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Les jeunes européens sont-ils devenus pantouflards ?
Il fut un temps où la mythique fièvre du samedi soir s’emparait de la jeunesse. Mais depuis quelques années, la boule à facettes et les stroboscopes ne font plus rêver les moins de 30 ans. Alors que s’est-il passé ces dernières décennies pour que les jeunes se désintéressent de la piste de danse ?

C’est désormais un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître : la boîte de nuit à minuit. Si on en croit les statistiques, les jeunes sont de moins en moins nombreux à sortir en discothèque. En France, le nombre de boîtes de nuit a chuté de 70 %. Il y a 40 ans, on en comptait 4 000, aujourd’hui elles ne sont plus que 1 200. 

En Allemagne aussi, le nombre de discothèques a diminué au profit des bars. Et, selon une étude menée par une plateforme britannique d’organisation d'événements musicaux, Keep Hush, seuls 25 % de la génération Z disent encore sortir en boîte. Et cette tendance à déserter les établissements de nuit date de bien avant la crise du Covid-19…

Loin d’être anecdotique, le coup de mou dont souffre le noctambulisme est devenu un sujet d’études sociologiques. Jérémie Peltier, directeur des études de la Fondation Jean-Jaurès, y a consacré un essai au titre faussement interrogateur : “La fête est finie ?”. Et on ne compte plus le nombre d’articles se penchant sur les nouvelles habitudes de ce qu’on désigne comme la "génération indoor" ou "génération cocon". En gros, une génération repliée sur elle-même qui préfère rester chez elle en petit comité pour regarder des séries, jouer aux jeux vidéo ou de société.

Alors cela signifie-t-il que les jeunes Européen·nes ne savent plus faire la fête ? Pas vraiment. 

Les festivals, l’esprit originelle de la fête

Car il y a encore une manifestation qui reste très prisée des moins de 30 ans : le festival.

Rien qu’en France, entre 6 000 et 8 000 festivals sont organisés chaque année, selon le ministère de la Culture.  

D'ailleurs, le festival renoue avec ce que la fête semble avoir perdu au fil des ans : l’exceptionnalité. Aujourd’hui, la “bamboche” n’est plus un événement sacralisé et hors du temps, mais un moment qui s’invite à toute heure, en tout lieu : après le boulot, pendant le boulot, dans les centres commerciaux, les cours d’immeuble...

Or le festival, c’est à une date donnée dans l’année (souvent aux beaux jours), se déroule sur du temps long (au moins le temps d’un week-end) et cela permet de voir plusieurs concerts pour le prix d’un billet. Bref, si les jeunes font moins la fête, c’est qu’ils veulent aussi mieux la faire. 

C’est dans ce sens, par exemple, que l’association Consentis et le collectif Au-delà de la nuit ont lancé en novembre dernier “Le manifeste pour réinventer la nuit” dont l’objectif est de sensibiliser aux violences sexistes et sexuelles qui, dans bien des établissements, continuent de gâcher la fête. “Les violences ne s'arrêtent pas aux portes des milieux festifs et c'est important de faire du monde de la nuit un vrai espace de libération pour tous et toutes, estime Julie Lalloué, coordinatrice au sein de Consentis. L'organisme dispense des formations afin d’aider les établissements “à sécuriser leurs événements, anticiper les violences et faire en sorte qu'elles soient bien traitées quand elles surviennent”.

Culture nomade

Vouloir changer les habitudes nocturnes n’a rien de nouveau. La fête a toujours évolué et essayé de trouver des formes nouvelles d'expression, plus marginales, plus alternatives. Comme l’esprit techno berlinois qui a explosé au lendemain de la chute du Mur, la Movida madrilène et ses fêtes punk en période post-franquiste ou encore les rave-parties en Angleterre. Autant de petites révolutions festives qui ont fini par être absorbées par la culture dominante et devenir la “norme”.

On retiendra des années 2010 et 2020 qu’elles ont vu émerger une culture nomade moins attachée à un lieu qu’à un concept. On va moins en boîte mais on suit davantage un collectif, comme Concrete qui, en 2013, bouscula les nuits parisiennes en organisant des soirées dans des lieux à chaque fois différents. Depuis, l’idée a fait des émules et continuent aujourd’hui d’attirer un public, à l’image de Habibi Funk qui se déplace de résidence en résidence pour faire découvrir des artistes du monde arabe ou encore Planète Mars qui organise des tremplins et scènes rap un peu partout à Marseille. 

Et dans 10 ans, les jeunes feront la fête sûrement différemment. Peut-être dans les boîtes de nuit que la génération précédente aura injustement boudées.

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