La Corée du Nord se targue d'un nouveau succès militaire. Le pays a annoncé, lundi 15 janvier, avoir réussi un tir de missile balistique de portée intermédiaire à combustible solide, confirmant une information donnée la veille par la Corée du Sud.
Les chefs d'état-major interarmées sud-coréen avaient annoncé avoir "détecté un missile balistique, de portée intermédiaire présumée, lancé depuis la région de Pyongyang vers la mer de l'Est dimanche vers 14 h 55 (5 h 55 GMT)", faisant référence à une zone également connue sous le nom de mer du Japon.
Ce missile à combustible solide était "chargé d'une ogive hypersonique et manœuvrable", selon l'agence de presse d'État nord-coréenne KCNA.
L'essai était destiné à "vérifier les capacités de vol plané et de maniabilité" ainsi que "la fiabilité du nouveau moteur à combustible solide à poussée élevée et à étages multiples nouvellement développés", a expliqué KCNA.
L'agence a affirmé que ce lancement, le premier rapporté par Pyongyang depuis le début de l'année, "n'a jamais affecté la sécurité d'un pays voisin et n'a rien à voir avec la situation régionale".
"Une provocation claire", selon Séoul
Le ministère sud-coréen de la Défense a condamné ce lancement et affirmé qu'il entraînera une "réponse écrasante" en cas de "provocation directe" de Pyongyang.
"Ce comportement de la Corée du Nord est une provocation claire qui viole les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisant l'utilisation de la technologie des missiles balistiques, nous lançons une mise en garde sévère et demandons instamment à la Corée du Nord d'arrêter immédiatement", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Les missiles à combustible solide sont plus faciles à dissimuler et plus rapides à lancer, tandis que les missiles hypersoniques peuvent en général être manœuvrés en vol pour mieux atteindre leurs cibles. Ces deux technologies figurent depuis longtemps sur la liste des technologies d'armement que souhaite maîtriser Kim Jong-un.
Le dernier missile lancé par la Corée du Nord, le 18 décembre, était un missile de classe ICBM à combustible solide Hwasong-18, le plus avancé dont elle dispose, tiré dans la mer du Japon.
Durcissement du ton de Kim Jong-un
Ce nouveau tir intervient après que la Corée du Nord a effectué, début janvier, des exercices d'artillerie avec des munitions réelles sur sa côte occidentale, près d'îles sud-coréennes dont la population civile a été appelée à se mettre à l'abri.
Mercredi, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a décrit la Corée du Sud comme le "principal ennemi" du pays. "Le moment historique est enfin venu où nous devrions définir [la Corée du Sud] comme l'État le plus hostile à la [Corée du Nord]", a assuré Kim Jong-un, qualifiant la Corée du Sud de "principal ennemi" de Pyongyang.
Ces commentaires marquent un changement de ton dans la politique nord-coréenne et laissent présager que Pyongyang adoptera à l'avenir une position plus dure, selon des analystes.
Fin décembre, Kim Jong-un a ordonné l'accélération des préparatifs militaires en vue d'une "guerre" pouvant "être déclenchée à tout moment". Il a dénoncé une "situation de crise persistante et incontrôlable", selon lui déclenchée par Séoul et Washington avec leurs exercices militaires conjoints dans la région.
Un rapprochement entre Pyongyang et Moscou
Pyongyang a réussi l'année dernière à mettre en orbite un satellite espion, après avoir reçu, selon la Corée du Sud, une aide technologique russe, en échange de livraisons d'armes pour la guerre que mène Moscou en Ukraine.
La Russie et la Corée du Nord, alliés de longue date, affichent un rapprochement depuis le voyage du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un dans l'Extrême-Orient russe en septembre 2023 pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine.
KCNA a indiqué dimanche que le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Choe Son Hui se rendrait en Russie la semaine prochaine, à l'invitation de son homologue russe Sergueï Lavrov.
Pour Leif-Eric Easley, professeur à l'université sud-coréenne d'Ewha, le dernier lancement de missile est "plus qu'un simple test", compte tenu du contexte dans lequel il s'est produit. "Cela survient immédiatement après que le régime de Kim a intensifié ses propos belliqueux à l'égard de la Corée du Sud et juste avant que le ministre des Affaires étrangères de la Corée du Nord ne se rende en Russie."
"La démonstration de force de Pyongyang devrait inquiéter au-delà de Séoul, dans la mesure où sa coopération militaire avec Moscou ajoute à la violence en Ukraine et parce que [le régime nord-coréen] pourrait être plus disposé à défier les États-Unis et ses alliés au moment où l'attention du monde est tournée vers le Moyen-Orient" du fait de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Avec AFP