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En Équateur, le procureur enquêtant sur la prise d'otages sur un plateau télévisé a été assassiné
Le parquet général de l'Équateur a annoncé, mercredi, l'assassinat du procureur César Suarez, chargé de la lutte contre le crime organisé dans la province de Guayas. Il enquêtait sur la prise d'otages qui s'est déroulée dans les locaux d'une télévision à Guayaquil la semaine dernière.

César Suarez, le procureur chargé de l'enquête sur l'irruption d'hommes armés en direct sur le plateau d'une chaîne de télévision publique équatorienne le 9 janvier, prenant brièvement en otage des journalistes et d'autres employés, a été assassiné, a annoncé mercredi 17 janvier le parquet.

Selon ce dernier, le procureur assassiné était en charge de déterminer quel gang avait mené cet assaut.

Les médias locaux ont diffusé des images de la voiture du procureur comportant plusieurs impacts de balles au niveau de la fenêtre du conducteur.

"En réponse au meurtre de notre collègue César Suarez (...), je serai catégorique : les groupes du crime organisé, les criminels et les terroristes n'arrêteront pas notre engagement envers la société équatorienne", a déclaré la procureure générale Diana Salazar dans une vidéo postée sur X.

Cuando se unen la corrupción y el narcotráfico, tenemos un verdadero cáncer en la sociedad. Este caso nos recuerda que no podemos darnos por vencidos y que entre todos podemos rescatar al país de las manos de la criminalidad. ¡No permitiremos la impunidad! https://t.co/m0lz7msvg3 https://t.co/MuzHGDfVnI

— Diana Salazar M. (@DianaSalazarM2) December 14, 2023

Un pays sous le choc

La semaine dernière, l'irruption en direct d'hommes lourdement armés, encagoulés, plaquant au sol sous la menace journalistes et employés de la chaîne TC à Guayaquil (province de Guayas, sud-ouest), avait choqué le pays confronté à une vague de violence déclenchée par les gangs de narcotrafiquants.

Au milieu des coups de feu, la diffusion de ces images surréalistes s'est poursuivie en direct pendant de longues minutes, malgré l'extinction des lumières sur le plateau et une caméra figée. Jusqu'à apparemment l'intervention des forces de l'ordre aux cris de "Police, police".

Treize assaillants avaient été arrêtés, sans faire de victime, et leurs visages présentés devant la presse quelques jours plus tard.

Cet assaut sur un plateau de télévision est survenu peu après l'évasion du redouté chef du gang des Choneros, Adolfo Macias, alias "Fito", point de départ d'un nouvel épisode de violence dans le pays rongé par le narcotrafic. Plusieurs mutineries et prises d'otages de gardiens ont touché diverses prisons, relayées par d'effrayantes vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant les captifs menacés par les couteaux de détenus masqués.

Les gangs ont semé la terreur dans les rues du pays avant l'envoi de plus de 20 000 militaires pour rétablir l'ordre, le président équatorien Daniel Noboa ayant décrété le pays "en guerre". Plus de 200 fonctionnaires de l'administration pénitentiaire otages de mutins ont été libérés. Les violences dans le pays ont fait au moins 19 morts.

Menaces de mort

Les procureurs sont sous la menace de la vingtaine d'organisations criminelles qui opèrent en Équateur, naguère havre de paix, ravagé par la violence après être devenu le principal point d'exportation de la cocaïne produite dans les États voisins que sont le Pérou et la Colombie.

En juin, le procureur Leonardo Palacios a été tué par des hommes armés dans la ville de Duran, voisine de Guayaquil.

Diana Salazar a fait état de menaces directes de mort de la part de Los Lobos, l'une des principales organisations criminelles, dont le chef, Fabricio Colon Picole, s'est également échappé de prison la semaine dernière.

La justice équatorienne s'attaque aux criminels mais aussi à la corruption liée au narcotrafic, qui a gangrené jusqu'aux arcanes de l'État.

L'affaire dite "Metastasis", "la plus grande de l'histoire contre la corruption et le trafic de drogue" en Équateur, selon la procureure, a mis au jour en fin d'année dernière une "structure criminelle" impliquant des procureurs, des responsables pénitentiaires et des policiers "dont l'objectif était d'obtenir l'impunité et la liberté des personnes poursuivies ou condamnées" ainsi que d'introduire des objets interdits en prison.

Avec AFP