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Avion russe abattu : au Conseil de sécurité de l'ONU, Kiev et Moscou se rejettent la faute
Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni, jeudi soir en urgence, au lendemain du crash d'un avion militaire russe près de la frontière ukrainienne. Kiev et Moscou ont campé sur leurs positions et se sont rejetées mutuellement la responsabilité du drame.

À qui la faute ? Kiev et Moscou continuent de se rejeter mutuellement la responsabilité du crash d'un avion militaire russe près de la frontière ukrainienne dont le mystère reste entier. La Russie et l'Ukraine ont maintenu leurs versions, s'échangeant vertement des accusations, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU organisée jeudi 25 janvier, au lendemain du crash de l'appareil, qui transportait, selon les autorités russes, 65 prisonniers ukrainiens en vue d'un échange.

"Toutes les informations que nous avons aujourd'hui montrent que nous avons affaire à un crime prémédité et bien pensé", a déclaré l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU, Dmitry Polyanskiy, dont le pays avait demandé cette réunion d'urgence. Le diplomate russe a accusé les Ukrainiens d'avoir voulu "saboter la procédure" d'échange de prisonniers "de la façon la plus barbare" et d'avoir accepté de "sacrifier leurs propres citoyens pour les intérêts géopolitiques des Occidentaux".

Boucliers humains dans les airs

L'ambassadrice ukrainienne adjointe, Khrystyna Hayovyshyn, a réfuté ses accusations, affirmant que si la présence de prisonniers à bord était confirmée, la Russie devrait rendre compte d'une "nouvelle violation du droit humanitaire international". Cela serait "le premier cas d'utilisation dans les airs de boucliers humains pour couvrir le transport de missiles, a-t-elle dénoncé.

Jeudi soir, le Comité d'enquête russe, chargé de l'enquête ouverte par Moscou pour "terrorisme", a diffusé une vidéo de près de 40 secondes montrant des plans d'une zone boisée et d'un champ enneigé. Plusieurs arbres couchés et un gros morceau de tôle froissée sont visibles, mais aucun signe de l'énorme carcasse de l'avion militaire Il-76 dont la longueur atteint presque 50 mètres. Au sol, sur la neige, des débris sont difficilement identifiables. Des restes humains d'un ou deux corps, floutés, ainsi que quelques traces de sang sont visibles. L'AFP n'était dans l'immédiat pas en mesure d'identifier le lieu ou de vérifier la date du tournage de ces images.

Mercredi, un avion de transport Il-76 s'est écrasé près du village russe de Iablonovo, à 45 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine dans la région de Belgorod, tuant ses 74 occupants, selon les autorités russes. Selon elles, 65 prisonniers ukrainiens qui allaient être échangés s'y trouvaient, avec un équipage de six personnes et trois militaires russes.

Les enquêteurs russes ont répété la version avancée par Moscou, selon laquelle "l'avion a été attaqué par un missile antiaérien depuis le territoire ukrainien". Cependant, la Russie n'a apporté aucune preuve sur l'identité des passagers.

Le commissaire ukrainien aux droits humains, Dmytro Loubinets, avait appelé l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à aller "inspecter les lieux" du crash. Le CICR, se refusant à toute "spéculation", a affirmé "ne pas savoir ce qu'il s'est passé".

Kiev n'a pas confirmé avoir abattu l'avion, mais a souligné sa volonté de continuer à viser des cibles militaires en territoire russe. Et le renseignement militaire ukrainien (GUR) a insisté sur le manque "d'informations fiables et complètes" concernant les passagers de l'avion. Le président Volodymyr Zelensky a demandé une enquête internationale.

Russie "responsable"

Le commissaire ukrainien aux droits humains a relevé que la Russie était dans tous les cas "responsable de la sécurité" des détenus, selon la Convention de Genève. Kiev reconnaît qu'un échange de prisonniers était prévu, mais assure n'avoir "pas été informé" de la nécessité de sécuriser l'espace aérien dans la zone du crash.

Jeudi, les services spéciaux du pays (SBU) ont annoncé ouvrir une enquête sur le crash, mais toute investigation semble difficile, l'appareil se trouvant en territoire russe. Les enquêteurs russes ont récupéré deux boîtes noires, a rapporté l'agence d'État Ria Novosti, citant une source au sein des services d'urgence.

Signe de l'incertitude et des nombreuses interrogations, les réactions internationales ont été plutôt rares. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a dit ne pas être "en mesure de dire si les assertions russes sont vraies ou pas". "La Russie nous a habitués à mentir sur ces sujets", a-t-il ajouté.

Avec AFP