Thaksin Shinawatra, qui a dirigé la Thaïlande de 2001 à 2006, va bénéficier d'une remise en liberté conditionnelle après six mois de détention, a annoncé l'actuel chef du gouvernement, Srettha Thavisin. L'ancien Premier ministre avait fait son retour dans le royaume en août après quinze ans d'exil.
Thaksin Shinawatra, l'ancien Premier ministre de la Thaïlande, va être remis en liberté conditionnelle, après six mois de détention dans une prison puis un hôpital, qu'il pourrait quitter dès le week-end prochain, a indiqué mardi 13 février l'actuel chef du gouvernement, Srettha Thavisin, mettant en exergue les services à la nation rendus par le milliardaire controversé.
"Thaksin a été Premier ministre pendant de nombreuses années et a fait beaucoup de bonnes choses pour le pays pendant longtemps. Après sa sortie, il deviendra un citoyen normal", a déclaré le Premier ministre devant des journalistes.
Le milliardaire âgé de 74 ans "figure dans le groupe des prisonniers (libérés) en condition critique ou âgés de plus de 70 ans", avait indiqué plus tôt le ministre de la Justice. "Environ 930 prisonniers, dont lui, verront la suspension de leur condamnation (...). Il sera libéré de manière automatique après six mois" d'emprisonnement, avait ajouté Tawee Sodsong.
De retour dans le royaume en août après quinze ans d'exil pour échapper à plusieurs condamnations pour corruption et abus de pouvoir, Thaksin Shinawatra a bénéficié d'une grâce royale qui a permis de réduire sa peine d'emprisonnement de huit à un an.
Il a passé quelques heures en prison avant d'être transféré dans un hôpital de la police, à Bangkok, en raison de problèmes de santé, qui ont nécessité au moins deux opérations chirurgicales ces derniers mois.
Les détails ne sont pas encore connus, mais il pourrait avoir à porter un bracelet électronique, ou à limiter ses voyages, selon un expert interrogé par l'AFP. Des médias thaïlandais ont assuré que sa libération pourrait intervenir dès samedi, ou les jours suivants.
Le moment choisi pour cette annonce a interrogé les experts autour d'un accord secret entre le clan Shinawatra et ses anciens adversaires militaires et royalistes, qui permettrait à ces derniers de se maintenir au pouvoir en dépit d'une claque aux législatives de 2023.
Personnage central en Thaïlande
Thaksin Shinawatra est un personnage central de la vie politique thaïlandaise depuis plus de 20 ans. Ses politiques, jugées populistes par ses détracteurs, ont contribué à diviser le pays entre ses soutiens issus des campagnes, les "chemises rouges", et ses adversaires royalistes conservateurs, les "chemises jaunes".
L'ancien policier qui a fait fortune dans les télécoms a dirigé le pays de 2001 à 2006, avant d'être chassé du pouvoir par un coup d'État de l'armée dont il était la bête noire – un an après une réélection triomphale.
Après 15 années à l'étranger pour échapper à plusieurs condamnations pour corruption et abus de pouvoir, il est rentré au royaume le 22 août dernier.
Depuis l'étranger, le milliardaire a toutefois continué à exercer une influence à travers sa famille et son mouvement politique. Sa sœur, Yingluck Shinawatra, a notamment été Première ministre de 2011 à 2014, avant un nouveau coup d'État.
Sa fille, Paetongtarn Shinawatra, occupe aujourd'hui la tête du parti Pheu Thai, et son nom revient souvent pour succéder à l'actuel chef du gouvernement, Srettha Thavisin, si jamais celui-ci venait à perdre le soutien de son bloc hétéroclite.
Thaksin Shinawatra fait également l'objet d'accusations de lèse-majesté pour des propos tenus en 2015 à l'étranger, mais la justice thaïlandaise n'a pas encore décidé des suites à donner à cette affaire.
L'homme d'affaires a nié les accusations et a demandé au procureur général un traitement équitable.
Avec AFP et Reuters