets a par ailleurs assuré qu'"une coalition avec le camp présidentiel [était] impossible du fait de […] désaccords profonds".
"Il n'y a pas de coalition possible entre des personnes qui pensent qu'il faut financer davantage les services publics et ceux qui pensent qu'il est urgent de réduire les moyens. Il n'y a pas d'accord possible entre ceux qui veulent que chacun paie sa juste part d'impôts et ceux qui proposent plutôt des allégements d'impôts aux personnes les plus favorisées", a-t-elle martelé.
Pour cette énarque, "les résultats des élections sont absolument clairs. C'est un rejet de la politique du gouvernement sortant et c'est la demande d'une nouvelle orientation politique".
"Notre base de départ, c'est le programme du Nouveau Front populaire. Ensuite, si des députés, des personnalités politiques, mais aussi des personnalités de la société civile souhaitent nous rejoindre, c'est sur la base de ce programme", a-t-elle souligné.
Directrice des finances et des achats à la Ville de Paris
Âgée de 37 ans, Lucie Castets est actuellement directrice des finances et des achats à la Ville de Paris. C'est une des figures de proue du collectif "Nos services publics", résolument opposé à la politique du gouvernement sortant pour la fonction publique.
"Elle a un parcours professionnel au service de l'État et des collectivités territoriales remarquable, avec des engagements forts sur la justice fiscale, la lutte contre l'évasion fiscale", souligne le cofondateur de "Nos Services publics" Arnaud Bontemps.
"Elle coche beaucoup de cases", a souligné le chef des communistes Fabien Roussel sur BFMTV, saluant aussi une femme "engagée dans la lutte contre la criminalité financière, la fraude fiscale".
La maire de Paris Anne Hidalgo évoque "une très bonne directrice des finances", qui gère un budget de 10 milliards d'euros "avec beaucoup de sérieux".
Lucie Castets, qui dit avoir été encartée au Parti socialiste autour de 2008-2011 mais n'avoir aucune affiliation partisane, faisait partie dans les années 2010 d'un think tank "Point d'ancrage", revendiqué "social-réformiste".
L'une de ses collègues au sein de ce cercle de réflexion se rappelle d'une femme "très sérieuse, très intelligente", dont l'une des premières notes portait sur la taxation écologique.
Proche du courant "Besoin de gauche" porté par l'ex-ministre socialiste des Finances Pierre Moscovici, Lucie Castets s'était notamment impliquée dans le combat pour le mariage pour tous, l'égalité hommes-femmes, mais aussi pour une meilleure redistribution des finances mondiales.
Elle fait aussi partie du bureau de l'Observatoire national de l'extrême droite, aux côtés notamment des Insoumis Thomas Portes et Caroline Fiat, et de Marine Tondelier.
"On va aller chercher des coalitions"
Consciente "que nous n'avons pas de majorité absolue", elle a précisé au micro de France Inter sa méthode : "L'idée, c'est de convaincre texte après texte, loi après loi".
"On va chercher des accords [!], on va aller chercher des coalitions", a-t-elle ajouté , précisant que sur certains sujets. Comme les services publics, dont elle est une ardente défenseure au sein du collectif "Nos services publics" qu'elle a cofondé, qui "peuvent rassembler très largement".
Elle a aussi estimé pouvoir "trouver des accords larges à l'Assemblée" sur les sujets écologiques.
Elle a prôné "un changement de cap, un changement de méthode" par rapport au gouvernement sortant, critiquant "une pratique du pouvoir extrêmement vertical, un parlement méprisé, un président qui décide souvent seul et un dialogue social au point mort".
Enfin, elle a précisé que parmi ses "premières priorités", il y avait "l'abrogation de la réforme des retraites, car c'est une réforme injuste".
Avec AFP.