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JO 2024 : Lauriane Nolot, la reine du kitefoil et l'atout fraîcheur de l’équipe de France
De notre envoyé spécial à Marseille – Grande de l'épreuve de kitefoil, une toute nouvelle discipline de la voile olympique, la Française Lauriane Nolot attend le mois d'août avec impatience. La championne du monde en titre espère décrocher la première médaille d'or olympique de sa discipline, tout en rappelant que la voile aussi peut être fun. Rencontre.

Lunette de soleil vissées sur le nez, Lauriane Nolot apparaît, cheveux au vent. Ce même vent du plan d'eau de Marseille qu'elle compte dompter, à partir du 4 août, pour devenir la première championne olympique de l'histoire du kitefoil.

"Mon objectif, c'est de gagner la médaille d'or", affirme-t-elle d'un air déterminé avant de partir dans un grand éclat de rire. Impossible pour elle de rester sérieuse trop longtemps.

Pourtant son palmarès est loin de prêter à rire. Dans sa discipline, Lauriane Nolot règne en maîtresse absolue : championne d’Europe en titre (en mars 2024 à Mar Menor, en Espagne), championne du monde 2023, vainqueur du Test Event à Marseille et élue Marin de l’année 2023 par la Fédération française de voile (FFV). Il est donc tout à fait logique que la triple championne du monde ait été choisie pour représenter la France aux JO.

Non, ce qui la fait rire, c'est qu'elle n'aurait jamais imaginé que le kitesurf, version kitefoil, se fasse une place aux JO. Un "sport de plage" comme aime ironiser la sportive de 25 ans.

🪁 Did you know that formula kite will make its Olympic debut at #Paris2024?
Lauriane Nolot, French kiteboarding prodigy is aiming for a historic gold.🏅

Watch the world champion's story unfold before taking on the world's biggest sporting stage at home. 👉… pic.twitter.com/LeEDmxctAt

— The Olympic Games (@Olympics) April 10, 2024

"Petite, je regardais l'athlétisme mais je ne suis pas une grande passionnée des JO", confesse-t-elle. "Pour moi les athlètes olympiques, c'étaient des ovnis. Et dire que moi je vais y aller, je trouve ça absolument fou. À trois mois de l'échéance, je ne réalise toujours pas."

Le kitesurf pour "aller plus vite que les garçons"

Adolescente, le kite n'était pourtant qu’un loisir. La native de Toulon, dans le sud de la France, préférait plutôt l'équitation. Au sein d’une famille très sportive, elle n’allait dans l'eau que pour le plaisir d’accompagner son père et son frère lors des sorties en planche à voile sur la Méditerranée."J'ai commencé le kitesurf pour m'amuser avec ma famille", se rappelle Lauriane Nolot. " C'était un sport passion. Ça l'est toujours."

En 2017, elle essaie le kite lors d'un stage à Hyères, près de chez elle. C'est le coup de foudre. D'autant que rapidement, Ariane Imbert, une des plus importantes figures de la discipline en France, lui met le grappin dessus et commence à la former. Elle continue de s’entraîner essentiellement dans la ville du Var, même si l’approche des JO l’oblige à pratiquer de plus en plus à Marseille. 

"Elle a envie d'aller vite, plus vite que les garçons. C'est une force pour elle. Elle ne veut pas simplement être la première féminine : elle a envie de progresser dans tous les domaines", dit en souriant Ariane Imbert, entraîneure nationale de l'équipe de kitefoil.

Le kitefoil a-t-il changé ?

La passion de Lauriane Nolot se retrouve en pleine lumière lorsque le 10 juin 2021, le CIO prend la décision de l'ajouter au programme olympique.

"Cela a changé beaucoup de choses pour la discipline. De base, nous n'étions pas des sportifs professionnels, On était entre guillemets des 'glissous' qui faisions du kite pour le plaisir... Il y a eu une énorme professionnalisation", explique Lauriane Nolot.

"Il y a forcément des aspects des sports de glisse qu'il faut calmer. On a arrêté de faire la fête, de prendre l'apéritif sur la plage après chaque entraînement", plaisante-elle.

Le débat est le même que pour l'escalade ou encore le skateboard : en passant au stade olympique, le "kite" aurait-il perdu son âme ? Pas du tout, assure la championne du monde : " On a réussi à garder notre fraîcheur et notre côté fun", assure-t-elle.

Des "glissou" chez "les voileux"

À voir Lauriane Nolot évoluer dans le cadre habituellement balisé et souvent sérieux d'une journée ouverte à la presse par la Fédération française de voile, nous sommes enclins à la croire. Elle ne peut s'empêcher de faire le show, avec la complicité d'Axel Mazella, le représentant français masculin, avec qui elle s'entraîne toute l'année à Hyères.

JO 2024 : Lauriane Nolot, la reine du kitefoil et l'atout fraîcheur de l’équipe de France

Pas assez de vent pour sortir en mer ? Qu'à cela ne tienne, les deux compères empruntent le voilier ILCA de Jean-Baptiste Bernaz, un autre olympien de l'équipe de voile, "pour une initiation". Les deux adeptes de la glisse tentent de le manœuvrer, tombent à l'eau, rigolent devant l'œil amusé de leurs camarades tricolores. Jean-Baptiste Bernaz n'est pas en reste lorsqu'il s'agit de taquiner :  "Lauriane a le droit de toucher à mon ILCA, elle est championne du monde, elle", lance-t-il à Axel Mazella, qui n'a pour le moment qu'une troisième place à son actif.

"Ce que j'adore avec Jean-Baptiste, c'est qu'il a beau faire de l'ILCA, un bateau qui existe depuis des années, il est toujours curieux des nouveaux sports", loue Lauriane Nolot. 'Il est venu avec moi faire du kitefoil. Il y a énormément de partage entre nous !"

"On a une équipe de voile assez incroyable. Elle est constituée de grands champions comme Jean-Baptiste Bernaz et Charline Picon [médaillée d'argent en planche à voile à Tokyo]. Nous, quand nous sommes arrivés ici, nous étions un peu des rookies avec notre 'sport de plage' qui n'a jamais été olympique", raconte la kitefoileuse. "Les 'voileux' ont dû se dire que les 'kiteux étaient des petits rigolos'. On a appris de leur rigueur et on a dû leur apporter un peu de fraîcheur. On a permis à tout le monde de reprendre du plaisir et du fun. Eux, nous ont apporté leur expérience et la professionnalisation."

"Ça fait aussi partie des qualités de Lauriane : c'est une boute-en-train et une boule d'énergie", salue Ariane Imbert.

"Débrancher le cerveau"

La championne du monde explique ce qu'elle ressent une fois sur l'eau : "Je débranche le cerveau. Faut pas hésiter à s’engager. Il faut aller très vite. Ça évite de trop penser aux boîtes", ces chutes qui, dans un sport où la vitesse peut culminer à 80 km/h, sont forcément redoutées.

"J'arrive à déconnecter dès que je vais sur l'eau. Je ne pense plus qu'à mon kite et mes sensations et je me mets dans le mode course", continue-t-elle.

D'ici les Jeux, Lauriane Nolot ne changera pas de méthode : "On va continuer à s'entraîner sur le plan d'eau de Marseille au maximum, continuer la préparation physique et mentale et tenter de pousser tous les curseurs au maximum."

Le tout dans la bonne humeur caractéristique de Lauriane Nolot.

JO 2024 : Lauriane Nolot, la reine du kitefoil et l'atout fraîcheur de l’équipe de France