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"Purge" à LFI, Hollande candidat et manifestations... Une journée à rebondissements pour le NFP
Souvent critiquée pour son manque de démocratie interne, la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon fait face samedi à de nouvelles accusations de "purge", après avoir écarté des voix critiques en interne. Le même jour, l'ancien président François Hollande a fait un retour politique inattendu en indiquant se présenter comme candidat dans son fief en Corrèze sous l'étiquette Nouveau Front populaire.

Coup de massue à gauche, à peine réunie sous la bannière du Nouveau Front populaire, la décision de LFI de ne pas réinvestir plusieurs figures opposées à Jean-Luc Mélenchon a mis le feu aux poudres, une crise qui risque d'être également entretenue par la candidature surprise de François Hollande.

Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a accusé La France insoumise de "salir" le Nouveau Front populaire par "des décisions irresponsables". La patronne des Écologistes Marine Tondelier, "extrêmement choquée", a dénoncé "une purge".

Les causes de la grogne sont doubles : un proche de Jean-Luc Mélenchon, Adrien Quatennens, député sortant du Nord condamné en 2022 à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour violences conjugales, a été réinvesti vendredi soir par la formation de gauche radicale.

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En revanche, Danielle Simonnet, élue à Paris, ainsi que Raquel Garrido et Alexis Corbière, députés de Seine-Saint-Denis, opposés à la ligne du tribun, ont été brutalement écartés et remplacés par d'autres candidats inconnus du grand public.

Une manière pour Jean-Luc Mélenchon de "régler ses comptes" avec ses anciens proches, a accusé Alexis Corbière.

"Les investitures à vie n'existent pas", a répondu le leader de LFI dans "20 minutes", estimant qu'il fallait "élargir les candidatures aux militants syndicaux et associatifs" et leur réserver "des sièges très gagnables", donc à la place de ces députés sortants historiques.

"La cohérence politique et la loyauté dans le premier groupe parlementaire de gauche sont aussi une exigence pour gouverner", a-t-il ajouté, en référence aux critiques des députés non réinvestis sur sa ligne politique.

"Ces gens-là prévoyaient de ne pas être dans notre groupe parlementaire après l'élection", accuse un proche de Jean-Luc Mélenchon.

Et le leader insoumis de déplorer le mot "purge". "Ne recommençons pas avec les mots qui blessent. Donnons-nous un avis sur les candidatures des partenaires ? Devons-nous soutenir des dissidents à notre tour ?", a-t-il menacé, affirmant que "cet accord n’est pas une affaire de personne mais de programme".

Mais les divisions au sein de LFI ne risquent-elles pas d'affaiblir le Nouveau Front populaire, à deux semaines du premier tour?

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"Il faut être dingue pour penser que de telles méthodes n'auront pas d'influence sur la mobilisation", a regretté Alexis Corbière.

Ligne unitaire

Raquel Garrido, Danielle Simonnet et Alexis Corbière ont annoncé maintenir leur candidature, même sans l'étiquette LFI.

À la manifestation parisienne contre l'extrême droite, Danielle Simonnet, affichant un grand sourire, a fait une apparition dans le cortège, aux côtes de représentants de la direction comme Danièle Obono ou Sophia Chikirou.

"Quelqu'un d'un autre parti a fait entrer Simonnet dans le carré de tête, LFI ne voulait pas", a expliqué à l'AFP un élu sur place.

Avant que le cortège ne s'élance, Olivier Faure et Marine Tondelier, accompagnés du sénateur communiste Ian Brossat, ont pris la parole avec la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, sans un mot sur la crise actuelle.

Deux autres députés sortants, Hendrik Davi (Bouches-du-Rhône) et Frédéric Mathieu (Ille-et-Vilaine), ne sont pas non plus dans la liste des candidats de LFI pour le scrutin des 30 juin et 7 juillet.

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Aux yeux de la direction, ces cinq élus sont coupables d'avoir dénoncé le manque de démocratie au sein du mouvement et, selon M. Corbière, d'avoir "porté une ligne plus unitaire".

"Sans laisse ni muselière"

"L'extrême droite tape à la porte du pouvoir. Et que font-ils ? Ils divisent. Ils purgent des candidats sortants, sans autre motif qu'ils et elles ont une parole libre, sans laisse ni muselière", a dénoncé François Ruffin samedi.

Plus discret médiatiquement que d'autres dans sa dénonciation de la machine insoumise, le député de la Somme a semblé acter dès vendredi soir sa rupture avec LFI.

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Il a d'ailleurs été investi comme "porte-parole de Picardie Debout", son micro-parti, et rangé avec les candidats d'ouverture, comme Philippe Poutou.

Clémentine Autain, autre frondeuse, a accusé la direction de LFI de "créer du dégoût de la politique".

Autre sujet potentiel de zizanie au sein du Nouveau Front populaire, la candidature de François Hollande en Corrèze, qui a surpris jusque dans les rangs socialistes et dont le bilan au pouvoir est critiqué par une grande partie de la gauche.

"Est-ce qu'on peut croire que M. Hollande s'est converti en une nuit? Que d'un seul coup le voilà favorable à la retraite à 60 ans. Que d'un seul coup le voilà favorable à l'indexation des salaires sur l'inflation? J'en doute", s'est demandé François Ruffin en marge de la manifestation à Amiens contre l'extrême droite.

Avec AFP

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