La Russie continue à grignoter du terrain dans l'Est ukrainien. Moscou a revendiqué, samedi 23 mars, la conquête d'un nouveau village dans un secteur important du front, près de la ville clé de Tchassiv Iar.
L'Ukraine, qui est à la peine depuis son offensive ratée de l'été 2023, manque d'hommes et d'armes et supplie les Occidentaux d'accélérer l'aide militaire, bloquée aux États-Unis et en retard du côté européen.
La prise du village d'Ivanivské annoncée par les forces russes samedi intervient au lendemain d'une attaque contre une salle de concert moscovite revendiquée par l'organisation État islamique, qui a fait 133 morts. Les autorités russes ont pour leur part évoqué une piste ukrainienne, mais n'ont pas mentionné le groupe jihadiste.
Le village ukrainien d'Ivanivské est situé entre Bakhmout, ville détruite et occupée par la Russie depuis mai 2023, et Tchassiv Iar, que Moscou veut conquérir.
Si les forces russes y parvenaient, elles pourraient intensifier leurs attaques contre Kramatorsk, grande ville du Donbass contrôlée par Kiev et visée de plus en plus souvent par des bombardements russes.
Kharkiv de nouveau prise pour cible
Plus au sud, l'armée russe avait revendiqué jeudi la prise d'un autre village près d'Avdiïvka, ville en ruine conquise en février par Moscou.
En outre, l'Ukraine et la Russie ont encore mené des attaques aériennes réciproques durant la nuit de vendredi à samedi, qui ont fait deux morts côté russe, tandis que la ville ukrainienne de Kharkiv, toujours partiellement privée d'électricité après des frappes la veille, a de nouveau été visée.
Deux civils ont été tués et sept autres blessés lors d'une attaque de drones et des frappes dans la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a indiqué le gouverneur régional.
L'Ukraine a pour sa part été visée par 34 drones explosifs Shahed, dont 31 ont pu être abattus. Quatre personnes ont été blessées à Kharkiv, une ville comptant 1,5 million d'habitants avant la guerre, près de la frontière russe.
"La matinée a été difficile", a affirmé sur Telegram le gouverneur de la région russe de Belgorod, Viatcheslav Gladkov.
Selon lui, deux districts dans sa région ont été attaqués par des drones ukrainiens. L'une de ces attaques, qui s'est produite dans le district de Tchernianski, a fait un mort civil et deux blessés.
Belgorod, la capitale régionale, a été pour sa part visée samedi matin par des frappes de roquettes, qui ont endommagé plusieurs bâtiments résidentiels. Dans un immeuble, trois balcons se sont effondrés, tuant un homme qui résidait dans un des appartements.
La région est la cible de nombreuses attaques depuis plusieurs semaines, mais elles se sont multipliées à l'approche de la présidentielle de la mi-mars, remportée par Vladimir Poutine en l'absence de toute opposition, celle-ci ayant été éradiquée par la répression.
Un besoin urgent de munitions
Kiev, confronté à l'invasion russe et des bombardements quotidiens de ses villes depuis deux ans, a promis de répliquer en portant les combats sur le sol russe.
La Russie a réagi vendredi par une escalade de ses propres frappes, tirant des dizaines de missiles et lançant des dizaines de drones explosifs pour détruire l'infrastructure énergétique ukrainienne.
La deuxième ville du pays, Kharkiv, a été plongée dans le noir vendredi et, samedi matin, encore quelque 275 000 personnes étaient privées d'électricité, selon le gouverneur Oleg Synegoubov.
La ville a cependant été attaquée une nouvelle fois dans la nuit de vendredi à samedi par des drones russes.
Un bâtiment municipal a été frappé une première fois, puis une seconde lorsque les secours arrivaient sur place. Deux secouristes et un policier ont alors été blessés. Un jeune homme de 18 ans a également été blessé, selon le gouverneur.
Dans la soirée, des habitants de Kharkiv racontaient à l'AFP avoir perdu l'habitude des coupures de courant de cette ampleur, qui ont entraîné l'arrêt de l'eau et du chauffage, car les systèmes de distribution fonctionnent à l'électricité.
"Nous sommes habitués aux bombardements, ils sont assez fréquents, (mais) il n'y avait pas eu de panne d'électricité depuis longtemps", explique Bogdan Kuriashiy, 21 ans.
L'Ukraine a connu une campagne massive de bombardements contre ses installations électriques durant l'hiver 2022 et 2023, mais cette année, ces infrastructures avaient été plutôt épargnées, du fait de défenses antiaériennes plus solides.
Les frappes de vendredi ont cependant démontré que l'Ukraine était loin d'être à l'abri et les autorités ont martelé avoir un besoin urgent de systèmes antiaériens et de munitions.
Or l'aide américaine, voulue par le président démocrate Joe Biden, est bloquée depuis des mois au Congrès par le camp républicain soutenant son prédécesseur à la Maison Blanche, Donald Trump. L'aide européenne a quant à elle pris un grand retard.
Avec AFP