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Accepter Gérer mes choixLa vitesse et le calme, le mouvement et l’imprévisibilité. Ce sont les mots qui viennent à Ainhoa Leiceaga pour évoquer sa passion : le surf. “C'est incomparable, l'énergie de l'océan,” exulte la jeune athlète au sourire généreux que nous retrouvons à la sortie de l’eau après une session “plaisir” à Anglet (Pyrénées-Atlantiques). À l’inverse, le surf peut parfois être synonyme de déception. Surtout lorsqu’on le pratique en compétition : lors des derniers championnats de France qui se déroulaient sur la Grande Plage de Biarritz, la Basque n’a pas su se démarquer sur un océan déchaîné par l’orage.
“Je me suis dit : j'en veux plus !”
Mais le surf, c’est aussi la persévérance. Ainhoa a commencé à l’âge de neuf ans, un peu par hasard, grâce à ses grands-parents. “Nous allions souvent à la plage à Hendaye l'été.” L’achat d’un petit bodyboard de loisir a tout changé : “J'ai accroché cette sensation de glisse et je me suis dit, j'en veux plus !”
Entraînements physiques, compétition… Treize ans plus tard, la vie d’Ainhoa s’organise autour d’une passion devenue vocation. Dans sa maison typiquement basque, à Urrugne, le garage croule sous les dizaines de planches qu’elle a collectionnées au fil des années. Longboard, shortboard… “Il faut pouvoir s’adapter à tous les cas de figure”. En cette journée qu’elle qualifie “un peu tempête”, la surfeuse embarque dans son van direction La Barre, plage “abritée” au nord d’Anglet et à l’embouchure de l’Adour.
Réputée pour la grande variété de ses vagues, la côte Atlantique attire les surfeurs du monde entier. Encore très confidentielle jusque dans les années 1980, la pratique, et toute l’industrie qui l’entoure, se développent depuis à vitesse grand V. La Fédération française de surf recense aujourd’hui 80 000 licenciés, mais on estime à 1 million au total le nombre de personnes qui surfent en France, et 35 millions au niveau mondial.
Le long de la côte, les écoles de surf ne désemplissent pas – au point parfois d’en déplaire aux locaux, qui tentent jalousement de garder secrètes leurs plus belles vagues et s’exaspèrent de la présence encombrante des “kooks” (les novices) à l’eau. Mais l’ambiance reste globalement bonne, selon Ainhoa, qui estime qu'il faut savoir partager. “C’est vrai que c’est beau,” souffle-t-elle, le regard perdu vers l’océan, ses mèches blondes séchées par le vent et le soleil. “Forcément, ça fait que le surf se développe.”
“Surfer dans un océan malade”
Surfer, c’est aussi un état d’esprit : celui de jouer, en harmonie avec son environnement. Et pour Ainhoa, étudiante assidue en physique-chimie par ailleurs, c’est primordial. Pratiquer un sport en pleine nature la place aux premières loges face aux évolutions des écosystèmes dues au changement climatique. Érosion du littoral, pollution de l’eau… “On se retrouve à surfer dans un océan malade,” déplore-t-elle. “C'est pour ça que j'essaie de sensibiliser les gens autour de moi, de ma famille aux personnes qui me suivent sur les réseaux sociaux.”
Bien que flanquée d’un imaginaire “eco-friendly”, la pratique du surf s’avère souvent dommageable pour l’environnement : combinaisons en néoprène, polluant et difficilement recyclable, planches aux composants cancérigènes, wax à la paraffine (donc au pétrole) et crèmes solaires nocives pour l'environnement, sans compter les voyages en avion pour chasser “la” vague ou les piscines à vagues artificielles… Sur le plan écologique, et malgré quelques alternatives qui commencent à pointer le bout de leur nez, le surf tient plutôt du mauvais élève. “C’est vrai, parfois l'écologie passe à la trappe, se désole Ainhoa, surtout quand on est dans la performance.”
C’est d’ailleurs bien un avion que devront emprunter cet été la plupart des surfeurs et surfeuses qui défendront les couleurs de leur pays aux Jeux olympiques. Les épreuves se dérouleront bien loin de Paris, dans l’océan Pacifique, sur la mythique vague tahitienne de Teahupoo.