C'est le nombre d'Indiens, âgés de 18 ans et plus, qui seront appelés à voter lors de ce scrutin. À chacune des élections législatives, l'Inde bat son propre record. En 2019, 900 millions d'électeurs étaient inscrits sur les listes électorales. Parmi eux, 615 millions s'étaient effectivement déplacés pour un taux de participation de plus de 67 %, selon la commission électorale indienne.
Avec plus d'1,4 milliard d'habitants, selon les dernières estimations en 2021, dans un territoire d'une superficie de plus de 3 millions de km², soit six fois plus grand que la France et vingt fois plus peuplée, il est difficilement envisageable d'organiser ces élections législatives en une seule et même journée.
Le scrutin s'étalera donc sur 44 jours, soir plus de six semaines. Il démarrera le 19 avril et terminera le 1er juin, a annoncé la commission électorale indienne lors d'une conférence de presse le 16 mars. Tout au long de cette période, les électeurs seront appelés à voter par étapes, selon l'État ou le territoire où ils habitent. Au total, il y aura sept phases de vote : le 19 avril, le 26 avril, le 7 mai, le 13 mai, le 20 mai, le 25 mai et le 1er juin. Et pour ajouter en complexité, si certains des 29 états et sept territoires qui composent la fédération voteront en un jour, d'autres, notamment l'Uttar Pradesh, voteront en plusieurs.
Le même système électoral s'applique cependant partout : un scrutin uninominal à un tour. Chaque votant choisit un candidat parmi tous ceux qui lui sont proposés et celui qui recueille le plus de suffrages est déclaré élu.
Les résultats devraient ensuite être communiqués le 4 juin.
C'est le nombre de primo-votants qui pourront voter lors du scrutin. Un électorat crucial pour les différents partis en lice alors que 40 % de la population indienne a moins de 25 ans, selon les projections de l'ONU.
"L'Inde est fière de sa jeunesse, pleine d'enthousiasme et d'énergie. Plus nos jeunes participeront au processus électoral, plus les résultats seront bénéfiques pour le pays", a ainsi insisté le Premier ministre Narendra Modi, appelant " les influenceurs du pays", sur YouTube et Instagram, à "participer activement à la campagne et à motiver les électeurs qui votent pour la première fois."
Insistant à plusieurs reprises sur la volonté de "permettre à tous de voter", la commission électorale indienne a annoncé la mise en place de 5,5 millions de machines électroniques dans plus d'un million de bureaux de vote à travers le pays dont certains à des endroits très reculés comme les montagnes de l'Himalaya, le désert du Rajasthan ou encore les îles de l'océan Indien.
Les lois électorales indiennes exigent que chaque électeur ne vive pas éloigné de plus de deux kilomètres d'un isoloir. Des fonctionnaires doivent ainsi acheminer les bulletins de vote par tous les moyens, parfois même à dos de chameau, de mulet et ou de yak, selon les régions, pour assurer la tenue du vote.
Lors des dernières élections, en 2019, des agents électoraux ont ainsi parcouru près de 500 km à travers des routes de montagne sinueuses pour installer un bureau de vote pour un seul électeur dans l'État d'Arunachal Pradesh, situé dans le nord-est du pays, à la frontière avec la Chine, relate Reuters.
Des agents électoraux ont également installé un isoloir à 4 650 mètres d'altitude dans un village de l'Himachal Pradesh, en plein cœur de l'Himalaya, en faisant le bureau de vote le plus haut du monde.
Pour ce scrutin, 15 millions d'agents électoraux seront mobilisés, dont certains issus de multiples secteurs de la fonction publique, temporairement affectés aux bureaux de vote.
Au total, 543 sièges de la Lok Sabha, la chambre basse du parlement indien, sont mis en jeu pour un mandat de cinq ans. À cela s'ajoutent deux sièges réservés à la communauté anglo-indienne, dont les membres sont nommés par le président indien.
Dans un pays longtemps dominé par le système des castes, 84 des 543 sièges sont réservés aux candidats des castes répertoriées - c'est-à-dire les dalits (ou Intouchables), afin d'assurer leur représentativité.
En revanche, si le gouvernement indien a fait adopter en septembre un projet de loi visant à réserver un tiers des sièges aux femmes, il faudra plusieurs années avant que cette mesure ne se concrétise. Actuellement, les députées ne représentent que 15 % du Parlement.
Démocratie multipartite, l'Inde compte environ 2 660 partis politiques enregistrés. C'est ainsi plus de 8 000 candidats qui vont tenter de briguer un mandat parlementaire sous les étiquettes de ces multiples groupes. En 2019, seuls 36 partis avaient réussi à envoyer au moins un représentant à la Lok Sabha.
Mais en réalité, deux partis dominent la vie politique indienne : le nationaliste BJP de Narendra Modi, et le Parti du Congrès, principal parti d'opposition longtemps mené par la famille de Nehru Gandhi. Il prône le "sécuralisme", c'est-à-dire à la bienveillance de l'État à l'égard de toutes les religions. Pour asseoir leur influence au Parlement, chacun est à la tête de coalitions. Le BJP est ainsi la principale composante de l'Alliance Démocratique Nationale, une formation classée à droite et au centre droit, et Le Congrès est pour sa part à la tête de l'Alliance Progressiste Unie, classée au centre gauche.
En 2019, le BJP avait remporté une victoire écrasante avec 303 sièges et sa coalition, 353. Le parti du Congrès, lui, avait obtenu 52 sièges, et 91 avec ses alliés.
Si le Premier ministre Narendra Modi, 73 ans, remporte ce nouveau scrutin, il signera donc pour quinze ans à la tête de l'Inde. Or, après une décennie au pouvoir, il bénéficiait d'une opinion favorable de 80 %, selon une enquête Pew publiée l'an dernier.
L'opposition a par ailleurs été handicapée par des luttes intestines mais aussi, selon les défenseurs des droits, par des enquêtes judiciaires à caractère politique visant à bloquer tout adversaire du BJP.
Si la victoire du BJP ne fait ainsi guère de doute, les spéculations portent maintenant sur son ampleur. Les dirigeants du parti assurent publiquement qu'ils parviendront à contrôler 400 sièges sur les 543 de la chambre basse.