
Depuis une semaine, une colonne longue de plusieurs kilomètres d'agriculteurs juchés sur leurs tracteurs fait face au barrage de la police, près du petit village de Shambhu, au nord de New Delhi, en Inde. Après l'échec d'un accord avec le gouvernement sur le prix des récoltes, le mouvement se dit prêt, mercredi 21 février, à reprendre son avancée en direction de la capitale indienne.
Ces milliers d'agriculteurs en révolte espèrent reproduire le succès du siège des autoroutes menant à la capitale, qui avait duré un an en 2021. Ce bras de fer contre une libéralisation des marchés agricoles avait poussé le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi à abandonner ses projets de réforme agricole.
"Nous vous assurons que nous allons briser les barrages", a déclaré à l'AFP l'agriculteur Jagmohan Singh, 45 ans. "Une fois que nous les aurons franchis, nous ne nous arrêterons plus qu'à Delhi."
Les syndicats agricoles réclament une loi fixant un prix minimum pour toutes les récoltes, élargissant ainsi un programme gouvernemental qui existe déjà pour les denrées de base telles que le riz et le blé.
Ils demandent aussi, entre autres concessions, l'annulation des prêts et des pensions universelles pour les agriculteurs âgés de 60 ans et plus.
Les manifestants avaient temporairement interrompu leur avancée vers Delhi la semaine dernière en attendant l'issue des négociations entre les ministres du gouvernement et les syndicats. Mais plusieurs cycles de négociations n'ont pas permis d'aboutir à une percée.
Élections nationales en vue
Jagjit Singh Dallewal, juriste agricole, a déclaré lundi à l'agence de presse Press Trust of India (PTI) que la dernière proposition du gouvernement, qui vise à étendre les garanties de prix à certaines cultures mais pas à toutes, n'était "pas dans l'intérêt des agriculteurs".
Les manifestations surviennent avant des élections nationales attendues pour avril.

En Inde, deux tiers de la population de 1,4 milliard de personnes dépend, pour vivre, de l'agriculture, qui représente près du cinquième du PIB du pays, selon des chiffres officiels. Mais depuis quelques décennies, les revenus agricoles des Indiens ont largement stagné et le secteur a un besoin aigu d'investissements et de modernisation.
La taille moyenne des exploitations reste modeste : plus de 85 % des agriculteurs possèdent moins de deux hectares de terre. Et moins d'un agriculteur sur cent possède plus de 10 hectares, selon une enquête du ministère de l'Agriculture de 2015-2016.
Les pénuries d'eau, les inondations et des conditions météorologiques irrégulières liées au changement climatique, ainsi que l'endettement, pèsent fortement sur les agriculteurs.
Plus de 300 000 d'entre eux se sont suicidés depuis les années 1990, selon les chiffres officiels, et les agriculteurs sont nombreux à déplorer un état de détresse financière constante.
Avec AFP