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Sous pression de la Russie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la Lituanie vote dimanche pour le deuxième tour de l'élection présidentielle. Le président sortant, Gitanas Nauseda, élu pour la première fois en 2019, est favori face à la première ministre, Ingrida Simonyte.

Le chef de l'État sortant et la Première ministre s'affrontent dimanche 26 mai lors du deuxième tour de l'élection présidentielle en Lituanie, au moment où ce pays balte, craignant la Russie, se concentre sur les questions de défense et de sécurité. 

Si les deux candidats s'accordent pour augmenter le budget alloué à la défense, leurs différences personnelles semblent jouer un grand rôle dans le scrutin. 

L'ancien banquier Gitanas Nauseda, 60 ans, est le grand favori pour remporter un second mandat de cinq ans à la tête du pays de 2,8 millions d'habitants, membre de l'Otan et de l'UE. 

Le président lituanien dirige la politique de défense et la politique étrangère et assiste aux sommets de l'UE et de l'Otan, mais il doit consulter le gouvernement et le parlement pour nommer les plus hauts responsables.

Avant le second tour, Gitanas Nauseda a déclaré s'attendre à recueillir 75 % des voix, après en avoir obtenu près de 44 % au premier.

La Première ministre Ingrida Simonyte, candidate des conservateurs au pouvoir, n'a obtenu que 20 % des voix au premier tour, il y a quinze jours.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux dimanche, Gitanas Nauseda a invité les gens à attendre les résultats des élections dans le jardin du palais présidentiel, ce qui a incité la commission électorale à l'avertir d'une possible violation du silence électoral. 

Mais le porte-parole du président, Ridas Jasiulionis, a déclaré aux médias locaux que le président n'effacerait pas son message sur Facebook, affirmant qu'il ne faisait pas campagne.

Ingrida Simonyte, 49 ans, se présente pour la deuxième fois à l'élection présidentielle, après avoir été battue par Gitanas Nauseda au second tour en 2019.

Renforcer l'armée          

Les deux candidats s'accordent sur la nécessité d'augmenter les dépenses de défense pour contrer la menace de Moscou.

Selon l'institut Kiel, basé en Allemagne, la Lituanie se classe dans le trio de tête des donateurs à l'Ukraine déchirée par la guerre, en pourcentage du PIB.

Cette semaine, le gouvernement de Mme Simonyte a proposé de porter le budget de défense à 3 % du PIB.

Le gouvernement veut notamment utiliser ces fonds pour renforcer l'armée et financer le stationnement sur son territoire d'une brigade allemande. Berlin prévoit d'achever l'installation d'environ 5 000 soldats en Lituanie d'ici 2027.

Les relations difficiles entre Gitanas Nauseda et les conservateurs au pouvoir ont parfois suscité des débats de politique étrangère, notamment sur les relations avec la Chine. 

Les liens entre les deux pays se sont tendus en 2021, lorsque la Lituanie a autorisé Taïwan à ouvrir une ambassade de facto à Vilnius sous son propre nom, s'écartant de la pratique diplomatique courante qui consiste à utiliser le nom de la capitale taïwanaise, Taipei, pour éviter de fâcher la Chine.

Pékin, qui considère Taïwan comme une partie de son territoire et s'oppose à tout soutien à l'île susceptible de lui conférer une quelconque légitimité internationale, a dégradé ses relations diplomatiques avec Vilnius et bloqué ses exportations. 

Certains responsables politiques lituaniens ont préconisé le rétablissement des relations avec la Chine pour le bien de l'économie.

Gitanas Nauseda a souligné lors la campagne électorale la nécessité de changer le nom de la représentation taïwanaise, tandis que Ingrida Simonyte s'y oppose.

Mais pour les électeurs lituaniens, les différences personnelles entre les candidats, la politique économique et les droits humains semblent jouer un rôle plus important. 

Simonyte plus libérale 

Ingrida Simonyte bénéficie du soutien des libéraux des grandes villes et des conservateurs traditionnels. 

Conservatrice sur le plan budgétaire, elle a des opinions libérales sur les questions sociales et soutien la reconnaissance des unions entre personnes de même sexe, ce qui suscitent encore la controverse dans ce pays majoritairement catholique.

"J'aimerais voir des progrès plus rapides [...] plus de tolérance pour les gens qui sont différents de nous", a déclaré Ingrida Simonyte lors d'un vote anticipé jeudi.

Elle est connue pour son sens de l'humour et écrit ses propres messages sur les réseaux sociaux

Gitanas Nauseda, modéré sur nombre de sujets, s'est imposé comme un promoteur de l'État-providence, avec des opinions conservatrices sur les droits des homosexuels.

"Les cinq dernières années ont montré que j'ai essayé d'atteindre les objectifs que je m'étais fixés", a-t-il déclaré également lors d'un vote anticipé jeudi.

Les bureaux de vote fermeront à 17 h GMT. Aucun sondage de sortie des urnes n'est attendu.

Avec AFP