
À la une de la presse, ce lundi 6 mai, la visite officielle, aujourd’hui et demain, du président chinois Xi Jinping en France. L’émoi provoqué par la violente agression, vendredi, d’un eurodéputé du SPD en Allemagne. La fermeture de la chaîne qatarie Al Jazeera en Israël, et la grève des journalistes de la Raï, la télé publique italienne. Et la fin annoncée d’une émission française mythique.
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À la une de la presse officielle, la visite, aujourd’hui et demain, en France, du président chinois Xi Jinping, pour les 60 ans des relations diplomatiques franco-chinoises.
"Une visite pour consolider des liens solides" : The China Daily assure que "le renforcement de l’amitié franco-chinoise sera aussi une aubaine pour le reste du monde". The Global Times, autre quotidien officiel, soutient que les "liens" entre la France et la Chine "profitent à leurs peuples", et contribuent à "la stabilité mondiale", en expliquant que Xi Jinping se rend en France, mais aussi, dans la foulée, en Serbie et en Hongrie, parce que la France a été "le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine", que la Serbie est "le premier partenaire stratégique de la Chine en Europe centrale et orientale, et une amie à toute épreuve" de Pékin, et la Hongrie "un partenaire important pour faire progresser la coopération" dans le cadre des nouvelles routes de la soie. Dans une lettre publiée par Le Figaro, Xi Jinping, en pleine opération séduction, vante "le charme unique" de la France, "berceau de tant de grands philosophes, écrivains et artistes qui ont inspiré l'humanité", en promettant que la Chine travaillera avec la France pour "préserver la paix et la stabilité dans le monde".
La presse française est moins enthousiaste. Pour Le Figaro, la visite de Xi Jinping aurait surtout pour but de "neutraliser" l’Europe, de "creuser les divisions du bloc occidental". Les Échos rappellent, de leur côté, le contexte de la guerre en Ukraine et des rivalités commerciales, qui ont "détérioré" les relations entre Paris et Pékin. Des tensions également évoquées par L’Humanité, qui dénonce le "jeu de dupes" entre Xi Jinping et Emmanuel Macron, qui serait écartelé entre "la puissance états-unienne, la "troisième voie" européenne et les opportunités économiques offertes par Pékin". Le Nouvel Obs accuse carrément le président français de faire preuve du "même aveuglement" à l’égard de Xi Jinping que vis-à-vis de Vladimir Poutine. "Emmanuel Macron se veut le champion de l’"autonomie stratégique" de l’Europe, mais sa politique envers Pékin, qui évite les sujets sensibles, brouille son message et dessert son ambition", cingle l’hebdo. À propos de sujets sensibles, Le Monde indique que près d’un millier de manifestants, principalement tibétains et ouïghours, se sont mobilisés, dimanche, à Paris, pour protester contre la visite du président chinois.
La visite de Xi Jinping est également scrutée de près par la presse étrangère. Le journal suisse Le Temps évoque des "retrouvailles incertaines" et exprime ses doutes sur l’attitude consistant à "courtiser" la Chine, à cause de sa "capacité supposée à freiner la dérive guerrière de son allié russe". "Entre les disputes sur les voitures électriques, le cognac et l'Ukraine, le dîner du président français avec Xi Jinping ne sera peut-être pas très amusant", pronostique le site américain Politico, en présentant les deux dirigeants comme "deux empereurs prêts à se battre". Enfin The New York Times confirme que le dirigeant chinois "a soigneusement choisi les trois pays" où il se rend en visite, la France, la Serbie et la Hongrie, car tous trois "soutiennent, selon lui, à des degrés divers les efforts de Pékin en faveur d’un nouvel ordre mondial".
En Allemagne, la violente agression, vendredi, de l’eurodéputé SPD Matthias Elcke provoque l’indignation. Grièvement blessé alors qu’il collait des affiches pour les élections européennes à Dresde, Matthias Elcke est toujours hospitalisé. Un jeune homme de 17 ans s’est rendu dimanche à la police, en affirmant être l’un des auteurs de son agression, selon Der Spiegel, qui rapporte que des milliers de personnes ont manifesté, dimanche également, sur les lieux de l’agression – certaines d’entre elles dénonçant des méthodes "comparables à celles des SA" hitlériennes, dans les années 30. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung s’alarme d’un climat rappelant la violence sous "la République de Weimar", avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir, en rappelant que les attaques visant des élus, écologistes en particulier, se sont multipliées en Allemagne, en cette année de campagne électorale.
Le magazine Die Zeit s’inquiète d’un degré d'une violence "sans précédent dans l’histoire récente" – violence dont le SPD attribue la responsabilité au parti d’extrême droite AfD, que le magazine se garde, lui, de montrer du doigt, tout en mettant en garde contre les discours sur "la prétendue guerre culturelle" qui opposerait "des élites prétendument déconnectées sur leurs vélos cargo et une population travaillant dur", qui auraient notamment fait des écologistes "les cible d'une autodéfense prétendument nécessaire". Ce discours sur la "déconnexion", réelle ou supposée des élites, nourrit ici en France le discours, entre autres, du Rassemblement national, qui se tient, désormais, "de plus en plus à distance" de l’AfD, son allié d’outre-Rhin, d’après Le Parisien/Aujourd’hui en France, qui précise que le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella ne souhaite toutefois pas "rompre complètement les liens avec une formation importante pour son groupe européen, Identité et Démocratie.
Un mot, enfin, de l’interdiction, depuis dimanche, de la chaîne qatarie Al Jazira, en Israël. The Guardian fait état des critiques des défenseurs de la liberté de la presse, qui évoquent "un jour sombre pour les médias", alors que les journalistes étrangers sont interdits par Israël d’accès à Gaza, où la guerre a déjà fait plus de 34 000 morts. Des critiques relayées par le journal israélien de gauche Haaretz, qui dénonce une "décision antidémocratique" et voit Israël "faire un pas de plus sur la pente glissante le conduisant à devenir un pays réduisant le peuple au silence".
La liberté de la presse, dont il est question aussi en Italie. La Repubblica annonce que les journalistes de la Raï, la télé publique italienne, sont en grève aujourd’hui, pour dénoncer leurs conditions de travail, mais aussi une direction de plus en plus aux ordres, selon eux, de la droite dure au pouvoir.
On ne se quitte pas là-dessus. On dit toujours qu’en France, "on n’a pas de pétrole, mais on a des idées" – une formule un peu fausse, néanmoins. Libération rapporte que le gouvernement a donné discrètement son feu vert à l’extension d’un site pétrolier en Seine-et-Marne, dans le sud de Paris. Le problème est que l’exploitation de ce puits menacerait une nappe phréatique cruciale en eau potable pour 180 000 Franciliens. Enfin, impossible de ne pas mentionner, l’arrêt, en France, de l'émission mythique "Des chiffres et des lettres". La plus vieille émission du Paf, après le Jour du seigneur, a été diffusée pour la première fois en 1972. Après 52 ans d’existence, "adieu", donc, en cinq lettres. Le compte est bon. Lu dans Le Parisien.
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